mardi 3 avril 2007 par Le Temps

La caravane était à Bouaflé le week-end dernier. Pendant trois jours, elle a fait escale à Garango, Bonon et à Bouaflé ville.

A 324 km d'Abidjan, la ville de Bouaflé a retenu la caravane de la paix pendant trois (3) jours. Trois jours qui ont permis à la délégation conduite par Blé Goudé d'échanger avec les populations autochtones et allogènes de Bouaflé. C'est la place " tchintchin " -entendez le sable en malinké-, qui a servi de tribune à l'orateur de la caravane de la paix, le dimanche dernier. Ici, Blé Goudé a dit s'adresser à tout le monde sans exception, après réflexion: "Je vis comme une humiliation le fait que notre pays ait des problèmes ". Il s'est particulièrement adressé au nouveau premier ministre, Guillaume Soro. "Les Ivoiriens sont prêts à pardonner, a-t-il confié, mais tout dépend de lui. Il lui appartient de travailler avec le Président Gbagbo, afin de conduire la Côte d'Ivoire vers la paix". Blé Goudé a également proposé aux leaders ivoiriens de quitter le terrain de la guerre et prendre conscience de leurs problèmes. "Déchaînez votre esprit, leur a-t-il conseillé, car on ne peut pas mener une révolution avec un esprit enchaîné. Le temps où la France décide et l'Afrique exécute est terminé". Mieux, il a propose qu'ils doivent aussi prendre le micro pour parler de paix. Aussi, appelle-t-il les Ivoiriens à ne pas faire trop de commentaire autour de l'accord de Ouaga.

Garango et le problème identitaire

C'est d'abord le village de Garango (lieu de rencontre, en langue bissa au Burkina Faso), à 90% peuplé de ressortissants burkinabé qui a accueilli Blé Goudé et ses camarades, le vendredi 30 mars 2007. Le président de la jeunesse burkinabé a officiellement pris à témoin les imams Zouré Lassina, Billa Adama, le président local du CNI, Djébré Boubacar et celui du chef du village et El hadj Seydou Yoda (père du confrère Ali Yoda), pour informer qu'ils ont des problèmes identitaires. En effet, bien que le village de Garango soit naturalisé, sous le régime de Konan Bédié, les habitants de ce village continuent d'avoir d'énormes difficultés pour avoir les pièces d'identités et le certificat de nationalité. Il a aussi fait cas du manque d'eau potable pour cause de panne des pompes villageoises et l'absence de logement décents pour les instituteurs.
En réponse, Charles Blé Goudé a reconnu que le problème de l'identité est un problème réel auquel les autorités ivoiriennes doivent s'attaquer courageusement. Il leur a ensuite rappelé que si des policiers demandent très souvent à voir leurs papiers, cela n'est nullement le fait de Laurent Gbagbo. "Ce n'est pas Gbagbo qui a créé la police. Sous Houphouët, Bédié, Guéi et Gbagbo, la police a toujours existé. " C'est pourquoi, autant le village est officiellement reconnu comme un village ivoirien, a-t-il recommandé, autant il faut donner les papiers aux habitants ". Avant de les rassurer : "vous n'êtes pas des étrangers en Côte d'Ivoire, parce que vous êtes en terre africaine et je souhaite que tout redevienne comme avant. Tirons un trait sur le passé. Regardons ensemble, l'avenir dans la vérité et réglons nos problèmes nous-mêmes. Concentrez-vous sur votre travail. Lui seul peut vous donner votre dignité".

L'étape de Bonon

A Bonon, le deuxième jour, c'est-à-dire le samedi 31 mars dernier, le caravanier de la paix, a réaffirmé son accord avec la nomination de Guillaume Soro Kigbafori comme Premier ministre par le Président Laurent Gbagbo. "Si Soro a pris son décret des mains du Président Gbagbo, cela veut dire que le pouvoir est revenu ". Ce qui lui a fait dire " qu'il est temps d'aller à la paix ". Blé Goudé s'est dit offusqué de ce que l'ex-premier ministre Banny, alors que tous les Ivoiriens saluent l'accord de Ouaga -qui confirme la mort définitive des résolutions venues d'ailleurs pour tenter de régler la crise ivoirienne- ait fait dire que son ethnie est supérieure aux autres en Côte d'Ivoire. "Ce genre d'attitude emmène la guerre, a-t-il déclaré. C'est pourquoi, il faut bannir le tribalisme de notre langage". Pour lui, ceux qui se rabattent sur l'ethnie, n'ont rien à proposer au peuple. Ils doivent savoir qu'une mission a un début et une fin.

Frimo D. Koukou
koukoudf@yahoo.fr (envoyé spécial à Bouaflé)

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