lundi 2 avril 2007 par Le Patriote

Loin d'être un essai, l'?uvre de Michel Gbagbo, le fils de l'ancien opposant historique, est plutôt un ouvrage de fiction. Un roman où le narrateur donne la forme et les actions qu'il veut à son héros et à ses anti- héros. Dans Côte d'Ivoire, un air de changement , le héros n'est autre que Laurent Gbagbo, à qui le fils attribue toutes les qualités et exploits. A l'opposé, Michel Gbagbo tente d'obscurcir l'image des adversaires, notamment Ouattara, Bédié, Soro et les pays comme la France et le Burkina Faso. Mais, le romancier semble oublier que des témoins de l'histoire qu'il raconte sont là, qui ont toutes les facultés en place. Trop de contrevérités fondent le livre de Michel Gbagbo. L'auteur présente Gbagbo comme le président démocratiquement et légitimement élu en 2000. Tout le monde en Côte d'Ivoire sait par quels procédés l'homme a pris le pouvoir. On se souvient encore de la repression exercée sur les opposants par une armée aux ordres pour installer Gbagbo à la Présidence. On sait que c'est à la suite d'un bain de sang que le camarade socialiste s'est emparé du pouvoir. De plus, Michel Gbagbo prétend que la Côte d'Ivoire républicaine a pu se défendre et a su repousser les assaillants jusqu'à Bouaké, où ils vont s'installer . Cela est archi- faux pour les Ivoiriens qui savent que les Forces Nouvelles ont attaqué simultanément dans plusieurs villes et que c'est la seule Abidjan qui a échappé à leur contrôle. L'écrivain avance également que c'est la France qui a freiné la marche des forces loyalistes sur Bouaké en 2002. Cela est loin de la réalité et c'est bien le contraire qui s'est produit. C'est la France, accusée de tous les maux qui a bloqué les ex- rebelles dans leur progression sur Abidjan, en prétextant l'évacuation de ses ressortissants. Si le pays de Chirac ne l'avait pas fait, peut- être que nous ne serions pas là à parler de dialogue direct. L'essayiste déclare aussi que la France mène une guerre économique à la Côte d'Ivoire. Ce qui n'est pas vrai, si on en croit les propos de l'ambassadeur André Janier qui disait récemment que les échanges entre la France et notre pays ne dépassent pas 3%. Une vérité crue qui a soulevé la grande colère de nos patriotards. Concernant la nationalité de Ouattara, l'auteur fait de nombreux amalgames. Le leader du RDR n'a pas de problème avec son pays mais bien avec des concurrents à qui il porte ombrage et qui refusent de l'affronter dans un combat loyal et démocratique. Ils usent toujours de subterfuges, dont le populisme rampant et le patriotisme de mauvais aloi. En somme, Côte d'Ivoire, un air de changement n'annonce pas une ère nouvelle. L'?uvre par trop partiale et partisane ne vise qu'à protéger les réseaux et intérêts du clan Gbagbo. Ainsi donc, ceux qui en attendaient une relation claire et objective de notre histoire commune, se doivent de vite déchanter. Rien de nouveau sous le soleil de la refondation. Dommage pour l'essayiste, qui n'a pas réussi à s'affranchir de son patronyme, pour éclairer ses compatriotes et le monde sur notre crise.
Bakary Nimaga

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