vendredi 30 mars 2007 par Le Nouveau Réveil

Le mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD) est plus que formel. A partir du 02 avril prochain, toutes les écoles primaires publiques resteront fermées jusqu'à nouvel ordre. Le coordonnateur de cette structure, Mesmin Comoé, dans l'entretien qui suit, donne les raisons qui motivent leur démarche.
Vous avez dit que si vos indemnités de logements ne vous sont pas allouées à la fin de ce mois de mars, vous reprendrez la grève de façon illimitée au niveau de l'enseignement primaire. Quelle est la réalité aujourd'hui ?
Cette réalité reste maintenue. A la fin de ce mois, nous constatons qu'effectivement l'indemnité de logement n'est pas payée sur notre salaire. Donc dès le 02 avril, nous arrêtons le travail jusqu'à ce que cette revendication soit satisfaite. Mais entre-temps, il y a d'autres reculades graves que nous ne pouvons tolérer qui viennent s'ajouter au paiement effectif. Il s'agit essentiellement de l'exclusion de nos camarades qu'on dit qu'ils sont logés dans les maisons d'astreinte. Conformement à ce que les textes disent et aux acquis de Grand-Bassam, une telle position ne peut pas être acceptée. Vous maintenez votre position alors qu'apparemment, le chef de l'Etat vous a donné des garanties.
On a souhaité que ces garanties se traduisent en acte concret. Or, nous ne constatons rien de concret. En plus de cela, dans le décret qui est pris, il y a des reculades graves que nous ne pouvons accepter. D'abord le montant de 30.000f, c'est à titre transitoire que nous l'avons accepté compte tenu des difficultés du moment. Nous ne pouvons pas accepter que ce montant acquis de façon transitoire, figure dans le décret. C'est dans un protocole d'accord qu'on accepte les 30.000f à titre transitoire. Et c'était lié au paiement effectif à partir du mois de mars 2007. Si ces conditions ne sont pas acceptées, alors nous rejetons le montant de 30.000f. Parce que je rappelle que tous les fonctionnaires qui bénéficient de l'indemnité contributive au logement qui sont dans notre catégorie et notre grade B3, ont 40.000f d'indemnité de logement. A l'école maternelle, les éducatrices préscolaires ont 40.000f. Qu'est-ce que vous reprochez concrètement au nouveau décret ?
Dans ce nouveau décret, on constate l'exclusion d'une catégorie d'instituteurs. Et nous ne sommes pas d'accord. Parce que selon le texte de 1993 en son article 8, il est dit clairement que le fonctionnaire ou agent de l'Etat qui est bénéficiaire d'une indemnité de logement et qui occupe un logement du patrimoine de l'Etat, est astreint au paiement d'un loyer. Son indemnité ne lui est pas retenue. Alors que là, on retient dans son intégralité, l'indemnité sous prétexte que les camarades occupent des logements d'astreinte. Mais quel type de logement d'ailleurs.
Certains de vos camarades instituteurs soutiennent plutôt le ministre de l'Education nationale. Qu'en dites-vous ?
On a toujours constaté ces soubresauts. A chaque fois que le MIDD dépose un préavis de grève, il a toujours eu des gens qui se lèvent pour dire qu'ils ne se reconnaissent pas dans la grève. Mais vous constatez que sur le terrain, les instituteurs sont réellement mobilisés et suivent la grève. Ne craignez-vous pas que le ministre Amani N'guessan suspende votre salaire comme il a procédé avec les enseignants du secondaire public ?
Cela ne nous effraie pas du tout. Si les autorités pensent que c'est en nous emprisonnant ou en suspendant nos salaires qu'il va atténuer notre ardeur à la lutte, qu'elles se détrompent.
Et si vos salaires sont suspendus, quelle sera votre réaction ?
On acceptera. Si c'est le sacrifice à faire pour avoir gain de cause, nous sommes prêts à y aller. Etes-vous d'avis avec ceux qui pensent qu'il faut un nouveau souffle au niveau du ministère de l'Education nationale ?
Honnêtement, il faut dire que le ministre Amani N'guessan a trop duré à ce poste. Et il constitue le véritable obstacle dans la résolution des problèmes que nous posons. Si dans ce nouveau gouvernement qui arrive, on peut avoir quelqu'un d'autre qui puisse apporter un souffle nouveau, ce serait tant mieux. Mais dans le cas contraire, s'il reste, il faut que le gouvernement prenne la pleine mesure de ses responsabilités et résolve définitivement ce problème qui n'a que trop duré. Donc, vous êtes prêts à arrêter le travail ?
Effectivement, à partir du 02 avril, vous le constaterez. Toutes les écoles primaires publiques de Côte d'Ivoire, dans les zones sous contrôle Forces nouvelles comme gouvernementales seront fermées en ville comme au village jusqu'à nouvel ordre. Mais nous restons ouverts aux discussions. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle lorsque le ministre, après avoir traité les instituteurs d'incultes, d'ignorants, des injures grossières à la limite dans une émission radio diffusée, et qu'il nous a invités à une rencontre le lendemain, nous sommes allés. Nous ne sommes pas fermés aux discussions. Mais nous ne tolérons plus d'ailleurs que quiconque, fût-il ministre, nous injurie publiquement.
Entretien réalité par
Paul Koffi

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023