mardi 3 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

"Ce livre est le témoignage de ma vie, de mon combat, de celui des Ivoiriens. Beaucoup de choses fausses ont été dites sur moi, sur le Président de la République et sur la Côte d'Ivoire. J'ai donc estimé qu'il me fallait dire ma part de vérité. Ce livre, c'est pour moi un moyen de continuer le combat, de le faire avancer ". C'est en ces termes que Mme Gbagbo a justifié les raisons qui l'ont poussée à livrer ses " Paroles d'honneur " au grand public à travers un livre témoignage de " ce qu'elle a vécu ", " un devoir d'information et de clarification ". A juste titre, elle avait donc, à l'en croire, souhaité que ce livre édité en France paraisse avant le dernier sommet France-Afrique de Cannes afin que tous les participants à cette rencontre sachent la vérité sur l'implication et le rôle de la France dans la crise ivoirienne. C'était hier dans le cadre des débats de la rédaction du quotidien Fraternité Matin dont elle était l'invitée. Au cours de ces échanges dont le livre " Paroles d'honneur " était en réalité un prétexte, tous les sujets de l'actualité politique ont été abordés. Sans faux fuyants, Mme Gbagbo a répondu aux préoccupations des uns et des autres. Concernant le dialogue direct, la première Dame a salué l'initiative, qui n'est rien d'autre qu'une reconnaissance de la souveraineté de la Côte d'Ivoire et s'est réjouie de la nomination de Soro à la primature : " l'essentiel est que ça nous permette de sortir de la crise ". Simone Gbagbo comme bien d'autres acteurs politiques constate donc l'échec de la dernière résolution onusienne sur la crise et explique les raisons de l'échec de l'ex-premier ministre Charles Konan Banny. " J'ai dit dès le départ que l'échec de la 1721 était prévisible et nous continuons de le croire. Certaines dispositions de cette résolution allaient contre la constitution. Nous l'avons constaté à la pratique. Banny n'avait pas la possibilité de signer des ordonnances. Ce n'était pas possible parce qu'il fallait avoir la caution de l'Assemblée Nationale. Or, vous savez qu'il n'a jamais voulu reconnaître la légitimité du parlement. Il n'a jamais voulu rencontrer les députés. En plus, contrairement à ce qu'on a voulu faire croire, Banny ne pouvait pas signer de décrets lois en conseil de gouvernement parce que c'est une structure informelle qui n'est pas habilitée à prendre des décisions. La 1721 en indiquant dans une de ses dispositions que le Premier ministre pouvait signer des ordonnances et des décrets lois a donc fait du faux. Malheureusement Banny y a cru ", a soutenu la présidente du groupe parlementaire Fpi. Et Mme Gbagbo de continuer pour dire qu'en réalité la communauté internationale a dû abandonner son désir de suspendre la constitution ivoirienne parce que " ça aurait été une grande première qui aurait créé des perturbations aussi bien en Afrique que dans le reste du monde ". Elle s'est donc félicitée que la crise ivoirienne ait " réglé beaucoup de problèmes au niveau international ". A juste titre, Simone Gbagbo a estimé qu'à l'instar des Ivoiriens, " les Africains doivent se lever pour revendiquer leur souveraineté. Il faut désormais oser se lever pour regarder les blancs en face et arracher notre indépendance ". Parlant de son parcours politique, et de celui du Fpi, l'auteur de " Paroles d'honneur " dit en être fière : " Je ne nie rien du combat que j'ai mené par le passé. Je reconnais que le Fpi a fait passer des nuits blanches aux anciens dirigeants de la Côte d'Ivoire. Et je crois que c'est ce qui a permis aux choses de bouger. Mais nous n'avons jamais eu recours aux armes ". Simone Gbagbo s'étonne donc de l'attitude de l'actuelle opposition. " Je reste surprise parce que nous n'avons jamais appelé à une lutte armée ou organisé une campagne de salissement de l'ancien régime lorsque nous étions dans l'opposition. Nous avons travaillé dans la clandestinité de 1972 à 1990 et à ciel ouvert de 90 à 2000. Mais jamais nous n'avons pris les armes alors que nous maîtrisions la rue. Malheureusement, c'est la méthode de ceux qui étaient au pouvoir et qui se retrouvent aujourd'hui dans l'opposition ", a insisté Mme Gbagbo. Ceci dit, la première Dame est revenue sur le rôle d'Ado dans la déstabilisation de la Côte d'Ivoire. A l'en croire, le leader du Rdr est le " fléau " qui a introduit le débat identitaire en Côte d'Ivoire du fait de " sa trop grande duplicité ". " J'attendais de lui qu'il n'ait jamais l'initiative de cette crise " a-t-elle révélé. Toutefois, pour elle, l'attitude du mentor du Rdr était prévisible puisque, selon elle, " il a instrumentalisé le Rdr pour régler ses problèmes de papier ". Et parlant justement du Rassemblement des républicains, la vice-présidente du Fpi a avoué que son parti est à l'origine de la création du Rdr. " Nous avons aidé le Rdr à se constituer pour casser le grand parti qu'était le Pdci. C'est une tactique politique. Et si c'était à refaire nous le referions. Ce n'était pas une mauvaise vision ". Mais selon elle, ce parti s'est détourné de son idéologie première avec l'arrivée d'Ado. C'est d'ailleurs, à l'en croire, ce qui a entraîné la sortie du Fpi du front républicain. Précisant que " c'est pour avoir été son allié que nous savons qu'il fait preuve d'une grande duplicité ". D'autres sujets comme l'affaire Kieffer ont été aussi abordés. Et pour Simone Gbagbo, l'histoire de la disparition de ce journaliste français tout comme celle de la mort de soldats français à Bouaké sont " des affaires montées de toutes pièces pour salir le Chef de l'Etat et son entourage ".

Mireille Abié

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