lundi 2 avril 2007 par Notre Voie

Le chef de la rébellion ivoirienne, Guillaume Soro Kigbafori, est le nouveau Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire depuis le jeudi 29 mars 2007. A trente cinq ans, il doit conduire et achever la dernière transition politique vers la paix définitive dans son pays. Cette nomination en laquelle beaucoup ne croyaient pas a fait naturellement place à une nouvelle interrogation : Soro peut-il réussir là où ses deux prédécesseurs ont échoué ?
Or, en vérité, tout dépend de Soro lui-même. Bien entendu, tous les observateurs de la vie politique ivoirienne et des péripéties de la résolution de la crise du 19 septembre 2002 prévoient à juste titre que l'attelage Gbagbo-Soro connaîtra quelques difficultés passagères. Et c'est déjà le cas. Pour la formation du gouvernement, en effet, le nouveau Premier ministre réclame des départements de souveraineté. C'est-à-dire que, sans peut-être le réaliser, à peine nommé, Soro chercherait à arracher des pouvoirs à Gbagbo? ; toute chose qui, vraisemblablement, ne cadre pas avec l'esprit de l'accord politique de Ouagadougou dont son arrivée à la Primature constitue l'un des premiers actes d'application par le président Gbagbo. De toute évidence, le Secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) est tenté d'opter pour l'esprit de la belligérance prônée par le défunt accord de Linas-Marcoussis et de rejeter l'esprit d'apaisement proposé par l'accord politique de Ouagadougou. De telles difficultés pourraient jalonner la dernière transition politique sous Guillaume Soro, exposer le jeune Premier ministre au sort de ses prédécesseurs et décevoir profondément l'opinion.
Comment pouvait-il en être autrement quand des observateurs (dont la neutralité reste à prouver) poussent déjà Guillaume Soro à l'erreur en lui faisant croire que son premier atout, par rapport à Seydou Elimane Diarra et Charles Konan Banny, reste le territoire contrôlé par sa? rébellion au Nord et l'armée de rebelles dont il dispose !? Ces observateurs tentent ainsi de faire du jeune homme l'égal territorial? du président Laurent Gbagbo, chef d'Etat élu, jouissant d'une légitimité visiblement renforcée par la crise injuste qu'il subit depuis 2002. Bien sûr, ces observateurs ajoutent aussi que Soro dispose de deux autres atouts : il a d'abord l'avantage d'avoir été choisi par le président de la République lui-même et non d'avoir été imposé par la communauté internationale. Enfin, ancien Secrétaire général de Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI), Soro connaît Laurent Gbagbo mieux que ses deux prédécesseurs pour avoir côtoyé l'opposant historique de feu Houphouet-Boigny au début du multipartisme. Mais le disant, ces analystes qui incitent le jeune nouveau Premier ministre à la faute laissent croire que Laurent Gbagbo a le dos au mur. Pour avoir sollicité et obtenu le Dialogue direct, les entend-on soutenir, le président ivoirien ne pourrait que céder aux caprices du nouveau locataire de la Primature. Et pourtant, les choses sont clairement définies. Le décret n°2007-450 du 29 mars 2007 qui nomme M. Guillaume Soro dans les fonctions de Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire vise deux textes : la Constitution ivoirienne d'abord, l'accord politique de Ouagadougou ensuite. Et c'est tout. Du coup, par ce décret, Laurent Gbagbo offre sur un plateau d'or à Guillaume Soro l'unique et incroyable occasion de rompre avec la logique criminelle de la conquête du pouvoir. Le chef-rebelle l'a compris, lui qui a accepté le décret et remercié le président de la République pour cette aubaine. Certes, des forces occultent peuvent inciter Soro, après cette main tendue de Gbagbo, à aller à l'affrontement, là où elles-mêmes ont vu du feu. Mais il serait absurde que l'ancien dirigeant de la FESCI ne réalise pas que la rébellion ne peut pas constituer une carrière politique et que, plus que le territoire et le désordre armé sous son contrôle, son premier atout pour réussir sa mission de ramener la paix dans son pays demeure sa propre capacité à se reconvertir. A se réinsérer dans la société. Et non à se battre par procuration pour des postes, de souveraineté soient-ils.




C.E. cesaretou2002@yahoo.fr

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023