Le 26 mars dernier, Soro Kigbafori Guillaume, le Secrétaire général des Forces nouvelles, et ministre d'Etat, ministre chargé du Programme de la Reconstruction et de la Réinsertion dans le gouvernement sortant, a été désigné Premier ministre de Côte d'Ivoire dans le cadre de l'Accord de Ouagadougou. Le 29 mars, Laurent Gbagbo a signé un décret pour le nommer. Ces actes marquent l'épilogue d'un court mais intense processus dont le premier jalon a été posé le 19 décembre 2006. Ce jour-là, répondant aux propositions de sortie de crise à lui faites par ses partisans, Laurent Gbagbo a émis l'ardent souhait de discuter directement avec ceux qui ont pris les armes ! Le 31 décembre, lors du traditionnel message de présentation de v?ux à la Nation, il a, derechef, invité les Forces nouvelles au dialogue.
Le 1er janvier dernier, Soro Guillaume, le Secrétaire général des Forces nouvelles a, enfin, donné suite à l'insistante requête de Laurent Gbagbo. ?' Nul n'a le droit de refuser le dialogue et la concertation, si l'objectif poursuivi est la recherche de la paix'', avait-il répondu.
Et, de fil en aiguille, de missions secrètes en voyages officiels à Ouagadougou, au Burkina Faso, lieu d'élection des discussions inter-ivoiriennes, le dialogue direct a pu démarrer le 05 février dernier. Un mois plus tard, soit le 04 mars, les négociations parviennent à un accord. Dénommé ?'Accord de Ouagadougou ?', il a conduit à la définition d'un nouveau cadre institutionnel. Dès lors, la voie qui mène à la Primature était toute tracée pour Soro Guillaume. L'accord complémentaire a clarifié les choses. Ainsi, le Secrétaire général des Forces nouvelles a-t-il été désigné, sans surprise, pour succéder au Premier ministre Charles Konan Banny. Il s'était naguère offusqué, après la désignation du gouverneur de la Bceao, de n'avoir pas été choisi pour occuper la primature. Il avait alors établi une sorte de symétrie non dénuée de bon sens et de logique.
Si le capitaine de l'équipe du Sud (entendez Gbagbo) a été maintenu à son poste, il aurait été juste que le capitaine de l'équipe du Nord (lui-même) accède à la Primature , avait ?il ironisé. Pour Soro Guillaume, un tort vient donc d'être réparé. Il est le nouveau Premier ministre de Côte d'Ivoire ! De la rébellion à la Primature, le patron des Forces nouvelles a eu le temps de faire ses armes. De docteur Kumba, maquisard encagoulé se cachant pour éviter d'être pris, au lendemain du 19 septembre 2002, au Premier ministre Soro Guillaume, que de péripéties !
Mais le plus dur, semble-t-il, commence pour l'ex-chef rebelle. De la conduite d'une rébellion à la conduite d'un gouvernement, il y a un abîme. Aux arguments de la force, va se substituer, immanquablement, la force des arguments. Il devra convaincre plutôt que contraindre. Le processus de paix et ses multiples pièges l'attendent. L'identification, le processus DDR, le démantèlement des milices, le redéploiement de l'administration et l'organisation d'élections transparentes, justes et équitables. Ce sont les différents points de sa feuille de route. Ils s'apparentent aux douze travaux d'Hercule qui requièrent, de sa part, à la fois la sagesse de Salomon, le courage de Samson et l'abnégation d'un patriote. Puisse-t-il réussir là où ses aînés ont échoué sans avoir démérité ! C'est tout le mal qu'on souhaite au Premier ministre Soro Guillaume !
Bonne chance Excellence !
Honoré Sépé