mercredi 4 avril 2007 par Notre Voie

L'information circule à Ouaga dans le milieu de la presse burkinabè. Il y a peu, l'ancien Premier ministre et ancien gouverneur de la BCEAO était dans la capitale politique burkinabè pour une audience avec le président du Faso, facilitateur du dialogue direct. Venu pour s'informer auprès du président Compaoré sur la tournure que pourraient prendre les négociations, Charles Konan Banny a eu plutôt la mauvaise surprise d'apprendre que ce que disait la presse depuis belle lurette n'était pas un leurre. Les deux parties au conflit ont effectivement pris la décision de ne pas reconduire son mandat. Le ministre burkinabè de la Sécurité, Djibril Bassolé, l'homme des tâches difficiles, était chargé de donner l'information au chef du gouvernement ivoirien. Selon des témoins, Bassolé a eu, comme de coutume, les mots qu'il fallait pour ne pas heurter la sensibilité de Banny. Connu pour sa mesure, sa tempérance, surnommé par ailleurs M. ni un mot de plus ni un mot de moins?, Bassolé a expliqué à Banny que cette décision a été prise dans l'intérêt supérieur des Ivoiriens, des amis de la Côte d'Ivoire et de toute l'Afrique. Car, a-t-il expliqué, la crise dure et la réunification ne vient pas, malgré le travail incommensurable que lui, Banny, a abattu. Ces mots qui, dit-on, auraient pu cajoler, bercer Banny, en d'autres circonstances, l'ont, bien au contraire, assommé. A sa sortie d'audience, raconte un témoin, il tenait à peine sur ses jambes et avait les traits d'un boxeur qui venait d'être sauvé par le gong. Il tremblait de tout son corps. Placé entre le ministre des Affaires étrangères et celui de la Sécurité, il donnait l'impression d'être absent et regardait dans le vide. Mais, curieusement, les deux ministres ne semblaient pas préoccupés outre mesure par la souffrance morale de leur hôte. C'est M. Adama Bictogo seul, se souvient le témoin, qui le tenait par la main et lui disait des mots d'encouragements. Le témoin en question se souvient encore de la conversation que le chef du gouvernement a eue avec son conseiller en exil au Burkina Faso. Après avoir poussé un gros soupir, Banny demande : Qu'est-ce qu'on fait ? où on va ? Et Bictogo de répondre : On va à l'hôtel, Monsieur le Premier ministre. Quel hôtel ? demande Banny. Lybia hôtel, Monsieur le Premier ministre, répond Bictogo. Ok, on y va, tranche Banny. Mais, je vous le dis, il était lessivé et n'a pas bien pris la nouvelle de son débarquement. Je crois qu'il ne s'y attendait pas du tout?.
C'est d'autant plus important, cette précision de ce Ouagalais que jusqu'à la dernière minute, Banny y croyait toujours au point d'envoyer à Ouagadougou, à l'hôtel Sofitel où se déroulaient les travaux du dialogue direct, son chargé de mission Empyrius Abonouan, pour rencontrer les deux belligérants et faire passer le message de son patron. Il a échoué lamentablement puisque non seulement il n'a pas eu à échanger avec les chefs de délégation mais il a été poliment éconduit (c'est un euphémisme) par une des deux. Ne parlons même pas du fameux meeting de la Place Jean-Paul II de Yamoussoukro qui a fini par faire comprendre que pour le prince de Morofê, c'en était terminé. Banny Bori bana quoi !



Abdoulaye Villard Sanogo

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