mercredi 4 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Les années 1990 en Côte d'Ivoire restent marquées dans les annales de l'histoire de notre nation par l'avènement du multipartisme. Ce multipartisme, qui sera perçu comme une avancée démocratique, va entraîner des soubresauts dans plusieurs secteurs de la vie de notre pays, au nombre desquels figure presque en tête de liste, l'Ecole ivoirienne.
Depuis 2002, la grave crise, qui secoue notre pays, a considérablement empiété sur la bonne marche de cette Ecole, autrefois notre fierté à tous. C'est fort de cette situation plus que jamais préoccupante que les associations de jeunesses confessionnelles scolaires et estudiantines que sont l'ACEEPCI (Association Chrétienne des Elèves et Etudiants Protestants de Côte d'Ivoire), l'AEEMCI (Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Côte d'Ivoire), la JEC (Jeunesse Etudiante Catholique) la JEP CMA(Jeunesse de l'Eglise Protestant CMA) la SEMUS(Stratégie d'Evangélisation en Milieu Universitaire et Scolaire ) réunies au sein d'une plate forme entendent donner leur position commune sur la situation actuelle de l'Ecole ivoirienne à travers un constat, suivi d' une analyse et enfin faire des recommandations pour permettre à notre Ecole de retrouver ses lettres de noblesse.

I-CONSTAT

Le fonctionnement actuel de l'Ecole, nous amène à faire les constats suivants:
-la succession des grèves et autres manifestations de mécontentement
-la forte perturbation du milieu scolaire et universitaire entraînant un prolongement anormal des années académiques qui courent sur 16 mois, voire 18 pour certaines.
-la dévalorisation du système éducatif et partant des diplômes
-la formation au rabais
-l'inadéquation entre la formation et les réalités du marché de l'emploi.
-les conditions de vie et de travail de plus en plus difficiles des enseignants et des étudiants.
-l'insécurité généralisée tant en milieu scolaire qu'universitaire (agression, viol, mort d'homme)
-l'atteinte grave aux franchises universitaires dont le dernier fait en date fut la descente des policiers sur le campus de Cocody.
-l'entrave à la liberté d'association et d'expression en milieu scolaire et universitaire.
-le bafouement et la perte de l'autorité.
- la quasi inexistence de l'Ecole en zone CNO (centre nord ouest)
-le manque d'enseignants.
-le départ massif des enseignants pour occuper des postes de responsabilité dans l'administration
-effectif pléthorique dans les salles de classe et les amphithéâtres
-l'imposition des cours de renforcement dans le primaire et le secondaire par les enseignants à des fins mercantilistes
-la corruption généralisée du système éducatif (recrutement parallèle, achat des places dans les universités, tricherie galopante, attribution des bourses et des chambres, etc.)
Tous ces faits ci-dessus mentionnés, nous inspirent l'analyse suivante.

II-ANALYSE

Comment une Ecole, présentant une telle image, peut-elle, produire à la nation ce dont elle a besoin ? La crise, que vit l'école ivoirienne, compromet insidieusement mais durablement, voire de façon irréversible le développement de la Côte d'Ivoire. L'université comme lieu de production, de diffusion de savoir joue un rôle déterminant dans la construction de tout pays. Elle est le lieu d'où sortiront ceux qui demain répondront au nom de la nation et à tous les niveaux. L'Ecole est un moyen de lutte efficace contre la pauvreté. Et pour paraphraser GARY BECKER, si le facteur travail est de qualité , cela agit de façon très significative sur la production. Une manière de dire qu'une formation adéquate et adaptée aux besoins sera source de croissance économique. Il est à noter que le monde connaît beaucoup de transformation, en l'occurrence la mondialisation .Dans ce nouveau contexte, la formation des hommes, l'entraînement des cerveaux, la capacité créatrice sont les nouvelles batailles pour l'avenir. N'est-ce pas de cela qu'a besoin notre pays ? En occultant les problèmes de l'Ecole, la Côte d'Ivoire engage son présent et son avenir dans une impasse. Les conditions de vie et de travail précaires tant des Enseignants que des apprenants entraînent une dévalorisation de tout le système éducatif ivoirien avec son corollaire de corruption généralisée et la violence sur les campus et les cités universitaires. La mauvaise santé de l'Ecole ivoirienne, c'est aussi le manque d'enseignant qui résulte souvent de leur départ massif vers l'administration pour y occuper des postes plus mirobolants. La qualité de la formation est considérablement entamée avec l'effectif pléthorique dans les salles de classes et les amphithéâtres. La récurrence des grèves dans le milieu scolaire et universitaire provoque des années académiques bâclées et des programmes inachevés. Les recrutements parallèles, la tricherie opérée par les apprenants sont aussi des maux qui ternissent l'image de notre Ecole.
L'on note que dans les zones CNO (centre, nord, ouest), ce sont des milliers d'élèves et d'étudiants qui sont sacrifiés sur l'autel de la crise militaro-politique dont la fin heureusement est annoncée pour très bientôt. Ils sont devenus l'objet de chantage des politiques.
S'agissant des dernières revendications des enseignants du primaire,du secondaire et du supérieur, il ne fait l'ombre d'aucun doute que celles-ci sont légitimes, mais l'opportunité de telles actions ne saurait mettre en berne ni compromettre la formation et l'avenir de leurs enfants que nous, élèves et étudiants, sommes.

III-RECOMMANDATIONS

Face à cette situation peu reluisante, la plate forme des associations de jeunesses confessionnelles, scolaires et estudiantines recommande :

Aux autorités
-l'amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants et des étudiants
-la promotion du mérite et de l'excellence
-la tenue effective du forum sur l'Ecole
-la refonte de tout le système éducatif
-de trouver une solution durable et définitive aux différentes revendications des enseignants et des chercheurs
-de garantir la liberté syndicale de tous les citoyens, et regrettons l'emprisonnement dont ont été l'objet certains enseignants ainsi que la rétention de salaire de plus de 2000 parmi eux.

Aux enseignants
-l'amélioration de la qualité de la formation
- plus de conscience professionnelle dans l'exercice de leur travail qu'ils doivent regarder comme un sacerdoce
- de faire preuve de dépassement pour sauvegarder l'intérêt général de l'Ecole.

Aux élèves et étudiants
-l'abandon de la facilité au profit de l'effort intellectuel.
-le respect de l'autorité des enseignants et des responsables administratifs
-l'acceptation de la différence et le respect des droits et libertés d'expression et d'association pour la quiétude en milieu scolaire et universitaire.
La plate forme des associations de jeunesses confessionnelles, scolaires et estudiantines se félicite par ailleurs de la reprise effective des cours et espère qu'aucune interruption ne viendra freiner à nouveau cette dynamique. Elle remercie et encourage les partenaires au développement de l'Ecole pour leur appui aux autorités. Les exhorte à étendre leurs aides aux autres acteurs de l'Ecole dont les associations de jeunesses confessionnelles scolaires et estudiantines qui jouent un rôle important dans la pacification de l'Ecole ivoirienne.
A toute la société ivoirienne, l'Ecole étant un bien commun, nous l'exhortons à une prise de conscience quant aux maux qui la minent et l'invitons à une plus implication dans leur résolution.

Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire.
Que Dieu restaure l'Ecole ivoirienne
Fait à Abidjan, le 02 Avril 2007

Pour l'ACEEPCI
SOMBO ATSE FRANCK
Pour l'AEEMCI
L'Amir YEO KANABEIN OUMAR
Pour la JEC
TRAORE D AXEL
Pour la JEP CMA
ZAHUI BROU FRANCK
Pour la SEMUS
BOKA LUCIEN

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