mercredi 4 avril 2007 par Nord-Sud

La campagne présidentielle qui s'ouvre le 8 avril au Mali ne manque pas de piment et de chaleur au pays de Soundjata Kéita. ATT et sept autres candidats s'affrontent au pied du Mont Koulouba.

Est-ce pour lancer un défi aux potentiels prétendants au fauteuil présidentiel que le palais est construit sur le sommet du Mont Koulouba (grande montagne en langue locale) ? En tout cas, du haut de la falaise, Amadou Toumani Touré (ATT), le président sortant, observe ses adversaires (sept au total) à la manoeuvre difficile pour la conquête du pouvoir. Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, Tiébilé Dramé, Soumeylou Boubèye Maïga, Oumar Mariko, Mamadou Sangaré, Madiassa Maguiraga et Mme Aminata Sidibé Diallo savent qu'ils doivent batailler ferme pour déloger le locataire en titre. Au pied du mont qui surplombe Bamako, la capitale, ils affûtent leurs armes pour devenir l'homme ou la femme qui conduira le pays de Soundjata Kéita tout le long du quinquennat 2007-2012. Dans l'arène politique malienne, l'échéance électorale du 29 avril s'annonce aussi brûlante que le climat en cette période. Bamako, capitale frondeuse qui s'installe petit à petit dans la campagne a annoncé les couleurs, samedi 31 mars avec l'organisation par le Mouvement de la jeunesse du Front pour la démocratie et la République (Fdr) d'une marche pour dénoncer l'ouverture anticipée de la campagne, l'utilisation des moyens de l'Etat à des fins électoralistes, l'implication de l'armée dans la campagne du candidat sortant.

ATT qui n'est pas loin du candidat indépendant d'il y a cinq ans, mise encore sur son aura personnelle mais aussi et surtout sur ses réalisations pendant son premier mandat. Son Premier ministre Ousmane Issouffi Maïga qui s'interdit de faire la politique a levé le vendredi 30 mars à Bamako un pan de voile sur ce que sera le thème de campagne du président sortant. Le chef du gouvernement a exposé devant la presse nationale et internationale les réalisations du gouvernement de juin 2002 à nos jours et a conclu que les objectifs fixés par le président de la République à son équipe ont été atteints. Mieux dans sa Lettre aux Maliennes et Maliens publiée le mardi 2 avril par la presse locale, celui que beaucoup d'observateurs de la politique locale présentent comme le favori à l'élection du 29 avril, indique que s'il est réélu, son prochain mandat sera grandement consacré à consolider la démocratie et à renforcer la modernisation de l'Etat qui doit être à la hauteur de notre ambitieux projet pour le Mali. ATT rappelle que des dispositifs déjà mis en place pour lutter contre la corruption seront renforcés pour plus d'impact. Pour le président-candidat, l'élection du 29 avril est un grand rendez-vous, un tournant important car il est question de notre destin collectif. IBK, Tiébilé Dramé, Soumeylou Boubèye Maïga, les plus sérieux challengers de l'actuel chef de l'Etat, n'entendent pas laisser le soin à Amadou Toumani Touré de décider du destin du peuple malien. Pour ces poids lourds de l'opposition, l'heure de la retraite politique de ATT a sonné. Ibrahim Boubacar Kéïta, président de l'Assemblée nationale, veut faire oublier à ses partisans la déculottée de 2002 avec son élimination au premier tour. Pour ses partisans, cette année est la bonne. Tiébilé Dramé, président du Parena (Parti de la renaissance nationale) estime pour sa part que la gestion de ATT a atteint ses limites. C'est pourquoi, il lui recommande sagement de ne pas briguer un second mandat pour ne pas détruire l'image du héros d'un certain 26 mars 1991 avec la chute du dictateur Moussa Traoré. Le jeune vétéran Oumar Mariko (ancien leader estudiantin) ; Amadou Sangaré de la Convention sociale démocrate (CDS Mogotiguiya) ; Madiassa Maguiraga du PPP (Parti populaire progressiste) classé 13ème sur 24 candidats en 2002 et Mme Aminata Sidibé Diallo du Rassemblement pour l'éducation à l'environnement et au développement durable (la première femme candidate à une élection au Mali) n'entendent pas compter pour des prunes à ce scrutin. Même si la rue bamakoise les place au rang de tocards. Parlant de Mme Aminata Sidibé, un quotidien local s'est laissé aller à ce commentaire salé : Mme Aminata Sidibé Diallo est peu connue dans le Mali profond et même dans le district de Bamako. A part ses étudiants de la faculté des sciences économiques, rares sont ceux de l'université du Mali qui ont entendu parler une seule fois de cette brave dame. Les mauvaises langues racontent que sa caution de10 millions de F. Cfa lui a été versée par le candidat ATT. La campagne électorale avec le bras de fer pour la Présidence qui s'ouvre le 8 avril ne manque pas de piment et de chaleur au pays de Modibo Keita.

Jean Roche Kouamé
Envoyé spécial à Bamako

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