lundi 2 avril 2007 par Le Patriote

Le synopsis de l'essai de Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo et de Jacqueline Chamois pourrait être ceci : son père est le bon, le gentil, le nationaliste, le travailleur qui a fait passer selon lui, la croissance économique de -2% à +3% (P13) et les autres, les mauvais, à savoir la France qui nous mène une guerre économique à travers les réseaux chiraquiens, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, qui sont allés trop loin en prenant les armes contre leur nation (P89) et bien sûr la rébellion, avec ses chefs présumés, tous des sous- officiers dont la fortune personnelle ne permet évidemment pas d'acquérir de telles armes . Après un tel réquisitoire, et fort de ses certitudes, Michel Gbagbo s'érige en justicier : Nous terminerons sur la nécessité que les personnes responsables de crimes de guerre et de crimes contre les droits humains, soient poursuivies,jugées et condamnées, devant toutes les juridictions nationales ou internationales compétentes (P106). Et le charnier de Yopougon, les tueries massives de Mars 2004, les meurtres perpétrés par les escadrons de la mort du régime, le scandale des déchets toxiques ? Motus ! Par la suite, l'auteur lui-même reconnaît la partialité de son jugement. Le problème avec la vérité politique, est qu'elle est sans cesse soumise aux aléas de l'histoire, le vainqueur tentant toujours d'imposer sa version, voire de justifier a posteriori ses crimes , avoue t- il à la page 106. Michel Gbagbo se ravise donc et ajoute son géniteur dans la liste des personnes à incriminer : les quatre ténors de la vie politique ivoirienne des dernières années (Gbagbo, Ouattara, Bédié et Guei) portent tous une part de responsabilités de la situation catastrophique que traverse actuellement le pays. Passant tantôt dans le camp des victimes, tantôt dans celui des bourreaux, ils ont participé à un nombre important d'alliances politiques qu'ils ont reniées par la suite, alternant chasse aux sorcières et gouvernements d'ouverture, en proclamant à maintes reprises une réconciliation qui n'a jamais réellement bénéficié d'une volonté politique effective ( P100 ). En consultant un passé encore récent, on ne peut pas dire que le fils n'a pas commis le parricide , en passant un véritable savon à son père. L'éternelle rengaine contre la France. Comme Mamadou Koulibaly, à qui il fait beaucoup référence, discours patriotique aidant, le fils de Jacqueline Chamois et de Laurent Gbagbo ouvre dès les premières lignes le procès de la France, coupable à ses yeux d'être à la base de la guerre. En Côte d'Ivoire, une particularité essentielle de la crise est la connexion avérée de certaines personnalités avec des pays tiers tels que la France et le Burkina Faso, pays frontalier .Ceci, au mépris de toute conscience nationale, de toutes les conventions internationales et sous- régionales, et en dépit, par exemple, de l'accord de défense liant la Côte d'Ivoire et la France , enrage t ?il. Il reprend également à son compte la thèse du SYNARES, pour déclarer que c'est bien la France qui a permis aux rebelles d'acquérir l'armement nécessaire pour attaquer le pays à partir du Burkina Faso voisin . Michel Gbagbo enfonce le clou de l'accusation : Laurent Gbagbo n'étant ni l'homme de la France, ni celui de cette aristocratie politique qui gouverne habituellement en Afrique noire. Son arrivée aux affaires ne fut donc ni prévue, ni même acceptée par Paris et les milieux d'affaires dominants. Ceux-ci voyaient la succession du vieux incomber à Henri Konan Bédié ou à Alassane Ouattara. L'arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir en Côte d'Ivoire, semble bien témoigner, d'un certain point de vue, que la succession du vieux aurait été mal régléeIl faut donc briser un tel nationaliste, sans délai, pour lui substituer un homme lige prêt à brader nombre de secteurs stratégiques du pays . L'écrivain est tellement convaincu de son fait que pour lui, aucun individu, aucune organisation politique ivoirienne ne disposent des moyens financiers colossaux qui ont été nécessaires à la mise en ?uvre de cette agression . Le fils de Gbagbo est donc fonder à en conclure à une guerre de la France : Quoi qu'il en soit, nous pensons que la guerre en Côte d'Ivoire est essentiellement liée aux rapports économiques et politiques inégaux qui lient la France à ses anciennes colonies. Le président élu Laurent Gbagbo, qui incarne la légalité républicaine et la légitimité populaire, a voulu mener une politique économique en faveur de son peuple et non plus en faveur de conglomérats français nostalgiques de la très gaullienne Françafrique . Retrait des militaires français, remise en cause de la zone franc, attribution concurrentielle des marchés publics, voila un triptyque qui, depuis les indépendances, a toujours causé du tort à ses défenseurs africains. Une personnalité plus favorable était nécessaire à la Françafrique . Cette personnalité là, c'est M. Alassane Ouattara, ancien Premier ministre du premier président ivoirien. Ado, l'épouvantail
