lundi 2 avril 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le président de l'Union pour la libération totale de la Côte d'Ivoire (Upltci), le maréchal Eugène Djué a bien voulu rompre le silence tout juste après la nomination du nouveau premier ministre Guillaume Soro anciennement secrétaire général des Forces nouvelles. Dans cet entretien, l'aile dure de la résistance patriotique, demande aux Ivoiriens de faire bloc autour de son "élève", le Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro pour ramener la paix en Côte d'Ivoire et se dit prêt à l'y aider.

Maréchal, vous êtes pressenti dans le nouveau gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro. Quand n'est-il exactement ?
Pour l'instant et de façon officielle, je ne l'ai pas encore appris à part ce qui est rapporté dans la presse. Il y a aussi des amis qui m'appellent pour me dire que je suis pressenti dans le futur gouvernement. Ce que je peux vous dire sur cette question, c'est qu'en pareilles situations, beaucoup de tractations se fassent. En attendant, j'observe.

Et si effectivement, on vous faisait appel pour être membre de ce gouvernement ?
Vous me connaissez car, je ne fais rien sans conviction et je peux tout faire avec conviction. Je n'avais pas pensé pour l'instant à faire partie d'un gouvernement, mais je ne sais pas s'il y a un seul Ivoirien qui peut penser que je ne dois pas figurer dans le nouveau gouvernement. Ce gouvernement doit avoir pour mission de ramener la paix. Nous sommes tous des acteurs de la vie politique à ce titre, quelle que soit notre position, nous pouvons apporter la paix.

Quel est votre point de vue sur la nomination de Guillaume Soro au poste de premier ministre de Côte d'ivoire ?
L'heure est venue pour la paix et donc j'exhorte tout le monde à comprendre qu'il n'y a pas de vainqueur ni de vaincu. Chacun doit travailler à l'avènement de Soro à la primature afin que la confiance revienne. Je voudrais aussi vous dire qu'en ce qui me concerne, on n'a pas besoin de m'approcher car je suis à la fois proche du président de la République que du premier ministre.

Présentement, plusieurs mouvements de jeunesses patriotiques multiplient des rencontres de soutien à leurs leaders pour qu'ils soient dans le prochain gouvernement. N'est-ce pas vous qui êtes derrière tout cela, rien que pour être ministre ?
Mais au lieu de susciter cela, je peux aller voir directement Soro ou mon papa (le chef de l'Etat) et lui dire de me nommer ministre. J'ai dû dissuader certains de ces jeunes là qui s'organisent à leur façon pour disent-ils, m'apporter leur soutien. Je crois plutôt qu'il faut aider ce gouvernement et personnellement, je pense que je serai mieux dehors qu'à l'intérieur. Je pense aussi que ces jeunes n'ont pas tort, parce qu'il faut au moins qu'un d'entre nous soit dans ce gouvernement et ça serait justice, vu la résistance que nous avons menée ensemble jusqu'à ce qu'on arrive à la formation de ce nouveau gouvernement qui peut nous apporter la paix.

Pensez-vous qu'un gouvernement-il à forte coloration fesci, peut apporter la paix en Côte d'Ivoire ?
Je n'ai pas encore dit que je suis prêt à faire partie du gouvernement. Je ne pense pas aussi que c'est un gouvernement fesci qu'il faut mettre en place. Il faut éviter de mettre en place un gouvernement fesci parce qu'on risque de parler uniquement que des problèmes de la fesci et il faut également éviter de former un gouvernement de partis politiques parce qu'on risque de parler de politique que des problèmes de l'Etat. Après cinq ans de crise, la configuration politique est telle qu'il faut tenir compte d'un certain nombre d'éléments ; à savoir, les acteurs principaux de cette guerre là. Cela est important et il faut que tous ceux qui ont le pouvoir de décider y pensent. On y entre pas parce qu'on est fesci. On y entre parce qu'on a cette possibilité d'apporter quelque chose pour une sortie de crise heureuse. Et je crois que c'est la règle fondamentale.

A votre avis, le premier ministre Soro peut-il apporter la paix aux Ivoiriens ?
La paix n'est pas l'affaire d'un seul individu. Chacun a sa contribution à apporter. Tous les Ivoiriens doivent faire la paix pour la Côte d'Ivoire.

Quel regard portez-vous sur la gestion de l'ex-premier ministre Charles Konan Banny ?
Je n'ai pas envie de critiquer la gestion de Banny à la primature. Ce sont ces genres d'esprits qui font que les gens ont peur et ils refusent de partir lorsqu'ils sont à un poste de responsabilité. Banny est venu comme tout Ivoirien pour apporter sa pierre à la résolution de cette crise là. Sa mission est terminée et il faut que les Ivoiriens voient cela sous cet angle. Qu'on ne cherche pas à l'accuser car, ce n'est pas lui qui a engendré la guerre. Qu'on ne cherche pas non plus à dire qu'il a échoué ; il a fait ce qu'il peut, son temps est terminé et qu'il parte. Ce qui est étonnant dans tout ça, c'est Banny lui-même qui donnait des leçons de bonne gouvernance et qui a failli même donner espoir à la jeunesse que nous sommes, en démissionnant ici, lors des affaires des déchets toxiques. Une grande première en Côte d'Ivoire, pourquoi fait-il de la résistance quand il faut partir de la primature ? Tout porte à croire qu'il a organisé tout ce grand tapage rien que pour nous distraire, parce qu'il était sûr qu'il allait être renommé à son poste comme premier ministre. Il faut qu'il reste digne et faire la passation tranquillement avec son successeur afin d'éviter des situations qui le feront sortir par la petite porte.

Récemment à Yamoussoukro, il a fait une déclaration pour dire qu'il est prêt à servir son pays partout
Je dis que sa mission en Côte d'Ivoire, c'était pour servir de facilitateur. J'ai aussi appris qu'il n'est venu faire la passation de service, c'est un acte de rébellion. Cette affaire de Probo Koala n'était que de la poudre aux yeux. Ce n'est pas bien de s'accrocher aux postes. Et je voudrais profiter pour saluer tout le peuple Ivoirien, notamment la jeunesse pour son combat héroïque de résistance. Il faut dire qu'aujourd'hui, notre lutte a porté, la Côte d'Ivoire n'est pas morte, au contraire, elle est debout. Il ne faudra pas prendre la nomination de Soro comme une attaque ou un désaveu de leur part ou même comme un échec de leur lutte. Qu'ils acceptent que le temps de la guerre fût et qu'aujourd'hui, il faille parler de paix en oubliant le passé. Il faut qu'on évite de s'installer dans une spirale de vengeances d'où, on ne sortira jamais et que nous risquions de laisser à nos progénitures comme héritage. J'appelle tous les Ivoiriens et toute la jeunesse à se mobiliser autour de Soro pour la paix.
Entretien réalisé par
DOSSO VILLARD
dossovillard@yahoo.fr

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