La coopérative d'épargne et de crédit de Yamoussoukro vient de soulager 800 fonctionnaires de la cité des Lacs en les tirant des griffes des usuriers communément appelés «margouillats». La Coopec a, récemment, signé un partenariat avec la direction de la solde pour la domiciliation des salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat de la Région des lacs. Elle trouve ainsi une solution au cauchemar vécu par ces quelque 540 fonctionnaires de Yamoussoukro pris dans l'engrenage des usuriers en leur donnant une chance de se refaire une nouvelle vie. C'est ainsi que l'agence de Yamoussoukro a initié une opération de rachat systématique des dettes de ses clients en situation difficile chez les margouillats en particulier, et leurs créanciers en général. Comme l'a expliqué M. Niango, gérant de la Coopec de Yamoussoukro, sur plus de 800 salariés de l'Etat inscrits à la Coopec, ce sont près de 540 qui ont bénéficié de cette belle initiative. En le faisant, la Coopec entend mettre à exécution une de ses missions essentielles qui est de lutter contre la pauvreté. Pour cette opération, le montant global dégagé s'élève à 645 millions FCFA. Le remboursement de ces prêts est étalé sur 24 à 36 mois, selon le salaire. Comme l'a rappelé le gérant, en la matière, il faut tenir compte de la quotité cessible, c'est-à-dire que le prélèvement ne doit en aucun cas excéder le tiers du salaire. Au-delà de ces rachats, chaque fonctionnaire en situation difficile a pu bénéficier également d'une somme d'argent non négligeable pour lui permettre de se refaire une santé et embrasser une petite activité génératrice de revenus additionnels, le mettant à l'abri des besoins financiers . Une façon de réhabiliter socialement ces travailleurs qui, pour une raison ou une autre, ont dû recourir à cette pratique le plus souvent contre leur gré. «Les fonctionnaires étant domiciliés chez nous, nous avons essayé de désintéresser les margouillats afin que nos frères puissent avoir, ne serait-ce que la paix morale pour vaquer tranquillement à leurs occupations. Car c'était vraiment un important nombre de travailleurs qui étaient entre les mains de ces usuriers», a expliqué M. Niango. Pour contourner ces usuriers pour la plupart du temps, ont en main les cartes magnétiques des fonctionnaires pris à leurs pièges, la Coopec a initié le livret d'épargne électronique. Il s'agit d'un système qui fait obligation aux clients de se présenter physiquement à l'agence pour se faire servir. Du coup, même si le «margouillat» bloque la carte de son créancier, le fonctionnaire aura toujours la possibilité de se rendre à l'agence pour effectuer ses opérations.
Gervais Amany