mercredi 4 avril 2007 par Nord-Sud

Les bureaux des tours administratives et des différents bâtiments abritant les services publics sont désertés par les fonctionnaires en attendant le nouveau gouvernement.

Plateau, rez-de-chaussée de la Tour D de la cité administrative, siège de plusieurs cabinets ministériels, il règne une ambiance terne cet après-midi du mardi. D'habitude surchargés, les ascenseurs sont presque vides. Au 25ème étage, trois vigiles assis autour d'une table devisent tranquillement. L'un d'eux, assis sur une chaise, penché en avant, le menton sur les deux mains semble avoir cédé aux délices du sommeil. Son voisin de droite lit religieusement un livre. Le troisième se cure les ongles. Cette ambiance penaude est quelques peu perturbée par notre apparition au seuil de l'ascenseur. Lorsque nous demandons à rencontrer un chef de service en poste au ministère logé dans ces lieux, l'un des vigiles répond d'un trait : Il n'est pas là. Vous ne trouverez presque personne en poste actuellement. Ils sont tous rentrés. Un tour dans les allées permet de constater que beaucoup de bureaux sont aussi fermés à double tour. Les vigiles indiquent que les secrétaires font la sieste. Nos patrons sont sortis. Certains pour se restaurer et revenir, d'autres pour rentrer à la maison et ne plus revenir jusqu'à demain, confie l'une des secrétaires en poste dans un ministère situé au 16è étage. Dans l'attente du nouveau gouvernement, le temps semble s'être arrêté pour de nombreux fonctionnaires et agents de l'Etat. D'autres secrétaires de directions et de cabinets que nous avons rencontrées ont confirmé qu'elles chôment effectivement. Tout tourne au ralenti ici. Mon patron passe plus de temps hors du bureau. Son sort étant lié au ministre, il attend que celui-ci soit maintenu au gouvernement avant de reprendre le travail correctement , explique cette dame. Un conseiller technique d'un ministère logé au Postel 2001 nous dit la même chose. Son patron est occupé à faire du lobbying afin de ne pas perdre son poste en cas de départ du ministre actuel.

Chacun attend de connaître son sort

Notre chef se promène au Plateau pour rencontrer toutes les personnalités influentes capables de lui garantir son emploi. Il se méfie de tout le monde ici au bureau et évite de parler de peur dit-il de se mettre des gens à dos, soutient notre interlocuteur. D'autres témoignages recueillis dans les bureaux de la Caistab révèlent que des directeurs de projets refusent carrément d'entreprendre dans cette atmosphère de fin de règne pour beaucoup de ministres, de peur que leurs projets ne leur soient volés par les éventuels remplaçants qui rôdent. Si je dois partir en même temps que mon ministre, je préfère garder mes idées pour les mettre en ?uvre au sein du nouveau ministère qui me fera confiance, argumente un ingénieur agronome. Outre l'attente du nouveau gouvernement, l'absence de budget est un facteur qui bloque le bon fonctionnement de l'administration. Des agents de l'Etat expliquent leur indolence par les difficultés pour obtenir les financements pour exécuter leurs tâches. Il manque le minimum pour travailler, s'emporte un chef de cabinet. Parfois pour réparer un ordinateur en panne, nous sommes obligés d'attendre plusieurs jours voire des mois. Les bons de carburant arrivent au compte gouttes ou largement en retard. La Loi de finances 2007 est prête dit-on depuis janvier. Mais elle n'est pas encore mise en ?uvre ; ce qui bloque nos activités principales, affirme le chef de cabinet. Vivement que le gouvernement Soro se mette au travail, ne cessent de clamer certains fonctionnaires.

Nomel Essis (Stagiaire)

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