mardi 3 avril 2007 par L'intelligent d'Abidjan

De retour à Bouaké après de longs mois passés aux Etats-Unis d'Amérique, et accusé par certains de ses pairs d'avoir fui le mouvement, Cissé Sindou donne les raisons de cette absence. Dans l'interview ci-dessous, il donne aussi son point de vue sur l'accord de Ouagadougou.

M. le directeur de cabinet, depuis la réunion de l'Union Africaine à Addis-Abeba, l'on ne vous a plus revu aux côtés de vos camarades. Une absence qui a suscité des interrogations chez les uns et les autres. Comment justifiez-vous cela ?
Je ne savais pas que les gens interprétaient cela d'une manière ou d'une autre à cette occasion. Je vous remercie de m'avoir donné l'opportunité de le justifier. J'étais, ici, en charge d'organiser les différentes mobilisations pour les rencontres. C'est, à juste titre, qu'après Addis-Abeba, j'ai été à New York, à Philadelphie, et ensuite à Washington pour une série de rencontres avec le secrétaire général. Après cela, j'ai profité pour régler quelques petits bobos de santé que j'avais avec la permission de mon patron. Comme vous le savez, en médecine, il faut attendre la fin du traitement avant de faire d'autres analyses. Donc, tout cela a fait que j'y ai passé 5 mois. Et comme le traitement est fini, je suis rentré.

Donc, vous n'avez pas fui comme le soutient la rumeur ?
Jamais je ne fuirai les forces nouvelles. Je suis là de par mon propre gré, comme d'ailleurs beaucoup de cadres des Forces nouvelles, parce que c'est du volontariat. On ne fuit pas un combat auquel on adhère volontairement. Mais malheureusement, les gens interprètent tous les petits trucs parce qu'ils veulent qu'il y ait des problèmes au sein des Forces nouvelles. Je ne serai pas parmi ceux qui ont fui. Tous les moments durs m'ont trouvé ici, et si je devrais fuir, c'était en ce moment là. J'étais dans ces locaux-ci (bureau du secrétariat, Ndlr) quand il y a eu les bombardements (de novembre 2004, Ndlr). Ceux qui étaient là vous diront. Je coordonnais même l'aspect social par rapport au soin des victimes du bombardement. Je ne pense pas qu'après de tels actes, quelque chose puisse me faire fuir.

Qui gagnerait à faire circuler de telles rumeurs selon vous ?
Je ne sais pas, mais il y a des gens qui en veulent aux Forces nouvelles. Ils voient les problèmes partout, et d'autres souhaitent qu'il y ait des problèmes. Mais, par la bénédiction de Dieu, ce combat-là, nous allons le mener, soudés autour du Secrétaire général et personne ne pourra nous dérouter. Encore une fois, je ne fuirai jamais ce mouvement.

Pouvez-vous revenir sur les différentes péripéties qui ont abouti à la signature de l'accord de Ouagadougou ?
Au niveau de l'accord de Ouagadougou, le Secrétaire général, lui-même, dans son adresse à la Nation, a tout dit, et de façon simple. C'est un accord qui a été signé librement pour la recherche de la paix et tout ce qui contribuera à la recherche de la paix en Côte d'Ivoire, les Forces nouvelles y souscrivent. Maintenant, un accord est un accord, il ne faut pas attendre que tout vienne facilement. Certaines personnes critiquent ces accords, c'est normal. Ils ont droit à leur opinion, mais les Forces nouvelles joueront leur carte avec la rigueur qu'on nous connaît. Quand le Secrétaire général appose sa signature quelque part, nous, les Forces nouvelles, l'appliquons. En tout cas, l'erreur ne viendra pas de nous. C'est un autre test que nous allons gagner et nous allons tout faire pour que cet accord emmène la paix en Côte d'Ivoire.

Quelle sera la réaction des Forces nouvelles au cas où le camp présidentiel ne respectait pas ses engagements ?
Nous n'en sommes pas là. Nous n'envisageons même pas que le camp présidentiel ne respecte pas ses engagements. Mais, si d'aventure le cas se posait, nous en prendrions acte et, en ce moment, vous aurez une suite à votre préoccupation. N'envisageons pas un cas d'échec, sinon ce sera la catastrophe pour la Côte d'Ivoire, et personne ne le souhaite. C'est le lieu ici d'encourager les acteurs et signataires dudit accord afin qu'on aille de l'avant et, au sortir de là, nous ayons des élections libres crédibles pour pouvoir envoyer la démocratie dans ce pays.

