lundi 26 mars 2007 par Le Nouveau Réveil

Bonjour cher ami Charles,
Comme je te l'ai dit jeudi, je suis à Ouagadougou depuis vendredi à 13h GMT. Soit 24h seulement après l'inauguration du siège social du groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire, le GEPCI, que j'ai la lourde responsabilité de diriger. Après une débauche d'énergie physique et intellectuelle, j'avais besoin d'un repos tout le week-end, mais au finish, je me suis résolu à effectuer le voyage de Ouagadougou. M'invitant presque dans le "DDO", le dialogue direct de ouagadougou. Pas en tant qu'acteur, mais en tant que journaliste observateur. En tant que reporter ou si tu veux en tant qu'envoyé spécial de "Le Nouveau Réveil", remplaçant ainsi mon jeune frère et collaborateur bien dévoué Yves Maurice Depry Albert qui a passé presque trois semaines ici à Ouaga. Et qui, comme les reporters présents ici, a subi la presque "méchanceté" des acteurs du "DDO" qui ont décidé tous ici d'adopter une même attitude : ne lâcher aucun mot aux journalistes. Ceux-ci, m'a-t-on dit, ont protesté vivement et ont même menacé de saisir Reporters sans frontière parce que ne comprenant pas qu'ils soient invités à couvrir des pourparlers politiques aussi importants et que pendant plus de deux semaines, ils n'ont fait que "squatter" dans le grand hall du splendide hôtel Libya à Ouaga sans aucune information. C'est la méthode Compaoré?, leur répond-on. Et eux de répondre à leurs interlocuteurs que cette méthode Compaoré? joue contre le liberté de presse des autres. Bref, c'est dire qu'ici, à la différence des autres sommets sur la crise Ivoirienne, les scoops constituent des denrées rares. Mais l'expérience et le carnet d'adresses aidant, tu peux compter sur moi pour savoir réellement ce qui se passe ici à Ouagadougou. A défaut de te donner exactement et dans les moindres détails ce que les parties présentes se sont dit, tu sauras au moins dans les grandes lignes ce dont elles ont parlé ! C'est promis et tu ne seras point déçu. Pour avoir suivi tous les sommets sur la crise Ivoirienne (Accra III, Marcoussis, Kléber, Pretoria I, Pretoria II, New York) j'ai au moins l'expérience et la petite technique pour savoir ce qu'il faut te dire tous les jours sans passion et surtout sans t'induire en erreur.
Cher ami Charles,
Ma présence ici à Ouagadougou a surpris certains confrères et traduit, selon eux, les enjeux de ce dernier round. J'ai expliqué aux uns et aux autres que j'ai suivi tous les autres sommets et qu'il n'y avait vraiment pas de raison particulière à ce que je ne suive pas celui de Ouaga. Qui, à tout point de vue, constitue un tournant décisif. Pour l'avenir de la Côte d'Ivoire. Parce qu'apparemment, bien apparemment, les deux parties belligérantes semblent âtre résolues à appliquer les décisions qui seront prises ici. Tendons-nous vers la fin de cette crise militaro-politique ? Les discussions qui commencent ce lundi sur le cadre institutionnel de l'accord de Ouaga nous le diront. Un cadre institutionnel qui promet bien de bouleversements au plan politique que social et économique. Pour tout dire, de grandes décisions vont tomber ici. Et elles seront presqu'imposées aux Ivoiriens par Ouaga, par la CEDEAO, par l'UA et par l'ONU (lire mon papier principal ci-contre). Bref, à mes confrères qui sont bien curieux de ma présence ici, j'ai répondu que le Kah Zion présent à Ouagadougou est le journaliste reporter qui se prépare surtout à sortir un livre sur les différents sommets de la crise Ivoirienne. Tous les non-dits, des images jamais vues. Car j'ai vu et entendu beaucoup de choses. J'ai été témoin de scènes parfois cocasses et révoltantes. Des scènes de traîtrise et surtout comment les politiciens trahissent le peuple. D'Accra III à Ouaga, en passant par Kléber, Marcoussis, Pretoria I et II et New York, ce ne sont pas des potins et des faits divers politiques qui marqueront dans ce chef d'oeuvre politique que je m'active à faire paraître après celui de mon collaborateur et voisin de cellule de prison de la brigade de recherches de la gendarmerie d'Abidjan, André Silver Konan. Son ouvrage intitulé "l'opposant historique" sera bientôt en librairie.
ami Charles,
Je terminerai cette lettre du jour par te dire que franchement, ici à Ouagadougou, il fait extrêmement chaud (la température dans la journée oscille entre 42 et 47°). La nuit, elle tombe à 38°. Une chaleur insupportable. Elle déshydrate et par conséquent fait boire beaucoup d'eau à tous. Le temps est très très chaud, et sur le plan politique (sommet Ivoiro-Ivoirien) tout est également chaud. Même si les acteurs politiques ne se regardent pas en chiens de faïence, chaque camp reste méfiant et sur ses gardes. Même si dans l'ensemble, tout le monde donne Gbagbo gagnant de ce dialogue direct, et l'actuel premier ministre Charles Konan Banny (ton homonyme) partant, car devant céder son fauteuil à Soro Kigbafori Guillaume. Telle est la volonté du trio Compaoré- Gbagbo-Kadhaffi. L'opposition Ivoirienne le sait. L'ONU le sait et Banny lui-même le sait également depuis quelques jours. Banny part, pas faute d'avoir essayé ou démontré sa volonté de sortir la Côte d'Ivoire de cette crise qui dure depuis 2002, mais il a été victime d'une double conspiration politique. Aussi bien au plan national qu'international. Qui l'a trahi ou qui sont ceux qui l'ont trahi ? Je te le dirai dans mes prochaines lettres. A demain donc, si Dieu le veut.

Ton ami Kah Zion
à Ouagadougou

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