mercredi 4 avril 2007 par Nord-Sud

Le conseiller spécial du président ivoirien Laurent Gbagbo, Désiré Tagro et le porte-parole des Forces nouvelles (FN), Sidiki Konaté ont été reçus lundi 2 avril à Ouagadougou par le président du Faso, M. Blaise Compaoré. Les deux hommes sont venus faire part au facilitateur du dialogue inter ivoirien, d'un accord conclu pour la formation du nouveau gouvernement.

Décidément, les signataires de l'accord politique de Ouagadougou veulent montrer leur bonne foi aux Ivoiriens et à la communauté internationale. 96 heures seulement après la nomination du secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro comme Premier ministre de Côte d'Ivoire, les FN et leurs contradicteurs directs continuent de multiplier les gestes de bonne entente. Ce mardi a été une course de marathon pour Désiré Tagro, le conseiller spécial du président Laurent Gbagbo et Sidiki Konaté, le porte-parole des FN.

Les deux hommes ont quitté Abidjan pour se rendre ensemble à Bouaké à bord d'un avion de la présidence ivoirienne. Ils y ont rencontré M. Soro afin de discuter de l'ossature du gouvernement.
De là, ils sont arrivés à Ouagadougou vers 13 heures. La délégation présidentielle dirigée par M. Tagro comprenait l'ambassadeur Alcide Djédjé. Pour les FN, c'est le directeur de la communication, Alain Lobognon qui accompagnait M. Konaté. Dans la capitale du pays des hommes intègres, les deux chefs de délégation ont été reçus pendant près de trois heures d'horloge par le chef de l'Etat, Blaise Compaoré.

Nous avons rencontré le facilitateur, (le président Compaoré, ndlr) pour parler de la formation du futur gouvernement, a indiqué un membre de la délégation qui a requis l'anonymat. Je peux vous garantir qu'un accord a été trouvé entre les deux parties sur la formation du gouvernement. Nous sommes donc venus le valider auprès du facilitateur ce soir, a-t-il poursuivi. A cette allure, on peut alors dire qu'il n'en est rien sur les prétendus blocages.

Personne dans cette affaire ne veut rester à la traîne. Le facilitateur consacre son énergie et son temps à accompagner ses frères ivoiriens à la réconciliation. Les signataires de l'accord de paix de Ouagadougou eux-mêmes ont compris cette mansuétude et veulent lui rendre la politesse. Ceci justifie leur volonté de rester dans le timing prévu par l'accord. En effet, le président Laurent Gbagbo a signé le décret mettant en place le Centre de commandement intégré (CCI) une semaine après la signature de l'accord. Les généraux Philippe Mangou (loyalistes) et Soumaïla Bakayako (ex-rebellion) ont chacun eu une copie du décret présidentiel auquel ils ont personnellement assisté à la signature. Autre signe de bonnes intentions, c'est la nomination de M. Soro comme Premier ministre. L'accord voulait qu'il en soit ainsi un mois après son entrée en vigueur. Le président Gbagbo a signé le décret jeudi dernier. Reste maintenant la formation de l'équipe gouvernementale. L'accord indique qu'elle doit être connue une semaine après la nomination du chef du gouvernement.

Le gouvernement sera connu d'ici à vendredi

Cette étape du chronogramme devrait une fois de plus être respectée après la rencontre d'hier avec le président du Faso. Selon une source proche du camp présidentiel, le gouvernement de M. Soro sera rendu public d'ici à vendredi. Si l'on s'en tient au texte, c'est au plus tard le samedi 8 avril que M. Soro devrait publier la liste des membres de son équipe. Le nouveau Premier ministre poursuit ses consultations puisque ce mardi, il a rencontré le président Henri Konan Bédié à Daoukro (Centre du pays).

Après sa passation de service prévu ce mercredi avec son prédécesseur, le désormais ancien Premier ministre Charles Konan Banny, M. Soro devrait rencontrer à nouveau le président de la République le jeudi à 17 heures pour un dernier entretien avant de rendre public son gouvernement vendredi ou au plus tard au début du week-end pascal, si l'on en croit un de ses proches.

Par ailleurs, l'Onu qui a jusque-là soutenu l'Accord de Ouagadougou, puis la nomination de M. Soro par des déclarations va continuer sur cette logique. New York s'apprête, en effet, à apporter un soutien franc aux Ivoiriens dans le nouveau processus de sortie de crise et de réconciliation. Selon l'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'Onu, Alcide Djédjé, le draft d'une résolution circule en ce moment à New York pour formaliser les décisions qui ont été prises à Ouagadougou et à Abidjan. Cette nouvelle résolution qui doit remplacer la 1721 sera conforme à l'esprit et à la lettre de l'accord de Ouagadougou, a-t-il indiqué. De plus, le secrétaire général des Nations unies s'apprête à envoyer une mission à Abidjan, après les fêtes de Pâques, pour discuter de la place de la communauté internationale dans le processus de paix. Les experts devraient séjourner également à Ouagadougou pour discuter avec le médiateur des points de l'accord sur lesquels il souhaiterait une implication des Nations unies. Après les experts du secrétariat général, ce sera au tour des ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité de se rendre en Côte d'Ivoire pour s'imprégner de la volonté des acteurs de mettre fin à la crise. Leur mission est prévue pour fin avril ou début mai. Outre Ouagadougou où ils rencontreront le président en exercice de la Cedeao, le président burkinabè Blaise Compaoré, les ambassadeurs se rendront à Accra au Ghana pour voir le président John Agyekum Kufuor qui assure la présidence de l'Union africaine (UA). La Côte d'Ivoire semble résolument engagée sur les rails qui mènent vers la paix.

Andy Traoré
Correspondant à Ouagadougou

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