Le nouveau premier ministre Guillaume Soro, dont le décret de nomination a été signé le 29 Mars dernier n'a pas encore formé son gouvernement. Et personne ne sait, en dépit des spéculations de la presse, avec exactitude quand la nouvelle équipe gouvernementale sera connue. Une chose est cependant sûre. Durant les 48h que Guillaume Soro a passés à Abidjan les vendredi 30 et Samedi 31 mars dernier, le golf Hôtel a connu une ambiance particulière. De nombreuses personnalités s'y sont rendues pour rencontrer le nouveau premier ministre. Désiré Tagro y a été aperçu samedi à 21h11 précises. Et Lia Bientôt, membre de la délégation présidentielle à Ouaga y était à 11h dimanche. Mais tout ceci n'a pas influencé ni facilité la mise en place du nouveau gouvernement. Il va donc sans dire que quelque chose coince. Et l'on a pu s'en rendre compte hier. En effet, le porte-parole de la présidence de la république, Désiré Tagro a effectué un voyage à Bouaké. Pour y rencontrer les Forces nouvelles. Il a donc eu un tête-à-tête avec Guillaume Soro et Konaté Sidiki. Le huis clos entre les trois hommes a duré 1h et demie d'horloge. Et à leur descente du bureau de Guillaume Soro où a eu lieu l'entretien, aucune déclaration n'a été faite à la presse. L'on ignore donc ce dont Tagro, Soro et Konaté ont débattu. Mais l'on peut être sûr que les uns et les autres n'ont pu harmoniser leur position. Car aussitôt après leur face-à-face, le porte-parole des Forces nouvelles Konaté Sidiki et Désiré Tagro ont embarqué à bord du Fokker 100 de la République ivoirienne pour se rendre à Ouaga pour y rencontrer le médiateur. Ce voyage au pays des hommes intègres signifie-t-il nécessairement que les choses coincent ? Rien n'est moins sûr. D'autant que Konaté Sidiki a soutenu, après la rencontre que les Forces nouvelles ont eue avec le G7, que " Gbagbo est prêt à aller plus loin " et que tout ce qu'ils ont proposé a été accepté. Alors qu'est ce qui pourrait bien justifier le déplacement à Ouaga ? Selon des sources proches des Forces nouvelles, Désiré Tagro était porteur des propositions du chef de l'Etat. Proposition, bien sûr, avec la mise en place du cadre institutionnel d'exécution des accords de Ouaga et de la formation du nouveau gouvernement. Qui sont les points sur lesquels les trois personnalités ont planché hier à Bouaké. Selon nos informations, il s'agirait de la clé de répartition des portefeuilles ministériels. Un quotidien de la place a ainsi écrit dans sa livraison d'hier que les blocages de dernière minute seraient survenus. Lesquels ? Il semble que deux ministères, notamment celui des NTIC et des Affaires étrangères qui, après les accords de Ouaga, devraient revenir aux Forces nouvelles, seraient, au final, tombés dans l'escarcelle du pouvoir. Ce que le leader des Forces nouvelles n'apprécie pas. Est-ce pour trancher que Konaté Sidiki et Désiré Tagro se sont rendus chez le médiateur ? Surtout que l'accord politique de Ouaga en son point 7.2 du chapitre VII, a mentionné le comité d'évaluation et d'accompagnement (CEA) " chargé de l'évaluation périodique de la mise en ?uvre des mesures prévues dans le présent Accord. Il est également chargé de suggérer toutes les positions pratiques et nécessaires à la bonne exécution du présent Accord ". Une mésentente ou incompréhension dans la formation du gouvernement relève bel et bien du ressort du CEA. Et l'on espère que le médiateur Blaise Compaoré pourra trouver la solution qu'il faut pour départager Gbagbo et Soro sur la question. En attendant, les Ivoiriens s'interrogent. Quand sera connu le nouveau gouvernement ? " Avant les fêtes de Pâques", répond-on. En ce qui le concerne, le premier ministre Guillaume Soro poursuit ses consultations. Il rencontre ce matin même à Daoukro, le président Bédié. Il prendra également contact avec les présidents de l'UDPCI, Mabri Toikeusse et du MFA, Anaky Kobena. Guillaume Soro aura enfin un entretien téléphonique avec Alassane Ouattara, le président du RDR qui se trouve actuellement hors du pays. C'est après tous ces contacts qu'il formera son gouvernement " avant les fêtes de Pâques ".
Yves M. Abiet