mardi 3 avril 2007 par Fraternité Matin

Des difficultés apparues sur l'ossature de la nouvelle équipe entraînent d'autres discussions qui retardent la publication de sa composition.

Le nouveau Premier ministre est sur la brèche. Il a fait annuler sine die son rendez-vous prévu aujourd'hui à Daoukro avec Aimé-Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, et la séance de travail qu'il devait avoir cet après-midi avec le Chef de l'Etat. Hier, l'entretien que Soro Kigbafori Guillaume a eu, à Bouaké, avec Désiré Tagro, chef de la délégation du camp présidentiel aux discussions de Ouaga, semble avoir accouché d'une souris. Konaté Sidiki, porte-parole des Forces nouvelles, et le porte-parole de la Présidence de la République ont pris l'avion pour se rendre dans la capitale burkinabé à l'effet de rencontrer le Président Blaise Compaoré, le facilitateur. Il y a de l'eau dans le gaz.
C'est une véritable course contre la montre que le Secrétaire général des Forces nouvelles a engagée pour respecter le chronogramme qui fixe au 9 avril la formation du nouveau gouvernement. Il devrait procéder, sauf autre changement de dernière minute, demain à la passation des charges avec son prédécesseur. Et à défaut de tenir, comme la rumeur le laissait entendre, son premier conseil de gouvernement ce même jour, il souhaiterait être définitivement fixé sur l'architecture de l'équipe qu'il va diriger. D'où tout le branle-bas de combat de la Primature pour mettre les derniers points sur les i?. Les choses ne s'annoncent pourtant pas aisées. Comme il fallait s'y attendre, aucun des 36 membres du gouvernement sortant n'est candidat au départ. Exit certainement le renouveau et le rajeunissement de l'équipe gouvernementale qui était tant espéré avec la nomination de Soro à la Primature. Les tractations sont en cours et des pressions se font de plus en plus fortes. Le Worodougou (région dont le chef-lieu est Séguéla) voit d'un mauvais ?il que ses fils, Hamed Bakayoko (ministre des NTIC) et Youssouf Bakayoko (ministre des Affaires étrangères), soient dégommés.
Cette région pense qu'elle a déjà payé un lourd tribut à la situation qui prévaut pour être encore oubliée dans la répartition des portefeuilles. La guerre de leadership au sein des Forces nouvelles a conduit à la mise à l'écart du sergent Coulibaly Ibrahim dit IB, père présumé de la rébellion armée, que des chefs traditionnels koyaka ont publiquement renié pour soutenir Soro Guillaume, son rival. Sans compter qu'elle a coûté la vie aux partisans du chef de guerre qui sont entrés en dissidence à Bouaké et Korhogo, en 2005. C'est pourquoi Séguéla attend d'être récompensée pour sa loyauté.
En outre, le G7?, l'alliance du RHDP et des Forces nouvelles, a presque reconduit tous ses ministres sortants, en ne manquant pas d'y ajouter de nouvelles personnalités comme Guédé Guina, maire de Daloa (pour le compte du RDR). Résultat, les dix-huit départements qui sont réservés à cette coalition de parties et au PIT sont jugés insuffisants. Sur la base de l'architecture gouvernementale actuelle, le PDCI-RDA, le RDR et les Forces nouvelles totalisent seize portefeuilles ministériels. Il ne restera donc plus que deux départements à repartir entre trois partis politiques (PIT, MFA et UDPCI).
Aussi, le G7?, se servant de Soro Guillaume, man?uvre-t-il pour grignoter d'autres portefeuilles, ou alors obtenir l'augmentation des ministères pour contenter toutes les parties. Ceci explique sans doute le dévolu que le Premier ministre a jeté sur deux ministères qui sont tombés dans l'escarcelle de la mouvance présidentielle. Il s'agit des NTIC et des Affaires étrangères.
Mais les alliés, le poussant dans le dos, risquent de faire jouer à Soro Guillaume le mauvais rôle de celui qui ne respecte pas sa signature. L'accord de Ouaga a un garant: Blaise Compaoré, Chef de l'Etat du Burkina Faso et président en exercice de la CEDEAO. Dans cet arrangement politique où ce dernier à engagé sa crédibilité, il y a fort à parier que le Chef de l'Etat burkinabé ne s'en laissera pas conter.
Avant-hier, Laurent Gbagbo et son homologue du Burkina Faso ont eu, à cet effet, un entretien téléphonique. Car le Président ivoirien qui a mis tout en ?uvre pour réussir à imposer sa solution ivoiro-ivoirienne, n'acceptera jamais qu'elle soit sabotée. Un échec dans l'application de cet accord serait catastrophique; aucune possibilité de pourparlers ne pouvant plus être expérimentée, toutes les voies de recours tant extérieures qu'intérieures ayant été épuisées?, a prévenu le Chef de l'Etat dans son adresse à la nation, le 9 mars dernier. Il est prêt à tous les sacrifices, mais pas à des compromissions. Au plan sécuritaire, des consignes et des instructions fermes ont été données à toutes les unités pour annihiler toute velléité de manifestation déstabilisatrice. Au plan politique, à défaut d'un gouvernement de jeunes, il n'écarte pas de garder certains membres ? pas nombreux - de l'écurie de Charles Konan Banny qui ont fait la preuve de leur compétence. Explication, contrairement aux thèses récemment défendues à Yamoussoukro, le limogeage de l'ancien Premier ministre n'est pas un règlement de compte, ni une action dirigée contre un peuple.

Ferro M. Bally

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