lundi 2 avril 2007 par Fraternité Matin

Des affrontements entre la garde rapprochée du président du MLC et des éléments de l'armée régulière ont eu lieu les 22 et 23 mars.

Pour consolider une paix durement gagnée entre le pouvoir et l'opposition, la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC) plaide pour l'ouverture d'un large dialogue.
Dix années de guerre et la transition politique qui a suivi ayant attiré l'attention des observateurs de la politique congolaise et de la communauté internationale sur les conséquences funestes des affrontements des 22 et 23 mars derniers. Qui ont opposé la garde rapprochée de l'ancien vice-président, Jean-Pierre Bemba et l'armée régulière.
Jean-Pierre Bemba, devenu depuis janvier Sénateur, adversaire malheureux du Président Joseph Kabila, élu en octobre dernier, est exilé à l'ambassade d'Afrique du Sud, à Kinshasa.
Accusé par le gouvernement congolais de haute trahison, pour entretien de milice, il pourrait être évacué, selon une source diplomatique, rapportée par l'AFP, vers le Portugal. Officiellement pour soigner une vieille blessure à la jambe. Après avoir exprimé le désir d'aller en exil. Si sa sécurité n'était pas garantie. Un départ d'ailleurs entériné par les membres de son parti, le Mouvement de libération du Congo.
Cette situation, au demeurant, n'est pas perçue comme une entrave à la paix. A en croire SEM Mme Isabelle Iboula, ambassadeur de la République démocratique du Congo en Côte d'Ivoire. Je ne peux pas affirmer, indique-t-elle, que l'exil de Jean-Pierre Bemba serait une remise en cause de la paix en RD Congo.
Pour ne pas en arriver là, la Monuc joue la carte de l'apaisement. Elle appelle par conséquent les autorités congolaises au respect des procédures juridiques et des droits et libertés que confère à tout citoyen congolais la Constitution.
La paix en RD Congo, c'est aussi l'affaire des hommes en armes. La Monuc souligne, du reste, l'importance de prendre des mesures disciplinaires contre les soldats, coupables de pillage ou d'autres crimes, lors des événements des 22 et 23 mars.
Une chose est de sanctionner, une autre est de canaliser les soldats. La mission de l'ONU en République démocratique du Congo demande que les autorités militaires de Kinshasa rappellent les soldats dans leurs casernes et confient à la police la sécurité des citoyens.
Aux éléments du Sénateur Bemba et aux gardes de sécurité des autres dignitaires de la transition, la Monuc a exhorté le redéploiement, dans les meilleurs délais dans l'armée régulière.
Comme si cet appel à la paix a été entendu, des centaines d'hommes ont regagné des camps des FARDC en Equateur, dans le nord-ouest congolais, fief de l'ex-rebelle Jean-Pierre Bemba pendant la dernière guerre qu'a connue la RD Congo de 1998 à 2003. 140 de ces hommes, révèle l'AFP, se sont rendus à la Monuc à Kinshasa. Quand 200 ont été arrêtés et envoyés à la prison centrale de la capitale, selon des sources officielles onusiennes et congolaises.
La demande d'intégration des gardes du corps de Bemba avait déclenché les récentes violences, le lieutenant-colonel Didier Rancher, estime qu'elle était un incident isolé. Raison, la Monuc n'avait pas constaté de plan d'attaque organisé de part et d'autre.
Qu'importe. A l'Union européenne (UE), l'on a une autre lecture de la situation. Elle est même inquiétante pour Javier Solana, le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère. Qui, dans un communiqué, note que les parties en RDCongo ont recours à la violence pour résoudre leurs différends . Il les a donc appelés à la raison et au dialogue. Pour trouver une solution négociée sur la base d'un consensus. Afin que la RDCongo retrouve le chemin de la stabilité.
Ce chemin, le scrutin d'octobre devrait permettre de l'emprunter. Ce ne fut pas le cas quand, le 15 novembre, la Commission électorale indépendante (CEI) annonce les résultats du second tour de la présidentielle, créditant le président Kabila de 58,05%, avec une avance de 2,6 millions de voix sur Jean-Pierre Bemba.
Il n'en fallait pas plus pour que les partisans du chef du MLC crient à l'imposture de l'extérieur au profit du candidat Kabila. Ils ne se faisaient, aucune illusion sur le verdict de la Cour suprême de justice, appelée à trancher en dernier recours. Et qu'ils jugent, par ailleurs, vendue à Joseph Kabila.
Déjà le 11 novembre, ils mettent en application leurs menaces par des affrontements armés meurtriers à proximité de la résidence officielle du vice-président (à l'époque) Jean-Pierre Bemba. Les acteurs de ces troubles : des éléments de la garde de Bemba et des shégués, enfants de la rue, partisans du président du MLC.
La descente de la police sur les lieux des incidents est fructueuse. 143 mineurs, dont 33 filles âgés de 2 à 17 ans sont raflés. Le Fonds de l'ONU pour l'enfance (UNICEF), sensible à la situation de ces shégués intervient auprès des autorités de la République démocratique du Congo. Le lendemain, tous les 143 mineurs sont libérés. Six sont remis à leurs parents et les 137 autres transférés dans des centres d'hébergement placés sous l'autorité du ministère congolais des Affaires sociales, selon un communiqué de l'UNICEF, relayé par l'AFP.
Comme si cela ne suffisait pas, des partisans de Jean-Pierre Bemba, ont constaté des journalistes de l'AFP à Kinshasa, mettent le feu à deux véhicules de la police stationnés devant les locaux de la Cour suprême de justice (CSJ), en charge du contentieux électoral pour la présidentielle congolaise. Qui sera en partie pillée avant d'être incendiée.
Or, en prévision de tels actes après le résultat des élections, une Mission d'observation sud-africaine (MOSA) dans l'ex-Zaire avait été créée. Elle était présidée par le vice-ministre sud-africain de la Défense, Mluleki George.
En vue de mener la RD Congo vers une paix durable et le développement économique, l'Afrique du Sud appelle le 21 novembre, Jean-Pierre Bemba, le candidat malheureux à la présidentielle, à accepter la défaite à l'issue d'un scrutin organisé dans un environnement raisonnablement pacifique.
Mluleki George a même invité les dirigeants congolais à travailler ensemble. Compte tenu des énormes défis auxquels la République démocratique de Congo est confrontée.
Quatre mois après, les évènements des 22 et 23 mars derniers semblent battre en brèche sa médiation.

Ernest Aka Simon

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