mercredi 4 avril 2007 par Fraternité Matin

Travailler dans ce bâtiment de l'Etat est devenu un véritable parcours du combattant. Ses locataires rallient, très souvent, vingt-huit étages à pied.

Immeuble CCIA, un matin du mois de mars. Onze personnes, dont 4 femmes s'engouffrent dans un ascenseur. Las de patienter dans un rang sans queue, aucun parmi ces responsables, n'a voulu attendre le prochain tour. En dépit des recommandations d'un des techniciens des ascenseurs. Qui, de façon insistante leur indiquait que son appareil ne pouvait supporter qu'au plus 10 personnes à la fois. Ils se sont donc enfermés dans la cabine. Quelques instants plus tard (environ 10 minutes), arrive à pas pressés, vers le même ascenseur avec en main une clé le technicien de maintenance qui, entre temps s'était éloigné. " L'ascenseur est bloqué au sous-sol ", répond-il aux nombreuses questions qui fusaient du rang. Avant d'introduire la clé dans une serrure de la cabine. Aidé par un de ses collègues qui l'a rejoint aussitôt, le technicien réussira à faire remonter au rez-de-chaussée, les 11 " passagers " et à ouvrir les portes de l'appareil. Trempés de sueur et essoufflés les infortunés se précipitent dans le hall. " Ne descendez pas tous ! Qu'une seule personne descende ! D'ailleurs, c'est ce que je vous ai demandé au début. Si vous êtes 10, vous allez monter ", rassure le technicien. Pourtant, visiblement, il prêche dans le désert. Ni les victimes, ni ceux qui attendent dans le rang n'acceptent d'expérimenter ses recommandations. On entend çà et là : " Mon frère, c'est bon. On va attendre l'autre. Même s'il faut attendre une heure encore, je suis prêt. Je n'ai pas envie d'abandonner mes enfants pour une affaire d'ascenseur ". Quelques-uns qui allaient aux premier et deuxième étages changent d'avis et prennent les escaliers. " Ce qui vient de se passer est insignifiant par rapport à ce que j'ai vécu, il y a trois mois environ ", indique M. Atsin René, responsable dans une structure abritée par l'immeuble. " Un jour, j'ai passé avec 6 autres personnes, plus de 45 minutes dans l'ascenseur bloqué dans le mur ", confie-t-il. Selon lui, les ascenseurs de l'immeuble CCIA ne sont pas tous en bon état. " Ce sont des appareils qui datent de plus de 20 ans. Il faut qu'on les remplace le plus tôt possible. Pour éviter des dégâts ", conseille-t-il. A la suite de M. Atsin, plusieurs autres personnes confient avoir fait d'amères expériences en compagnie des ascenseurs de l'immeuble CCIA. Parmi elle, M. Guédé Alain, homme d'affaires résidant en France. Il est en Côte d'Ivoire depuis quelques jours pour établir un code occasionnel. Ce document s'édite dans un bureau, au 24 étage de l'immeuble CCIA. Il a entamé le dossier il y avait à peine, une semaine. Et pendant ce temps, le " Parisien " dit avoir vécu deux terribles mésaventures avec les ascenseurs du CCIA. " La première fois, c'était le vendredi 23 mars, jour du dépôt de mon dossier. J'étais au 24è étage lorsqu'on nous a fait savoir que tous les ascenseurs de l'immeuble étaient en panne, Il était environ 15h 30. Et jusqu'à 17 heures, la situation était la même. J'ai dû descendre à pied, tout comme de nombreuses personnes. La seconde fois, c'était le premier rendez-vous, jour du retrait. Qui ne sera d'ailleurs pas respecté. Ce jour-là, j'ai passé près de plusieurs minutes dans l'ascenseur, en train de chercher le 24ème étage. Tout simplement parce que l'appareil donnait de fausses signalisations. Soit, il n'affiche aucun numéro. Puis, subitement l'écran indique 22è, 23è, 24è. Et dès que vous descendez, vous vous rendez compte que vous êtes par exemple au 17è ou au 26è étage ", confie-t-il. Au fil des jours, les plaintes se multiplient dans ce grand bâtiment de 28 étages. On déplore la faiblesse du nombre d'ascenseurs qui fonctionnent. On regrette également le fait que ceux qui fonctionnent, n'inspirent pas toujours confiance. A tel point qu'on aperçoit chaque matin, de longs rangs. Dans lesquels, il faut attendre plusieurs minutes avant de pouvoir rejoindre son service. Et pourtant, ce sont des milliers de personnes qui fréquentent chaque jour, cet immeuble. En effet, l'immeuble CCIA abrite plusieurs structures du ministère de l'Industrie et du commerce. Il s'agit entre autres, de la direction du développement industriel, de l'inspection générale, l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), l'APDF (Project Development Facility), du réseau-télécom-informatique-service. La Caisse générale de péréquation des prix, l'agence de voyages et de tourisme, l'APEX-CI (Association pour la promotion des exportations en Côte d' Ivoire), le Centre de promotion des investissements en Côte d'Ivoire (CEPICI) logent également dans cet immeuble. Sans oublier les cabinets d'avocat, d'huissier de justice et autres auxiliaires de justice. Selon un responsable de Siegim-CI (l'entreprise qui s'occupe de la gestion technique de l'immeuble), qui a requis l'anonymat, seulement 5 ascenseurs sur 13 fonctionnent dans l'immeuble. Et cela, précise-t-il, depuis plus de trois ans. " Nous avons adressé plusieurs courriers au gouvernement qui a toujours répondu favorablement. Mais les réparateurs ne sont jamais arrivés. L'entreprise qui a le contrat avait promis de débuter les travaux depuis le 15 mars. Hélas ! ", déclare-t-il. Avant d'indiquer qu'il reste cependant optimiste. Parce que, dit-il, plusieurs immeubles de la place étaient dans ce cas, il y a quelques mois. Il s'agit entre autres, des tours administratives, de l'immeuble " Postel 2000 " et même de l'hôtel Ivoire. " Mais au fur et à mesure les ascenseurs de ces immeubles ont été réparés pour certains et changer pour d'autres ". Information confirmée par M. Akpali Amon Jean Philippe, le responsable " Siegim " du département de l'ATCI. Selon lui, les 8 ascenseurs de l'immeuble " Postel 2000 " où il travaille sont en pleine réfection, depuis quelques semaines. " Tout est en train d'être réhabilité. La batterie haute (les ascenseurs qui vont jusqu'au sommet de l'immeuble) est finie. Il ne reste plus que la batterie basse. Il en est de même pour les tours où tout est refait depuis quelques mois. Au grand bonheur des locataires et autres visiteurs. Il ne reste donc plus que l'immeuble "CCIA " dont les locataires attendent impatiemment le début des travaux. D'ici là, ils devront se contenter des cinq ascenseurs qui continuent de tourner. Même s'ils se trompent souvent de destination.

