lundi 2 avril 2007 par Notre Voie

Ce qui s'est passé après la nomination de Guillaume Soro à la Primature est très gros et maladroit pour ne pas être condamné. Tout juste après avoir été reçu par le président de la République qui a signé son décret de nomination à la tête du gouvernement, le tout nouveau Premier ministre a lancé dans la population l'information selon laquelle il ne s'est pas entendu avec son patron sur la formation du gouvernement. Et le tout Abidjan bruissait de rumeurs les plus folles sur une éventuelle remise en cause de tout l'édifice construit à Ouaga lors du Dialogue direct. Quand l'information du blocage nous est parvenue quelques instants seulement après la lecture du décret nommant le nouveau chef du gouvernement, nous avons joint un proche collaborateur de Soro. Celui-ci n'a pas voulu nous donner les détails de ce blocage. Seulement, le lendemain, nous avons découvert avec stupéfaction, dans le journal le plus proche de Soro, l'entretien qu'il a eu en tête-à-tête la veille avec le chef de l'Etat. Il est vrai que les habitudes ont la peau dure et ce n'est pas du jour au lendemain que le chef-rebelle d'hier va devenir un chef de gouvernement comme il en existe dans les grandes démocraties. Mais nous étions tout de même loin de nous imaginer un Guillaume Soro chef du gouvernement de Côte d'Ivoire s'asseoir dans un journal pour raconter, mot après mot, les secrets de l'Etat qu'il a en main en tant que Premier ministre. C'est, pensons-nous, une faute lourde qui, en d'autre temps, aurait mérité un voyage à Limoges. Mais c'est à mettre au compte des erreurs de jeunesse, de débutant. Et c'est sans doute ce que, lundi dernier, à l'aéroport de Ouagadougou, le ministre de la Justice Mamadou Koné a appelé les balbutiements de départ, un cafouillage? qui verraient le jour aux premières heures de l'application de l'accord de Ouaga. Il savait vraiment de quoi il parlait. Du moins ses prédictions n'ont pas été démenties. Le vin est tiré, il faut le boire. Dans le même temps, il faut que Soro, qui n'est plus que le chef rebelle puisqu'il est aussi chef du gouvernement de Côte d'Ivoire, sache qu'il ne peut plus faire aussi facilement ce qu'il faisait quand il n'était que chef-rebelle. Depuis jeudi dernier, il fait partie des rares gardiens des secrets de l'Etat de Côte d'Ivoire. Or, quand on accède à ces hautes responsabilités, on n'est plus un homme ordinaire. Il y a un comportement d'homme d'Etat qu'il faut avoir et cultiver à tout moment. Autrement, la Côte d'Ivoire ne serait pas sortie de l'ornière. Et l'accord de Ouaga ne serait qu'une chimère.

Abdoulaye Villard Sanogo

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