Soro Kigbafori Guillaume pourrait-il suivre l'exemple de son homologue Lansana Kouyaté de Guinée dont l'équipe de dix-neuf membres ne comprend aucun ancien ministre du gouvernement sortant? Rien n'est moins sûr en raison des réalités du terrain. Cependant, au Front populaire ivoirien (FPI), la direction a défini des critères de sélection.
Le Chef de l'Etat a reçu Pascal Affi N'Guessan, président du parti au pouvoir, pour échanger avec lui sur le profil des ministrables. Laurent Gbagbo veut une équipe de campagne électorale. De ce fait, ceux qui seront choisis devront être d'abord des militants purs et durs. Mieux, ils doivent être mobilisateurs et fédérateurs de l'opinion dans leur région. Pour tout dire, le futur ministre doit être capable d'apporter une plus-value à la campagne électorale du candidat Laurent Gbagbo.
Pour ainsi dire, à défaut du renouvellement total des membres, tous les ministres sortants, à savoir Paul-Antoine Bohoun Bouabré (ministre d'Etat, ministre du Plan), Amani N'Guessan Michel (ministre de l'Education nationale), Monnet Léon Emmanuel (ministre des Mines et de l'Energie), Hubert Oulaye (ministre de la Fonction publique, de l'Emploi et de la Réforme administrative), Mme Christine Adjobi Nébout (ministre de la Lutte contre le Sida), Sébastien Dano Djédjé (ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les Institutions) et Alphonse Douaty (ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques), pourraient ne pas tous être reconduits. L'équipe du FPI connaîtra, sans doute, une cure de jouvence, ce d'autant plus que la plupart des membres du gouvernement sortant sont des carriéristes, selon un responsable qui a requis l'anonymat. Mais la direction du parti aura du pain sur la planche dans son souci, également partagé, de permettre à d'autres cadres du parti de goûter aux délices du gouvernement et d'y faire leurs expériences. Car, des ministres sortants tirent leur épingle du jeu dans la défense des intérêts du parti dans leur région.
Des problèmes de dernière minute
Le Premier ministre reçoit aujourd'hui le porte-parole de la Présidence de la République et aura demain une séance de travail avec le Chef de l'Etat. Des problèmes de dernière minute ont, en effet, surgi au niveau de la structure gouvernementale qui nécessitent des réglages au sommet de l'Etat. Car, selon des sources concordantes, Soro Kigbafori Guillaume veut deux ministères qui, après les discussions de Ouagadougou, sont initialement tombés dans l'escarcelle de la mouvance présidentielle: les départements des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et des Affaires étrangères, actuellement occupés respectivement par Hamed Bakayoko et Youssouf Bakayoko.
De ce fait, les discussions se poursuivent pour aplanir des obstacles inhérents à toute formation du gouvernement.
Ferro M. Bally