Les femmes regroupées au sein de l'Union des femmes patriotes de Côte d'Ivoire ont organisé un meeting sous le vocable de Caravane de la paix le 1er avril dernier à la place Laurent Gbagbo? à Gagnoa. L'objectif de cette cérémonie était d'expliquer, aux populations, la situation socio politique en Côte d'Ivoire et surtout faire comprendre aux uns et aux autres l'intérêt de l'Accord de Ouagadougou. Cette caravane de la paix était plutôt une occasion pour convaincre les refondateurs angoissés quant au récent recul du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, face Soro Guillaume, Secrétaire général des Forces nouvelles (rébellion armée) qui tient 60% du territoire ivoirien depuis le 19 septembre 2002. En effet la population de Gagnoa, notamment les partisans du Woudy sont présentement sceptiques et coléreux. Ils ne comprennent pas que Laurent Gbagbo ait nommé Guillaume Soro à la Primature, alors que ce dernier a été traité de tous les noms, à travers les médias et les meetings dans les différentes sous-préfectures et communes de Gagnoa. La quasi-totalité des refondateurs, dans cette localité, est difficilement convaincue de voir le régime chanter les louanges du chef de file de l'ex-rébellion et de croire que ce dernier va devenir la deuxième personnalité du pays. Beaucoup de cadres, militaires, jeunes recrues et miliciens posent la question suivante : pourquoi Laurent Gbagbo a donc dilapidé les deniers publics dans l'achat d'armes et provoqué la mort de plusieurs jeunes au front, alors que la solution à la crise ivoirienne était à Ouaga ? C'est- à- dire faire la paix avec Soro ? Face à cette douloureuse situation considérée comme une trahison , les femmes sont venues de Guibérooua, Bayota, Ouragahio pour comprendre les vraies raisons de cet acte. Et pour calmer les esprits, c'est Geneviève Bro Grégbé qui a été dépêchée pour animer un meeting à Gagnoa pour rassurer les uns et les autres. Le combat du chef de l'Etat Laurent Gbagbo n'est pas encore perdu , a- t- elle dit. Par conséquent, elle a insidieusement commencé le meeting par un cantique chrétien qu'elle a chanté de vive voix. La main du Seigneur m'a montré sa puissance. La main du Seigneur m'a fait triompher. Je ne mourai pas et je vivrai pour proclamer les ?uvres du Seigneur. Malgré tout, l'atmosphère n'était pas reluisante pour croire en un tel chant présumé spirituel pour le réconfort moral. La nomination de Guillaume Soro, à la Primature, selon la présidente de l'Union des femmes patriotes? de Côte d'Ivoire, par le chef de l'Etat, est un moyen pour mettre définitivement fin à la crise ivoirienne. Nous sommes venues célébrer la paix avec vous. Parce que le président Laurent Gbagbo a tendu la main à Soro Guillaume qui a bien voulu la saisir. Parce que nous considérons que la Côte d'Ivoire est en paix à partir d'aujourd'hui. Grâce au dialogue direct que le président Gbagbo a initié, nous avons la paix. Parce que c'est un accord des Ivoiriens. Personne ne les a obligés. Ils se sont assis pendant un mois à Ouaga pour réfléchir et trouver un accord qu'ils ont signé. Nous y croyons , a-t-elle déclaré face aux femmes. Pour Bro Grébé, Guillaume Soro est aujourd'hui Premier ministre parce qu'il a pris les armes et qu'il est le seul à désarmer ses camarades. Pour aller à la paix, nous apprécions que Soro soit Premier ministre. On nous a fait la guerre pour rien. Nous avons presque fait cinq (5) ans de guerre. Qu'avons-nous gagné ? Rien. Que de meurtrissures. Nous ne voulons plus de la guerre en Côte d'Ivoire. Plus jamais, un Ivoirien ne peut prendre encore une arme contre son frère ivoirien. Votre Gbagbo n'a rien fait de mal. Il a voulu que le secteur de l'économie ne soit plus monopolisé. Voilà pourquoi Jacques Chirac a fabriqué la rébellion contre nous. La rébellion en Côte d'Ivoire est une véritable fabrication de Jacques Chirac pour empirer votre souffrance. Voici les vraies raisons de la rébellion. Maintenant qu'on connaît tout cela. Et qu'on a trouvé un accord, nous allons partir à la paix , a-t-elle conclu. Signalons que le ministre de la réconciliation nationale M. Sébastien Dano Djédjé et le député Martin Soukouri Bohui, venus accompagner le chef de l'Etat à Mama, son village natal, étaient à cette cérémonie.
Jean- Antoine Doudou