M. le délégué de Yopougon Niangon, le dimanche 25 mars, vous avez invité les militants à un cocktail. Et à cette occasion, vous avez appelé vos collègues délégués à taire les querelles de personne. A travers cet appel, les militants ont perçu qu'il y a problème à Yopougon. Dites-nous concrètement ce qui se passe.
Merci. Effectivement, j'ai eu aussi la même réflexion que les militants. Pour dire qu'on peut penser effectivement qu'il y a problème. Au fait, la réception qui a eu lieu le 25 mars n'a pas été improvisée. Je ne l'ai pas non plus faite en dehors du mouvement que nous avons initié à Yopougon et qui est d'encadrer les militants. Quand je suis revenu de France, j'ai reçu les responsables de base de Yopougon Niangon. Et je leur ai dit que je devrais recevoir tous les autres secrétaires généraux de section. Les présidentes UFPDCI et les coordonnateurs JPDCI. Et j'ai informé mes amis délégués. Les trois délégués ont été informés avant que je ne lance les invitations. Chacun d'eux m'a donné son accord. J'ai été surpris de ne pas les voir à mes côtés. Donc j'imagine que c'est parce qu'il y a problème. J'ai interpellé les autres délégués parce que vous avez vu le meeting qu'a organisé le président KKB. Il y avait vingt (20) bâches pour toutes les délégations de Yopougon, mais les vingt bâches n'ont pas fait le plein. Ce n'est pas normal. C'est vraiment inadmissible. Parce que chaque délégation ne compte pas moins de vingt mille militants. Et le PDCI ne peut pas perdre tous ses militants en l'espace de deux mois. Quand on sait qu'à l'investiture des jeunes, il y avait soixante (60) bâches et toutes les bâches étaient pleines. Effectivement, il y a problème à Yopougon. Il faut que je vous le dise. Quand je suis arrivé à Yopougon après la désignation des délégués, j'ai pris l'initiative sur moi de demander à mes amis délégués de se joindre à moi pour remercier les militants de base. Nous avons décidé que chacun convoque les membres de sa délégation pour les remercier. Jusque-là, tout marchait bien entre mes collègues délégués et moi. Jusqu'au jour où j'ai vu que mes amis avaient d'autres coordonnateurs de la JPDCI que ceux qui ont été nommés au complexe sportif par KKB. KKB a nommé quatre coordonnateurs pour les quatre délégations de Yopougon. Après un an, les autres délégués ont refusé de travailler avec les jeunes qui ont été nommés. En l'occurrence le délégué de Yopougon-centre et celui de Toits-rouges. J'ai convoqué une réunion un jour à mon bureau pour parler de la convention avec les autres amis. Et ils ont profité pour me dire qu'ils n'étaient pas prêts à travailler avec les jeunes nommés par KKB. Je leur ai dit, :vous dites que le président KKB ne vous a pas consultés avant de les nommer. Ça fait mal c'est vrai. Mais puisqu'il a déjà nommé les jeunes gens, je vous demande de travailler avec eux et on verra sur le terrain. Si vous pensez qu'ils ne font pas le travail, vous aviserez. Donc je vous demande de reconsidérer vos positions parce que ça ne va pas faire avancer le parti. Et j'ai expliqué à mes collègues qu'en politique, il y a des choses qui font mal mais qu'on pardonne pour l'intérêt du parti?. je pensais que mes amis m'avaient compris. Mais depuis, ils continuent d'entretenir deux groupes de jeunes. Même à la convention, il y avait deux listes. Les délégués avaient la liste de la JPDCI et les coordonnateurs avaient eux aussi leur liste. Ce jour-là encore, j'ai interpellé mes amis. La veille, Adama Karamoko nous a convoqués à une réunion dans son bureau et j'ai demandé à chacun de nous dire à peu près comment il avait préparé la convention. A ma grande surprise, Yobou dit qu'il a refait les bureaux des sous comités de la JPDCI. Je lui ai dit que ce n'est pas normal. Les gens arrivent demain, ce n'est pas bon pour Yopougon. Si vous n'êtes pas content, réglons ce problème autrement que de le porter sur la place publique. J'ai demandé à Konan Etienne et il m'a dit : même si je ne suis pas content, je ne peux pas changer le bureau de la JPDCI?. J'ai demandé à Adama et il m'a répondu que le bureau reste tel. Il n'y avait que Yobou. Mais tous, nous