mercredi 4 avril 2007 par Le Front

Sanogo Soungari est le président de l'Association des ressortissants de Ferkessédougou pour le développement (ARFD). Dans cet entretien, il salue l'apaisement du climat socio-politique, prémices de la reprise de leurs activités. Il revient sur les objectifs détaillés de l'association.


M. Sanogo Soungari, vous êtes le président de l'association des ressortissants de Ferkessédougou pour le développement (ARFD). Quels sont les objectifs principaux de votre association ?

Notre association a pour objet de contribuer au développement économique, social et culturel de Ferkessédougou, dans un esprit d'amitié, de fraternité et de solidarité. Il s'agit également pour nous, d'entreprendre, de créer (directement ou indirectement) toute réalisation à caractère économique, social et culturel au bénéfice des populations de Ferkessédougou ou en faveur de ses membres. Nous entendons aussi et surtout favoriser, établir et développer des relations fraternelles, entre les membres sans distinction d'opinions politiques et d'appartenance religieuse. C'est pourquoi, nous incitons toute personne, notamment les cadres, à s'intéresser et à participer à toutes activités économiques, sociales et culturelles de Ferké. Nous avons l'intention manifeste de réaliser ou de participer à toutes opérations contribuant au bien-être des populations de Ferké.

Concrètement et de façon détaillée, qu'entendez-vous mettre en ?uvre pour le bien-être des populations ?

De façon concrète, nous voulons viabiliser le département. Mais en quoi faisant ? En créant les conditions de la fourniture d'eau et d'électricité à nos populations. Il faudra donc pour réussir cela, multiplier les forages d'eau dans les villages pour que les populations aient accès à l'eau potable. Car, sans eau pure, ce sont les maladies ensuite, la mort. Il y a aussi la santé qui est l'une de nos préoccupations majeures. Il faudra donc construire des hôpitaux, des dispensaires et des maternités dans le département. Et prendre la question du Sida au sérieux. Il faut aider la population à s'éloigner de ce fléau. Car, qui dit développement dit santé. N'oublions pas l'école. Il s'agira d'encourager les enfants à aller à l'école. Parce que sans cela, il n'y a pas d'évolution, donc pas de développement. A cet effet, il nous faut des écoles primaires, des collèges et lycées, et pourquoi pas des universités dans notre département. On en a besoin dans la mesure où certains de nos parents n'ont pas les moyens financiers pour accompagner leurs enfants, affectés loin d'eux.
Evoquons la question de l'agriculture. Il est nécessaire de développer ce secteur. Chez nous, il faut faire avancer la culture de l'anacarde, du coton et du maraîcher. Sur ce point, cent onze (111) femmes environ, toutes membres de l'ARFD s'adonnent à ce secteur spécifique. Et il est bon de les aider. Que dire de l'élevage ? Vous savez bien que notre département est propice à l'élevage. Concernant la jeunesse, il ne faut pas passer sous silence la culture et le tourisme. Aider le jeune Sénoufo à faire du ?'poro'', c'est l'aider à être fort, à être téméraire et discret. Toutes choses qui sont importantes pour un homme. Il faut donc les y encourager car, si le ?'poro'' meurt, c'est la culture sénoufo qui disparaît. Entre la culture et le tourisme, il y a un lien. Et si la culture sénoufo se développe, le tourisme dans nos zones, il va de soi, va se développer. Il faut alors donner un coup de fouet à la construction de complexes hôteliers censés accueillir les touristes.
La jeunesse est aussi au centre de nos préoccupations. Il y a ceux qui n'ont aucun diplôme et qui ne travaillent pas. Il y a aussi ceux qui ont des diplômes et qui n'ont rien eu à faire et ceux qui ne sont même pas allés à l'école. Il est de notre devoir de créer des emplois, afin de les maintenir sur place pour le développement du département. Et le jeune Premier ministre qu'on a, en est conscient eu égard à son esprit d'ouverture et d'entreprise. Ajoutons qu'il y a une proposition concrète du chef de l'Etat. Et c'est le service civique. Je crois qu'il faut encourager les jeunes à s'intégrer. Au niveau du département, il faut les organiser. Et si possible, notre action pourrait être d'entreprendre des contacts qui peuvent nous permettre d'avoir les moyens pour les accompagner. Des institutions internationales et des ambassades ont promis de nous aider à former près de 5000 jeunes à la conduite d'automobile après cette crise. Et tout cela ne peut être possible que si l'entente existe entre les filles et fils du département. C'est pour quoi nous insistons sur la solidarité des enfants de Ferkessédougou.

Pourquoi avez-vous attendu la nomination de votre fils au poste de Premier ministre, pour multiplier les déclarations. D'aucuns penseraient à un opportunisme de votre part. Qu'avez-vous posé comme acte avant ces instants ?

Voyons ! Cela n'a rien d'un opportunisme. Sachez que notre association est mise sur pied depuis mai 2001 sous le récépissé de déclaration n°242 /NT/AG du 15 mai 2001. L'association était donc en gestation. Et nous avons poursuivi les démarches administratives pour pouvoir avoir tous les documents nous permettant d'être fonctionnels. C'est en octobre 2002, c'est-à-dire en pleine guerre que nous avons été reconnus comme tel par l'Etat de Côte d'Ivoire. La déclaration d'association a été publiée au journal officiel n°41 du 10 octobre 2002. Voyez qu'en pleine guerre, la situation socio-politique ne nous permettait pas de commencer la mission que nous nous étions assignée. Quelles institutions et quelles ambassades iraient vous aider ? Mais la situation actuelle, propice au retour à la paix, nous avons estimé qu'il fallait accompagner ce mouvement. C'est pour nous le retour à la quiétude. Tous nos membres se sont donc réunis chez le vice-président de l'association, Koné Siaka ici à Abidjan pour donner le top- départ de nos activités. Et l'un de nos membres des Etats-Unis d'Amérique, en la personne de Diallo Aly, un authentique fils de Ferké, un haut cadre basé à Washington, nous a appelés au téléphone, pour dire qu'il était heureux que nous ayions lancé nos activités et que tous, ils étaient prêts à soutenir leur frère, le Premier ministre Guillaume Soro. Je crois donc qu'il faut être clair, nos sorties ne sont pas liées à la nomination de Soro comme Premier ministre. Nous avons tout simplement constaté que les deux parties qui avaient pris les armes ont décidé de dialoguer directement et de faire la paix. Nous avons donc estimé qu'il fallait, tout joyeux, croire en cette paix qui s'annonçait. Ce dialogue direct aurait pu aboutir à la nomination d'une personnalité autre que Guillaume Soro à la primature. Ce qui nous préoccupait, c'était la paix qui pointait du nez. Quel que soit le Premier ministre qui allait arriver, nous étions prêts à reprendre les activités de l'association pour le développement du département de Ferkessédougou.



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