mercredi 4 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le tout nouveau premier ministre fait face à une fronde larvée de la part de ses alliés traditionnels. Pour preuve, l'activisme du mentor du Rdr visant à contrarier la vision et les ambitions politiques du jeune leader de la rébellion ivoirienne. Le président du Rassemblement des républicains (Rdr) séjourne depuis quelques jours en France. Officiellement, l'homme y est dans le cadre de ses activités politiques. Mais de façon officieuse, l'on indique plutôt des raisons de santé qui auraient commandé la présence de Alassane Dramane Ouattara ces temps-ci sur les bords de la Seine. Profitant de son voyage, le week-end dernier, l'homme est allé exprimer sa compassion à la famille de son défunt ami, l'ambassadeur Renaud Vignal, décédé il y a quelques jours. Un " grand ami " qui, on le sait, a été pour beaucoup dans l'exfiltration du président du Rdr vers Paris en septembre 2002, lors du déclenchement de la guerre en Côte d'Ivoire. Mais bien qu'éloigné du théâtre politique national, ADO n'entend pas jouer les simples spectateurs devant le nouvel ordre politique qui s'installe progressivement en Côte d'Ivoire avec la nomination récente de Guillaume Soro au poste de premier ministre. Bien au contraire l'homme compte mettre à profit son séjour parisien pour tenter d'influer sur le cours des évènements à Abidjan. C'est ainsi que, selon des sources parisiennes, généralement bien informées, Alassane Ouattara a déjà commencé à man?uvrer contre l'Accord de Ouaga. En effet le leader des " républicains " ivoiriens, dit-on, s'est ouvert sur la question aux services de son ami Michel de Bonnecorse, le " monsieur Afrique " de l'Elysée. A ces derniers, il a exprimé de fortes réserves sur l'arrangement politique intervenu entre le président Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Pour lui, cela n'est ni plus ni moins qu'un deal passé entre les deux hommes. Un deal qui conduira l'actuel chef de l'Etat à obtenir sans grande difficulté un second mandat. Et en retour, lui se chargera à la fin de son mandat de positionner Soro à la présidentielle, après que ce dernier a fait ses armes à la primature. Il en veut pour preuve l'octroi de tous les postes de souveraineté au camp présidentiel dans la formation du nouveau gouvernement attendu dans les prochaines heures. D'où son invitation pressante à la France afin qu'elle " recadre " au plus tôt Guillaume Soro. Car poursuivra-t-il, Paris " a tort d'abandonner en si bon chemin en laissant faire les choses après avoir investi autant dans la crise ivoirienne. " Puis l'homme de jurer que la France se trompe lourdement si elle croit gagner plus avec une normalisation de ses relations avec le régime d'Abidjan. Car pour lui, Laurent Gbagbo et les patriotes n'ont pour seul souci que d'humilier la France, quel que soit le président qu'il auront en face d'eux. Et de ce fait, Paris devrait donc faire en sorte de reprendre la main dans le dossier ivoirien au lieu d'accepter sa mise à l'écart qui pourrait être un mauvais signal envoyé aux autres Etats africains francophones qui suivent, dit-il, attentivement ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Et qui en cas de succès total de Gbagbo, pourraient manifester des velléités d'autonomie politique. A en croire notre informateur, les interlocuteurs de Ouattara ont pris bonne note de ses propos avant de lui promettre une rencontre avec Michel De Bonnecorse pour étudier à fond la nouvelle donne politique à Abidjan. Cette rencontre était, dit-on, prévue pour se tenir hier soir ou aujourd'hui. Cet activisme d' ADO est-il en rapport avec les divergences apparues en fin de semaine dernière entre le président de la République et Guillaume Soro sur la clé de répartition des portefeuilles ministériels ? L'hypothèse n'est pas à écarter.

Géraldine Diomandé

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