lui avons dit au cours de cette réunion, monsieur le délégué, ce n'est pas bon?. Il nous a dit oui à la réunion et on arrive à la convention, Yobou tend une autre liste. Tout naturellement, ça n'a pas fait plaisir aux jeunes qui étaient là. Mais c'est mal connaître mon ami. Il part de là et il publie dans les journaux que c'est moi qui veux le tuer. Malgré ce dénigrement, je suis allé chez Yobou en présence des deux autres délégués pour lui dire : "ne t'en prends pas à moi. Je t'ai bien demandé de ne pas présenter une autre listeJe suis venu te dire que nous avons une grande responsabilité. Yopougon est la plus grande commune de Côte d'Ivoire. Et le Président Bédié compte sur Yopougon pour remporter les élections présidentielles. Donc la responsabilité qu'on nous a confiée est grande". On a terminé cette réunion sans que Yobou nous dise s'il a laissé tomber l'affaire. Il dit qu'il ne travaillera jamais avec Doua Michel. J'ai continué à lui dire, ne prenons pas le PDCI comme notre entreprise privée. C'est dans une entreprise privée qu'on peut dire à quelqu'un je ne travaille plus avec toi. Mais dans un parti politique, on n'a embauché personne. Ce n'est pas pour vous qu'ils vont travailler mais pour le candidat Henri Konan Bédié. Vous pouvez ne pas les aimer mais vous ne pouvez pas les renvoyer du parti?. C'est depuis ce temps que l'atmosphère politique est polluée à Yopougon. Ils savent ce qu'ils me reprochent, ils vous le diront. Ce que je leur reproche, je l'ai déjà dit. J'ai dit que nous n'avons pas le temps à perdre en nous tirant dessus. Nos adversaires sont en face. Donc laissons tomber les histoires et allons sur le terrain pour mobiliser la base. Parce que nous sommes dans l'opposition et pour gagner, il faut être uni. Je leur reproche les petites divisions, les dénigrements. Nous sommes en démocratie, si quelqu'un ne veut pas rester dans un parti politique, il fout le camp et on ne lui fera rien. Ce que je constate aussi, Yobou et Konan Etienne l'ont dit, c'est que j'ai des ambitions. Et que je veux être maire et donc tout ce que je fais c'est pour être maire. Et je leur ai dit que je suis surpris. Parce que je ne vous ai pas caché. J'ai réuni les trois délégués et je leur ai dit : " il faut qu'on s'y prenne tôt à Yopougon pour ne pas que demain on se retrouve dans les litiges de candidature. Il faut qu'on s'entende déjà ". Yobou a pris la parole pour dire : " Si le président Bédié est élu, pourvu qu'il l'appelle pour attraper son sac quelque part, c'est ça qui l'intéresse. Et moi, j'ai dit ce qui m'intéresse c'est la commune. Konan Etienne a dit, on verra après. Adama Karamoko a dit, moi je ne veux rien. Pourquoi donc c'est ce qu'on me reproche aujourd'hui ? Pourquoi on ne me l'a pas reproché quand j'ai dit que je voulais la mairie. J'ai même dit à Konan Etienne, tu as déjà été candidat à la députation, mais est-ce que tu es toujours intéressé ? La politique, ça s'oriente. Si on sait que tu veux le poste, lors des cérémonies, on te présente aux militants pour qu'ils s'habituent déjà à toi. Si c'est qui les énerve, ce sont des ambitions et on ne peut pas empêcher les gens d'avoir des ambitions. Je pensais qu'on allait faire un travail pour aider la direction du parti. Deuxièmement, ils me reprochent de dépenser trop pour le PDCI. Ça les énerve.
Selon vous, que faut-il faire pour que l'entente revienne à Yopougon ?
Selon moi, il faut que les délégués que nous sommes, mettions un peu d'eau dans notre vin. Pour que la sérénité revienne. Il faut que le problème des jeunes soit réglé. Ce problème a assez empoissonné l'atmosphère politique à Yopougon. Il faut que la direction du parti règle ce problème. Si ce n'est pas fait et que les choses traînent comme ça, j'ai un peu peur. Il faut que les délégués acceptent de faire leur part de sacrifice. Il faut que les délégués acceptent que si l'un d'entre nous à 5 francs, il peut mettre cet argent à la disposition du parti pour que tout le monde en profite. Que ce n'est pas orgueilleux, ce n'est pas pour ses propres ambitions mais c'est pour que le PDCI revienne au pouvoir.
Propos recueillis par
Jules Claver Aka