mardi 3 avril 2007 par Fraternité Matin

Un malfaiteur comparaissant devant le Tribunal dénonce avec insistance le Mdl N'Dri Yao Aubin comme étant son chef de gang.

Deux des trois membres du gang de malfaiteurs en treillis qui ont froidement abattus deux policiers de l'Unité d'intervention et de recherche (UIR) dans la nuit du 15 juin dernier, ont réussi à s'évader de la police. Maté Alexis, le seul de la bande qui était en détention préventive, a comparu, le jeudi dernier, devant le tribunal des flagrants délits. Le bandit, tout comme ses compères évadés, lors de leurs auditions à l'enquête préliminaire, dénonce avec force détails un gendarme commando comme étant le cerveau de la bande et le tueur, des deux policiers de l'UIR. Il s'agit du MDL N'Dri Yao Aubin, en service au camp commandos d'Abobo. Pour le meurtre des policiers, le prévenu Maté Alexis qui vient d'écoper de 15 années d'emprisonnement ferme, sera appelé à comparaître à nouveau et cette fois-ci, devant la Cour d'assises d'Abidjan.
Si le tribunal s'est montré moins répressif que le parquet qui, à la lumière de tous les éléments constitutifs du vol aggravé, avait requis la peine maximale de 20 ans de prison, cela est certainement dû à la " collaboration " du prévenu. En effet, contrairement aux habitudes des grands bandits dont le seul moyen de défense consiste à mener le tribunal en bateau, Maté Alexis, se sentant perdu, a fait preuve de sincérité. Il était d'une honnêteté telle que le tribunal, soupçonneux, a dû suspendre l'instruction de l'affaire pour faire venir à la barre l'officier de la police criminelle qui a conduit l'enquête. Ce dernier va confirmer en tous points la déposition du prévenu. De quoi s'agit-il ?
Comme nous le rapportions dans nos éditions des 17 juin et 14 décembre 2006, trois policiers de l'UIR appelés par téléphone pour contrer une attaque de bandits, sont tombés dans embuscade. Ayant aperçu des hommes en treillis, le Lt Diomandé Ouahou, 34 ans, et ses deux collaborateurs à bord de sa voiture, n'ont pas hésité à s'approcher, croyant avoir affaire à des collègues qui les avaient précédés sur les lieux. L'officier et l'un de ses collaborateur, en l'occurrence le Sgt. Adayé Koffi Beaugard, 37 ans, descendus de leur voiture ont froidement été exécutés. Caché sous les sièges du véhicule, le troisième policier a pu s'échapper. Six mois après ce crime qui a provoqué une onde de choc dans la population, va être interpellé à Grand-Bassam un certain Maté Alexis sur qui une femme, victime d'un braquage, a reconnu son portable dans le lot des objets qui lui ont été volés. Le bandit, arrêté par ce fait non moins grave, va s'avérer être l'un des bandits tueurs de policiers (voir notre article dans l'édition du 14 décembre 2006). Sous les indications de Maté Alexis, deux autres membres de la bande seront épinglés à Abidjan. Il s'agit de Zida Toussaint et un autre qui malheureusement ont réussi après plusieurs jours de détention à s'évader du violon. Mais avant que ces deux ne s'échappent, les trois bandits ont fait des aveux incriminant le MDL N'Dri Yao Aubin. Ce dernier entendu nie les faits sans convaincre.
Seul à la barre, Maté Alexis, comme s'il voulait véritablement se confesser, décrit, avec précision, la composition du gang que dirige selon lui le gendarme cité. Il avoue que le gang est auteur d'une vingtaine d'attaques à main armée et que c'est le gendarme qui fournit les armes et les treillis. Si les deux policiers ont été tués, c'est bien parce que, selon le prévenu, l'un d'eux a reconnu le gendarme. De peur qu'il ne soit dénoncé, il a fait abattre le Lt Diomandé Ouahou et son collaborateur.
Le tribunal, après avoir signifié au prévenu les poursuites qui vont s'en suivre devant la chambre d'accusation de la Cour d'Appel pour le meurtre des deux policiers, l'a condamné à 15 années d'emprisonnement ferme, à 10 ans de privation des droits civiques et à 5 ans d'interdiction de séjour.

Landry Kohon

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