Mme Simone Ehivet Gbagbo, épouse du chef de l'Etat, était hier l'invitée de la rédaction de Fraternité ?Matin. Elle a échangé avec les journalistes sur son livre "Paroles d'honneur. Un devoir de parole". Un livre-témoignage qui, selon la Première dame, permettra à d'autres peuples de savoir ce qui se raconte sur la Côte d'Ivoire depuis l'accession du Fpi au pouvoir.
Mme Simone Gbagbo, dans l'exposé relatif à un passage de son livre, a rué dans les brancards contre le président du Rdr, Alassane Dramane Ouattara. Outre Ado, Mme Simone Gbagbo a parlé également de l'affaire Kieffer, du nom du journaliste franco-canadien disparu en avril 2004 à Abidjan, du bombardement du camp français de Bouaké, de l'histoire du front républicain, le dialogue direct, etc. Extraits.
Bombardement du camp des soldats français à Bouaké
Le bombardement de Bouaké, je n'en ai eu aucune preuve ! Mais je ne peux pas dire non plus qu'il n'y a pas eu de bombardement, je serais allée trop loin. Voilà ce que j'ai mis dans mon livre sur le bombardement de Bouaké.
Affaire Kieffer (ndlr : journaliste franco-canadien disparu à Abidjan depuis le 16 avril 2004)
Sur l'affaire Kieffer, je n'ai eu aucun élément de preuve que M. Kieffer a été enlevé et qu'il a été tué, et qu'il a été enterré. Il n'y a aucune petite preuve d'élément qui peut permettre d'affirmer (). Moi j'ai écrit ce que je crois être la vérité. Vous prenez ça comme cela. Cette affaire de Kieffer, je crois que j'ai déjà répondu à cela. Moi, j'ai beaucoup de respect pour l'être humain. Kieffer, dit-on, a existé en Côte d'Ivoire et disparu de la Côte d'Ivoire. Moi je ne le connais pas. Je sais qu'un jour on m'a apporté un de ses écrits dans lequel il a parlé de la privatisation de la Caa (Caisse autonome d'amortissement) en BNI (Banque nationale d'investissement). A cette époque, Kieffer a écrit que moi, Simone Gbagbo j'avais pris contact avec des Israéliens pour qu'ils viennent acheter des actions dans la Caa qui allait devenir BNI parce que j'avais besoin de l'argent pour financer le Fpi. Moi, je n'ai jamais rencontré Kieffer. Et puis brusquement, il meurt ou disparaît on m'accuse
Front républicain
Pourquoi, je dis que Ouattara est un fléau ? Mais Ouattara est un fléau. Et il l'est effectivement. Ça, je le dis et je le maintiens, il est un fléau pour la Côte d'Ivoire.
Mais s'il est un fléau pourquoi est-ce qu'on a fait alliance avec lui ?
Mais justement, c'est parce qu'on a fait alliance avec le Rdr que j'ai eu l'occasion de savoir qu'il est un véritable fléau. On a créé le Front républicain, parce qu'un humain qui vient au départ pour travailler avec vous, vous n'avez pas de préjugé au départ contre la personne. Mais, la personne se révèle à toi à travers ses actions, à travers ses propos. En ce moment-là, tu as le devoir de décider ou de continuer avec la personne ou de rompre avec la personne. Nous avons créé le front républicain avec Djéni Kobenan. Ouattara n'intervenait pas en ce moment. Quand Djéni a créé le Rdr, Ouattara n'était pas membre. Ouattara était au FMI, à l'étranger.
Création du Rdr
Mais, c'est normal qu'il y ait ceux-là, puisque ce sont des Ivoiriens. Ils peuvent avoir le besoin de créer un parti autre que celui qui a été au Pdci. Nous avons aidé le Rdr à se constituer. Oui ! Cela je ne le nie pas. A cette époque, le Pdci était un parti très fort et que nous avions intérêt à ce que le Pdci se casse en deux. Dans cette tactique politique-là, nous avons aidé les gens qui étaient en train de se rassembler pour créer un courant au Pdci (). Quelque temps après, Ouattara est venu transformer cet instrument politique en instrument pour un homme qui avait un problème d'identité. Et qui voulait se servir de cet instrument pour régler son problème d'identité. Nous ne sommes pas constitués parti politique pour mener un combat d'un individu qui a des problèmes d'identité. Donc nous avons rompu avec le Rdr parce que nous estimions que nous avions bien fait.
Source de la crise
Nous qui vivons ici dans le pays qui compte 60 ethnies, qui compte plusieurs religions, nous avons eu une crise militaro-politico-religieuse et Ouattara a posé le problème en disant : On refuse que je sois candidat à la présidentielle parce que je suis du nord et je suis musulman . C'est un débat qui n'existait pas avant. C'est une grave responsabilité qu'il a prise en posant cette affaire-là. Et en engageant son parti dans ce combat et cela nous a conduits à la guerre. Si ça n'est pas un fléau, je ne sais plus ce qu'on appelle fléau ().
Relations franco-ivoiriennes
Je suis convaincue que les Africains doivent se mobiliser pour arracher leur souveraineté. Et de ne pas se laisser intimider par les Français et par n'importe quelle communauté que ce soit. Il faut se tenir debout. Il faut oser regarder les grands en face et leur arracher la souveraineté (). Ils n'ont aucun souci pour nous, si ce n'est leur intérêt. Si nous ne comprenons pas ça comme cela et qu'on se laisse effrayer, on ne pas avancer. N'ayons aucune crainte. Je suis avec vous et je serai avec vous.
Dialogue direct
L'Onu, pour la première fois dans le monde, s'était mise à rédiger une résolution en y mettant le nom d'un individu qui devait être Premier ministre. La même Onu, aujourd'hui, dit au président (ndlr : Laurent Gbagbo) nous vous soutenons, nous vous félicitons, nous vous encourageons, nous vous suivons, etc Sortez la Côte d'Ivoire de la crise. Maintenant avec le dialogue, il faut démanteler la zone de confiance, il faut faire l'identification, le redéploiement de l'administration, organiser les audiences foraines, etc
Soro Premier ministre, nous allons avoir les ministres issus du camp de l'ex-rébellion et des formations politiques. Est-ce que ça ne donne pas que la Côte d'Ivoire a perdu sa valeur ?
Mais la Côte d'Ivoire a perdu sa valeur depuis le coup d'Etat contre Bédié 1999. Est-ce qu'un jour on avait pensé que la Côte d'Ivoire allait être dirigée par un militaire ? Aujourd'hui, si la nomination de Soro à la primature peut nous sortir de la crise, acceptons cela. Après nous allons fermer la parenthèse.
Propos recueillis par Déless Goué (dematong@yahoo.fr)