mercredi 4 avril 2007 par Nord-Sud

Paroles d'honneur ! On ne peut et on ne doit en douter. Les mots traduisent la pensée et ce qui est dit est certifié sincère. Qui ne se rappelle que le juge demande à tout témoin de jurer de ne dire que la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ! Et Simone parla. Dans son livre Paroles d'honneur , la compagne du chef de l'Etat et véritable détentrice du pouvoir au sein du Front populaire ivoirien, le parti aux affaires, a livré la vérité, sa vérité. Les choses pouvaient en rester là. Puisque toute vérité humaine est par nature relative. Mais comme elle a inscrit l'exercice sous le sceau de l'honneur, alors, la vérité de la Première dame se frotte et confronte les autres. Particulièrement celles des autres témoins et contemporains de l'époque des événements racontés. Et sur ces événements, on découvre que la posture du témoin auteur acteur est bien volatile. Normal. Devant tout tribunal, chaque partie a un objectif : remporter le procès. Devant celui de l'histoire, Mme Gbagbo n'a pas dérogé de cette logique. Pas étonnant alors qu'elle dispose de toutes les preuves pour accabler ceux qui sont en travers de son chemin. Elle sait par exemple que la guerre en Côte d'Ivoire, est du fait de l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara. C'est lui qui en a pris l'initiative et plongé le pays dans la tragédie. Une affaire de rébellion, il y a en général des connections et des ramifications. Il faut des enquêtes, des moyens, et du temps pour remonter les filières et les niveaux d'implication. Mais l'auteur de Paroles d'honneur en un tour de bras a bouclé son opération et livré son verdict. En réalité, il n'y a pas de quoi s'étonner. La brave dame très visitée par la foi n'est pas loin des saints. Un miracle est donc tout à fait à sa portée. Actrice de premier plan dans le pouvoir qu'exerce son époux, le témoin des faits qui ont jalonné notre quotidien ces dernières années n'est pas également loin d'un autre miracle, quand Simone tente de nous faire admettre qu'elle doute de l'enlèvement de Guy André Kieffer. Ce journaliste franco canadien disparu au coeur d'Abidjan en plein soleil. Elle pousse la froideur jusqu'à mettre en doute le bombardement du casernement de l'armée française en novembre 2004 à Bouaké. Si le bombardement n'est pas certain, la mort annoncée des neuf soldats est donc une farce ! Pour atténuer un tel discours qui pourrait choquer et être considéré comme un cynisme de mauvais goût, la religieuse vient au secours du politique : J'ai beaucoup de respect pour l'être humain et pour sa vie. Alors question : Comment celle qui a la possibilité de tout savoir sur une affaire complexe comme les responsables cachés de la rébellion peut-elle être dans le doute sur un bombardement et un enlèvement ? Entendre Simone et prendre la réelle mesure du système qui tient le pays en ce moment. C'est au moins cela de gagné !

D. Al Seni

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