lundi 2 avril 2007 par Nord-Sud

Il est heureux de constater que dans cette bien laïque Côte d'Ivoire, le chef de l'Etat soit sensible aux malheurs qui frappent les religieux. Ces derniers en effet ne sont pas épargnés par les bandits et gangsters qui pillulent dans le pays. Armes de guerre aux poings, ils ont écumé les églises, les temples et les séminaires. Une de ces attaques ignobles a même coûté la vie à un ouvrier d'une maison dévolue au Seigneur. Devant cette barbarie qui heurte les esprits et les m?urs, les dignitaires catholiques ont exprimé leur inquiétude et leur indignation. Une indignation partagée par tous les croyants ; Avec eux, tous ceux qui partagent des valeurs sociales communes comme le respect de la vie et de la dignité humaine. Le chef de l'Etat, premier concerné par la sécurité des personnes et de leurs biens a reçu dans ce cadre une délégation du clergé conduite par l'archevêque de Korhogo, Mgr Marie-Daniel Dadiet. Entouré du ministre de la Sécurité et de celui de l'Administration du territoire, et en présence du chef d'état major des armées, le général Philippe Mangou, Laurent Gbagbo a pris des mesures énergiques dans l'otique d'enrayer les agressions contre les serviteurs de Dieu. On notera des patrouilles de dissuasion et des dispositifs de sécurité. Pour montrer aux malfrats que l'Etat ne laissera pas impunies les attaques contre les espaces et édifices sacrés, Gbagbo a annoncé la constitution d'une commission d'enquête aux fins de retrouver, par tous les moyens, les brigands et les mettre hors d'état de nuire. Voilà des décisions qu'on attend d'un Etat. Parce que, quand une société laisse violenter et détruire ses espaces sacrés et ses animateurs, la déchéance collective n'est pas loin. Et pour se protéger, la collectivité, l'Etat en premier, ne doit en aucun cas laisser, sous aucun prétexte les serviteurs de Dieu, de quelque obédience que ce soit à la merci des hors la loi. C'est pourquoi on ne peut s'empêcher de relever le silence quasi aveu de culpabilité de l'Etat quand des dignitaires d'autres religions ont été pris à partie. Faut-il rappeler le cas de l'imam de la mosquée du lycée technique, El Hadj Samassi Mahmoud, abattu froidement par des hommes armés devant son domicile ! Faut-il rappeler les cas de l'imam Sangaré d'Abobo et son homologue Sylla de Daloa ! Ils ont tous été abattus par des armes à feu. Des meurtres qui ont indigné leur communauté religieuse d'appartenance et entraîné la compassion de dignitaires d'autres religions. Mais au niveau de l'Etat, au plus haut sommet, ce fut l'indifférence la plus totale. Aucun geste de soutien ; aucune mesure pour rassurer. Aucune enquête ouverte. Il est à espérer que l'engagement pris par Gbagbo devant le clergé soit le début d'une nouvelle alliance entre l'Etat et l'ensemble des cultes qui évoluent sur ce sol éburnéen.

D. Al Seni

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