samedi 24 mars 2007 par Le Nouveau Réveil

Il y a plus de 3 ans, Guy André Kieffer disparaissait en Côte d'Ivoire. Hier, son épouse Osange Kieffer a accordé une interview à RFI.


Le 16 avril, cela fera 3 ans que Guy André a disparu. Est-ce que vous avez encore un espoir ?
Moi, je persiste à dire que tant qu'on ne me présente pas le cadavre de mon époux, je me refuse à croire qu'il est mort. Si mon époux est mort, je ferai mon deuil, mais ce serait bien qu'on fasse un deuil normal. S'il n'est pas mort, moi, je ne voudrais pas qu'il croit, s'il est quelque part enchaîné, qu'on le croit mort.

Le juge Ramaël a mené une enquête longue, difficile et minutieuse. Où en est l'enquête pour ce que vous savez ?
Il est vrai que l'enquête avance. Il est des moments où il ne se passe rien. Tout est bloqué. On passe beaucoup de temps à essayer de débloquer la situation, à essayer de faire pression pour que le juge puisse entendre des témoins. Et puis, à d'autres moments, on est un peu dans l'euphorie. On a une info qui semble être superbe et puis on se dit maintenant, c'est sûr qu'on va arriver à quelque chose. Et puis souvent, c'est de la manip.

Vous avez reproché à la classe politique française, notamment à ses dirigeants, de polluer un peu le dossier, d'empêcher l'enquête. Est-ce que vous pensez que l'Elysée, Matignon, continuent de tout faire pour que la vérité n'émerge pas ?
Il est vrai qu'au début, on a eu un long handicap puisqu'il y a eu une campagne de diffamation sur Guy André Kieffer, qui a été orchestrée depuis l'ambassade de France en Côte d'Ivoire. Il est vrai que j'ai été assez sévère envers M. Barnier. On avait l'impression que rien n'était fait, qu'on était abandonné. D'ailleurs, M. Chirac va quitter l'Elysée bientôt. Il n'a jamais répondu à deux courriers de Robert Menard et moi-même. Nous voulions être reçus pour lui parler du dossier. Depuis 3 ans, on n'a jamais senti que le gouvernement français nous soutenait vraiment dans cette affaire.

Est-ce que vous pensez que le changement de président en France pourrait faire avancer les choses ?
En tout cas, je pense que si on a un gouvernement qui veut changer les relations, je pense que oui. On a un espoir que cette situation s'améliore un peu.

Est-ce que la clé ne se trouve pas à Abidjan entre les mains du Président Gbagbo ?
Je pense que la clé de l'affaire Guy André Kieffer se trouve à la fois en Côte d'Ivoire et en France.

On sait que le premier cercle de Laurent Gbagbo est impliqué dans cette affaire. Est-ce que vous pensez que le Président ivoirien est lui-même personnellement impliqué ?
Effectivement, moi, quand je suis allée en Côte d'Ivoire, j'ai rencontré M. Gbagbo qui m'a dit la main sur le c?ur : " Je ne suis pour rien dans l'enlèvement de ton époux. Je ferai tout mon possible pour le retrouver ". Moi, je l'ai cru parce que quand Laurent Gbagbo était dans l'opposition et qu'il avait besoin de soutien, moi j'étais là. Au fur et à mesure que le temps passe et que M. Gbagbo fait la main mise sur la Côte d' Ivoire, on n'arrive pas à retrouver Guy André. On est obligée de constater qu'il ne veut pas retrouver Guy André. Et je suis obligée de me poser la question qui en dépend, c'est : pourquoi ? Est-ce qu'il a peur que les témoins parlent pour que quand le juge veut interroger Michel Légré, Gbagbo dépêche son neveu avocat ? Pourquoi ?
Propos retranscrits par
Prince Béganssou

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