Casimir Djézou

Entre nous : Prise de conscience

La Côte d'Ivoire, vitrine de l'Afrique! Hélas ! Cette image ne lui colle plus depuis belle lurette. Les immeubles qui faisaient jadis la fierté du peuple ivoirien sont en ruine. Le CCIA n'est qu'un cas isolé parmi tant d'autres. Le Plateau regorge d'immeubles aux vitres brisées, aux murs crasseux, aux toilettes délabrées. Sans compter les ascenseurs qui ne fonctionnent presque jamais. Au CCIA, sur 13 ascenseurs, seuls 5 sont fonctionnels. Et ces 5 qui sont supposés être en bon état jouent de sales tours aux usagers. Peut-on se douter un seul instant que cet immeuble d'aussi grand prestige ait ce genre de problème ? Non bien sûr. Et pourtant des centaines de personnes sont confrontées tous les jours aux pannes incessantes. Parmi elles, des personnalités. Rester engouffré dans une boîte pendant des minutes au risque d'être asphyxié. C'est frôler la mort. C'est vivre un calvaire. Qu'attendent donc ces personnalités de l'Etat pour réagir ? Il ne suffit pas de confier l'entretien à une quelconque entreprise. L'Etat doit jeter un regard sur ces édifices qui jadis faisaient notre fierté. C'est bien de construire de beaux édifices. Mais il faut savoir les entretenir afin qu'ils continuent de faire la fierté de notre chère patrie.

Par Nimatoulaye Ba

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