A Abidjan, il y a une opinion qui soutient que le service civique proposé par le chef de l'Etat pourrait être une arme fatale contre les Forces nouvelles. Quel est votre avis là-dessus ?
L'esprit qui prévaut chez Forces nouvelles, c'est de voir les choses positivement. Aussi, comme il n'y a pas d'accord sans risque, nous sommes prêts à prendre tous les risques pour la paix en Côte d'Ivoire. Nous avons dépassé l'étape de belligérance, surtout que nous sommes dans une nouvelle étape où il faut la conjugaison des efforts pour aller à la paix. Il faudrait briser le mur de méfiance pour donner une chance à la paix et traiter les difficultés au cas par cas.

Guillaume Soro est nommé Premier ministre à l'issue du dialogue direct. Pensez-vous qu'il sera à la hauteur pour ramener la paix en Côte d'Ivoire ?
Je pense franchement, sans démagogie et sans considération d'appartenance politique, que Guillaume Soro, depuis la Fesci jusqu'à la gestion de cette crise, a déjà fait ses preuves. Il s'est inscrit dans tous les accords, a participé à tous les dialogues. Il a aussi favorisé beaucoup de choses. Il a adhéré au G7 pour l'opposition. A tous ces titres, il a prouvé qu'il est capable de gérer un Etat. Et n'oubliez pas qu'il gère plus de 60 % du territoire. Et donc, pour quelqu'un qui a joué le rôle de chef d'Etat en gérant une situation de crise pendant 4 ans, je ne pense pas que l'on puisse s'interroger sur sa capacité à être Premier ministre. Je peux même affirmer que s'il y avait une candidature pour gérer la sous-région, je pense qu'il est le meilleur candidat.

Votre mouvement et l'opposition refusaient la levée de la ligne de confiance comme le souhaite le clan présidentiel. Force est de constater que les Forces nouvelles ont fini par céder. Pourquoi ce changement, qui laisse les populations pantoises et que leur garantissez-vous ?
Merci pour cette question importante. Les gens ne se sont pas encore mis dans l'état d'esprit de paix. Ils prennent les accords de façon linéaire. La levée de la zone de confiance est dans un chronogramme. Qu'on se mette à l'idée que tôt ou tard, s'il devrait avoir réunification de ce pays, la zone de confiance disparaîtra. En ce qui concerne les garanties, je pourrai dire que c'est après l'identification et la levée de tous les points qui constituent des blocages. Et quand la confiance entre les ivoiriens est installée, avec le centre de commandement intégré, on n'aura pas besoin de dire aux français de s'en aller. Sachez que la zone de confiance est juste là pour ne pas qu'on en arrive à de nouvelles belligérances. Sinon, pour ma part, je ne fais pas de la zone de confiance un problème, parce qu'elle disparaîtra d'elle-même si le chronogramme est respecté.

La 1721 n'a pas été au menu des négociations de Ouagadougou. C'est le constat que nous faisons. Avec la formation d'un nouveau gouvernement, est-ce à dire que la résolution des Nations Unies est mise au placard ?
Pas du tout. Quand on lit attentivement l'accord de Ouagadougou, il dit que toutes les dispositions de la 1721 seront respectées. A part les animateurs auxquels les gens font allusions, les grands chantiers de la 1721 comme la 1633 sont clairs. C'est, entre autres, l'identification, le Ddr et, en même temps, le redéploiement de l'administration. Et ces mêmes dispositions sont dans l'accord de Ouagadougou.

Que recommandez-vous pour parvenir à une paix durable en Côte d'Ivoire ?
Je vous demande, à vous la presse et aux populations, de vous approprier l'accord de Ouagadougou qui traite de tous les dossiers afin de parvenir à une paix durable.
Interview réalisée par
Bosco de Paré à Bouaké.
coulibalyssa@yahoo.fr

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