jeudi 29 mars 2007 par Le Nouveau Réveil

L'information a soulevé beaucoup de polémique et entraîné beaucoup de commentaires. Il y a quelques jours, le lieutenant-colonel Christian Rascle, porte-parole de la Licorne, a annoncé la réarticulation des éléments basés à l'Ouest, notamment à Bangolo et à Man. Cela signifie-t-il que la Licorne va "déguerpir" du pays ? Hier, sur les antennes de ONUCI-FM, le général Antoine Lecerf a recentré le débat. Mon général, qu'est-ce qu'une réarticulation au plan militaire. Qu'est ce que vous mettez dans ce mot ?
C'est simplement la fin d'une analyse sur le terrain. Une analyse qui ne date pas de maintenant mais de l'été dernier. Et qui est le constat que la belligérance, c'est-à-dire la reprise des affrontements n'a plus de sens aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Pour nous, politiquement et militairement, c'est complètement dépassé. C'est dire que la zone de confiance qui a été créée en 2003 n'a plus sa raison d'être. Avec le général Amoussou (NDLR, commandant de la force ONUCI) on a commencé à parler de l'aménagement de la zone de confiance au mois d'avril 2006. On ne disait pas le mot suppression. On disait qu'il fallait étendre la zone de confiance à l'ensemble du territoire ivoirien, à l'idée que partout sur le territoire ivoirien, les gens reprennent confiance. Cette idée était reprise par les politiques ivoiriens. Donc dès cette époque là, nous nous sommes demandé si c'est le dispositif des soldats français qu'il fallait pour accompagner le processus de paix qui était déjà en cours à cette époque-là. Je rappelle qu'en juillet-août, on parlait de la reprise des audiences foraines, de désarmement. Et il nous semblait, plutôt que d'avoir un dispositif avec plusieurs postes () il fallait au contraire diminuer ce nombre de postes pour être en mesure d'accompagner le processus dans toutes ses facettes sur l'ensemble du territoire ivoirien. Donc, ce qu'il fallait, c'était de diminuer l'empreinte au sol et de gagner la mobilité. Donc la réacticulation de Licorne qui va se traduire maintenant dans les faits, est une analyse ancienne et c'est un constat qui a été fait d'ailleurs avec l'ONUCI. Il s'agit de trouver comment s'organiser de façon à être le plus disponible possible pour accompagner le processus. Cela n'a rien à avoir avec l'accord politique de Ouagadougou. Mais cela tombe au bon moment. Et donc la Licorne va se réorganiser de façon à avoir un point central qui est la zone Bouaké-Yamoussoukro-Toumbokro, une grande base avec des moyens réels permettant d'assurer et de travailler au plus près avec les camarades de l'ONUCI, de pouvoir les appuyer, dans leurs actions. En fait, c'est d'être censé appuyer le peuple ivoirien dans sa marche vers la paix. Et bien sûr aider nos camarades des FDS. Pure coïncidence donc entre cette réarticulation et les accords de Ouaga. Quand cette réacticulation va-t-elle démarrer et comment cela va se dérouler sur le terrain ?
Cela va démarrer à la mi-avril. Elle va se terminer à la mi-mai. Avec deux actions. D'abord un recentrage des bases, c'est-à-dire des lieux où les gens habitent, vivent, se reposent, etc. sur le triangle Yamoussoukro Toumbokro-Bouaké. Et la constitution d'un GTIA (Groupement tactique inter armés). Donc, il y a des gens qui sont dans la zone ouest qui vont rejoindre ce GTIA. Ceux qui ne sont pas nécessaires pour le moment, repartiront en France. Quant à la sécurité des populations dans la zone de confiance, il n'y aura aucun changement. Puisqu'il y aura des casques bleus, et des bérets bleus sombres, des bérets verts, et des bérets rouges de Licorne qui vont toujours travailler ensemble sur l'ensemble du territoire ivoirien. Il est bien sûr évident qu'avec la mise en place de la zone verte, nous serons toujours là pour appuyer cette démarche essentielle pour qu'il n'y ait plus aucune entrave à la liberté de circulation des personnes et des biens. Dans un processus de crise comme celui-là qui est essentiellement politique et surtout sécuritaire, on a besoin de signes très forts.
Cette réarticulation émane-t-elle du conseil de Sécurité de l'ONU ou est-elle votre initiative ?
C'est une autre résolution, la 1539 qui fixe le mandat des Forces impartiales. Moi j'ai toujours détesté les chefs qui tournent à gauche et à droite, () L'ONU dont nous sommes sous le mandat nous donne une mission, mais nous avons une totale liberté de nous organiser pour remplir cette mission. S'il y a par exemple une unité de nos camarades de l'ONUCI qui est en difficulté, c'est en une heure que la Force Licorne arrive. Et on a les moyens de faire cela sur l'ensemble du territoire puisque nous avons aussi des avions. Donc ce que nous faisons, c'est dans le cadre de la mission qui est la nôtre. Avec la suppression de la zone de confiance, nous nous mettons dans une organisation qui nous permettra de remplir encore mieux le contrat opérationnel qui nous a été donné par la mission de l'ONUCI. Le GTIA qui va s'établir à Bouaké-Yamoussoukro aura-t-il cette flexibilité de se rendre à Man et de revenir ?
Il aura une totale flexibilité. Parce que les soldats de la Licorne sont un peu comme une torture. Ils ont leur maison sur le dos. Ils sont capables de vivre n'importe où, n'importe quand et n'importe comment. Il y aura aussi les moyens. C'est quand même la plus grande opération française à l'extérieur du territoire national. C'est l'opération qui a le plus de moyens aériens. Et ce sont les moyens aériens qu'il y a de plus sensible à l'heure actuelle. Combien d'éléments vont-ils quitter la Côte d'Ivoire pour la France ?
La Licorne sera toujours la première opération française à l'extérieur du territoire national. () Je ne connais pas le nombre exact mais je crois qu'ils doivent être à peu près 400.

Propos recueillis sur ONUCI-FM par
Yves M. Abiet

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023