C'est dire que cette guerre a bénéficié de connections extérieures autant qu'intérieures . Après le père et la mère, le fils Michel Gbagbo engage le combat contre le président du Rassemblement des Républicains, taxé d'être un fils d'immigré : des enfants ont parfois effectué une partie de leur scolarité au Burkina Faso, et une autre en Côte d'Ivoire, comme cela semble être le cas pour le Dr Alassane Ouattara. Partant de cela, l'écrivain ne se prive pas pour faire de Ouattara, un étranger. Il en veut pour preuve l'achat d'un appartement avec la nationalité voltaïque , la décoration du patron du RDR en 1982, au titre de chevalier de l'ordre ivoirien. Un coup d'épée dans l'eau ! Les Ivoiriens savent que dans sa tentative de dénégation de la nationalité et de l'éligibilité de ADO, le pouvoir dès les premières heures de son règne avait procédé à une falsification dudit document. Comme le mensonge ne saurait prospérer longtemps, Alassane Ouattara a mis un terme à la supercherie, en fournissant le document authentique au directoire du forum pour la réconciliation nationale. Et comme pour montrer aux uns et aux autres que notre Constitution contient des germes de conflit, Laurent Gbagbo lui- même a fait cet aveu au forum : l'article 35 de la Constitution a été fait pour éliminer ADO . Michel Gbagbo pousse le ridicule loin, dans sa tentative d'obscurcir l'image de l'ancien Premier ministre de Côte d'Ivoire. Ainsi, les faux à la carte d'identité se sont multipliés en Côte d'Ivoire depuis l'introduction par M. Alassane Ouattara de la carte de séjour et de la carte d'identité dite infalsifiable . Cependant, en même temps que l'auteur fait ces affirmations aussi fausses les unes que les autres, il en fait une autre qui montrent clairement la vacuité de sa déclaration : C'est dans un tel contexte que par la suite, Bédié crée la notion d'ivoirité, concept prétendument culturel, mais qui sert en réalité à indexer son rival, Ado, et à le présenter comme étranger à l'opinion ivoirienne. Il serait, comme tel, réputé inapte à se présenter à une élection en Côte d'Ivoire . On reste de marbre devant tant de mauvaise foi.
Des piques à
Henri Konan Bédié. Michel Gbagbo ne manque pas d'épingler à son tableau de chasse l'ancien président Henri Konan Bédié. Il le dépeint comme un homme sans assise réelle et qui n'a eu d'autre mérite que celui d'avoir été le dauphin constitutionnel de Félix Houphouët Boigny. Non sans le présenter comme un assoiffé du pouvoir, en témoigne sa prise de pouvoir : Henri Konan Bédié arrive donc en catastrophe, le soir même du jour du décès du vieux à la télévision nationale, encadré de bérets rouges, et s'empare officiellement du pouvoir. Il lance alors cette phrase demeurée célèbre : Mettez- vous à ma disposition !. Il ne passe pas sous silence ce qu'il appelle la frayeur obsessionnelle de Bédié. Il fait du président du PDCI le responsable de la mise en mal de l'unité nationale : Le dernier épisode de cette tragi- comédie fut la délivrance à Interpol d'un mandat d'arrêt international contre le leader des Républicains, semble- t-il pour faux et usage de faux. Et sans nul doute c'est à cette époque-là que naquirent les premières relations conflictuelles entre communautés en Côte d'Ivoire, et que se cristallisèrent les replis identitaires au Nord comme au Centre C'est donc dire que Bédié a scié la branche de l'arbre sur laquelle il était assis, en discréditant sa vision politique et les instruments que le destin avait bien voulu lui mettre entre les mains . Michel Gbagbo décoche par ailleurs des flèches à Soro et à ses hommes. Il les présente comme des grands enfants, des manipulés téléguidés par des hommes de l'ombre et des commanditaires extérieurs. Si certains chefs de la rébellion étaient en exil, et en sachant que certains d'entre eux avaient déjà été cités dans une précédente tentative de coup d'Etat, et parfois condamnés par contumace, comment ont-ils pu préparer cette agression à l'insu des autorités de leur pays d'asile, notamment le Burkina Faso , dit- il à la Page 18. Il le dit clairement à la page 13 : Fait majeur, à ce jour, les protagonistes réels ne sont pas clairement identifiés De plus en plus d'ailleurs, les chefs rebelles , comme on les appelle ici, ne se cachent pas pour affirmer qu'il ne saurait être question de déposer les armes tant que l'article 35, dont la forme actuelle empêche le Dr Alassane Ouattara s'être éligible, ne sera pas modifié. Pour dire, l'?uvre de Michel Gbagbo, dont l'objectif premier est de salir l'image des adversaires politiques de son père, procède par une manipulation éhontée de l'histoire. Tout le monde est mauvais mis à part son géniteur. La France et ses alliés, dit- il, lui font un mauvais procès et son seul tort est de vouloir être en harmonie avec son peuple. Un discours bien populiste en somme, qui ne saurait prospérer pour avoir trop servi sous la refondation. L'histoire qu'il relate est encore contemporaine et des pans entiers ont été déformés pour les besoins de la cause. Il le dit si bien dans sa préface. Il écrit pour un groupe et non pour la Côte d'Ivoire : .que tous les Patriotes, tombés les mains nues devant les hordes de barbares venues du dehors, trouvent ici, ainsi que leur familles, un hommage et une reconnaissance éternelle.
Bakary Nimaga

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