mercredi 4 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

La signature du traité de paix inter ivoirien de Ouaga continue d`avoir l`onction des acteurs de la Communauté internationale. En plus du soutien de l`Union Européenne dont la représentation abidjanaise a déjà pris acte de la nomination de Soro à la Primature, c`est au tour de Louis Michel, le commissaire européen pour le Développement et l`Aide humanitaire, de réagir. Hier, en marge de l`investiture du président sénégalais dont il était l`invité à Dakar, le commissaire belge s`est exprimé sur le dossier ivoirien. Selon Louis Michel, l`accord de paix signé dans la capitale burkinabè par le Président Laurent Gbagbo et le désormais Premier ministre Soro Guillaume est une " avancée indiscutablement intéressante ". Et à l'en croire, la cogestion du pouvoir tel que prévu par cet accord peut permettre " d`apaiser les tensions et de donner des assurances à des personnes qui autrement se sentaient mal pris en compte ou exclues ". Il a toutefois ajouté qu`un " accord pareil sera ce que les gens en feront ". A juste titre, tout en espérant que " cet accord pourra conduire à la réconciliation complète et à la relance du pays, à ramener la prospérité et à refaire de la Côte d`Ivoire un exemple en Afrique ", le commissaire européen a invité les signataires de l`accord de Ouaga à faire preuve de bonne foi. "S`il est fait de bonne foi et qu`il est mis en oeuvre de bonne foi, je crois que ça peut donner une sérieuse chance" pour la paix en Côte d`Ivoire, a-t-il indiqué. C`est en tout cas ce que rapporte l`Agence France Presse. A l`analyse de cette réaction du commissaire Louis Michel, on peut continuer de dire aisément que le Président Laurent Gbagbo, initiateur du dialogue direct, a eu le nez creux de tendre la main à " ceux qui ont pris les armes ". Et les résultats l`attestent puisque depuis la semaine dernière (après la signature de son décret de nomination par le Président Laurent Gbagbo), Soro est officiellement revenu dans la république après plus de cinq années passées dans le maquis. En sus du fait que les ardents défenseurs de la mise sous tutelle de la Côte d`Ivoire comme Louis Michel font eux aussi marche arrière à leur corps défendant pour reconnaître la souveraineté de la Côte d`Ivoire. Et même si l`ex-ministre des Affaires étrangères de la Belgique émet encore des réserves sur la bonne foi des acteurs de dialogue direct, ce n`est que le moindre mal. Pour rappel, en Janvier 2005, lorsque le GTI préparait la décapitation de la souveraineté ivoirienne, le commissaire européen, dont on dit qu`il n`a pas la langue dans la poche, a fait le déplacement express d`Abidjan pour dire au Chef de l`Etat que l`Assemblée Nationale serait dissoute dans les heures qui suivaient son arrivée. Pour faire avaler cette autre pilule amère au Président Laurent Gbagbo, le diplomate européen avait dans sa besace un chèque de plusieurs millions d`euros " pour la reconstruction post-crise " en échange d`une capitulation de la résistance ivoirienne. Un chantage honteux qui n`a heureusement pas prospéré. En dépit de la caution de l`ex-premier ministre Charles Konan Banny, le Gti a dû revoir ses ambitions à la baisse. Et depuis beaucoup d`eau a coulé sous le pont jusqu`à la tenue du dialogue direct facilité par la Président Blaise Compaoré.

Mireille Abié

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