jeudi 5 avril 2007 par Fraternité Matin

Nommé le 4 décembre 2005 en remplacement de M. Seydou Elimane Diarra, le Premier ministre Charles Konan Banny a passé le témoin, hier après-midi, à son successeur, Guillaume Soro Kigbafori, ministre d'Etat, ministre de la Reconstruction et de la Réinsertion dans le gouvernement sortant. La cérémonie officielle s'est déroulée dans la salle des conseils de gouvernement au bâtiment annexe de la Primature au Plateau. La cérémonie a démarré à 16 heures 45, avec l'arrivée des Premiers ministres sortant et entrant qui se suivaient, et a pris fin à 17 heures 35. Un procès verbal lu par le secrétaire général de la Primature François Komoin, a sanctionné la séance. Un PV établi en 5 exemplaires et signé par les deux Premiers ministres.
Dans une intervention d'environ 25 minutes, Charles Konan a présenté son bilan à la tête du gouvernement ivoirien depuis 15 mois avec ses hauts et ses bas. Il a surtout exprimé le souhait d'un retour rapide et durable de la paix avec son implication et celui de tous les Ivoiriens. Que la Côte d'Ivoire sorte enfin de la tragédie qui l'étrangle, a soutenu l'ancien collaborateur du Président Laurent Gbagbo qui avait à sa gauche Soro Guillaume. M. le Premier ministre, le plus beau présent que vous puissiez offrir à vos compatriotes, est de leur apporter enfin la paix, une paix définitive et durable. Pour sa part, le nouveau Premier ministre et secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro Kigbafori, a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur, mais aussi à tous les Premiers ministres depuis le déclenchement de la crise, à savoir : Pascal Affi N'Guessan et Seydou Elimane Diarra. Il n'ignore pas ses responsabilités. Je mesure à sa juste valeur les défis qui m'attendent, mon équipe et moi-même. Mais aussi les défis auxquels notre patrie doit faire face. Au premier rang de ces défis, la consolidation de la confiance entre Ivoiriens et le retour d'une paix durable. Afin que chacun et chacune de tous ceux qui vivent sur ce territoire, s'acceptent, acceptent de s'unir pour écrire les véritables conditions de la prospérité, de la sécurité, de la grandeur de cette nation. Et c'est le rôle qu'assigne aux Ivoiriens, a-t-il dit, l'accord de Ouagadougou qu'il faudra transformer en succès définitif. Puisqu'il repose sur la mise en commun de nos différences et notre diversité. En inscrivant son action dans le sens de la consolidation de la confiance, il décide de suivre les traces de son prédécesseur. Puisque la détérioration de la situation résultait d'un manque de confiance, j'ai placé la restauration de la confiance au premier rang de mon action. Tel est le remède préconisé par Banny. Et même s'il regrette que les élections n'aient pu être organisées comme le recommandaient les résolutions 1633 et 1721 du Conseil de sécurité de l'ONU, il n'est pas moins fier que la paix soit revenue aujourd'hui rendant possibles les élections.
Konan Banny a confié d'autres charges qu'il a qualifiées de lourde responsabilité. A savoir : ramener notre pays dans le gironde la démocratie et du progrès. Pour ce faire, il faudra faire en sorte que le comportement citoyen et la tradition républicaine imprègne tous les Ivoiriens et inspirent toutes les actions publiques et privées. Il n'y a pas de retraite pour l'ancien locataire de la Primature tant que la paix n'est pas revenue. En ce qui me concerne, je poursuivrai mon combat pour la paix et le développement de notre pays en tout temps et en tout lieu. Ce combat n'a pas de fin , a-t-il averti. Les valeurs qu'il continuera de défendre ont pour nom : la vérité, la justice, la fraternité, la solidarité pour amour pour le pays.
La seconde phase a consisté en la prise d'un cocktail dans la cour de la Primature aux allures de fête notamment avec la somptueuse décoration aux couleurs nationales. Une seconde étape qui n'a duré que moins d'un quart d'heure.
La remise des dossiers s'est déroulée en présence de plusieurs personnalités. Au nombre desquelles des anciens collaborateurs du Premier ministre, notamment des membres du gouvernement, les secrétaires généraux de la Présidence de la République et de la Primature, les responsables des structures rattachées et des conseillers civils et militaires.
La passation des charges a porté sur trois catégories de dossiers. D'abord, les dossiers ordinaires regroupés par cellules. Ensuite, les dossiers spécifiques avec le drame des déchets toxiques et la réhabilitation des casernes militaires à la suite de l'attaque des deux camps d'Akouédo. Enfin, le programme de sortie de crise qui sera l'activité essentielle de son successeur. Avec comme actions majeures, l'identification des populations, le désarmement et le démantèlement des milices, la réunification du pays, le redéploiement de l'administration et l'organisation des élections.
Notons que Charles Konan Banny a exprimé sa gratitude au Chef de l'Etat qui lui a permis de faire l'expérience de la gestion d'un gouvernement. Les remerciements ont été également adressés à la CEDEAO, à l'Union africaine et à l'ensemble de la communauté internationale.

Paulin N. Zobo



Primature : Le devoir a été accompli et la mission non terminée?

Hier, le Premier ministre sortant, Charles Konan Banny, a reçu, à son domicile, pour
la dernière fois, ses collaborateurs. L'après midi a eu lieu la passation des charges avec Soro Guillaume.

Quoique ayant été informés tardivement, ils étaient tous là, ministres, secrétaires du gouvernement, de la Primature, pour ce dernier conseil de gouvernement spécial, le dernier du genre pour Charles Konan Banny. Pour lui témoigner certes leur respect pour l'institution qu'il a représentée, mais aussi pour lui dire la joie qui a été la leur d'avoir eu à travailler avec lui. Le ministre d'Etat, Antoine Bohoun Bouabré, au nom de ses collègues, dira, entre autres : Un mot largement partagé par tous ; des mots de remerciement pour avoir été de l'aventure. Merci au nom de l'ensemble des ministres, de nous avoir donné l'occasion de mener auprès de vous l'action que vous avez conduite .
Décontracté comme à l'habitude, le Premier ministre, qui a placé cette rencontre sous le signe de la sincérité, les remerciera sincèrement pour la franche collaboration, le soutien qu'ils lui ont apporté et le travail qu'ils ont fait ensemble quinze mois durant, tout au long de cette mission si difficile, pour tenter de juguler la crise : Mes premiers mots sont pour remercier mesdames et messiers les ministres. C'est un grand témoignage qui fait suite à ce qu'a été votre attitude tout au long des quinze mois que nous avons passé ensemble.
Il leur rappellera, en signe de témoignage, les circonstances dans lesquelles il fut amené à accepter cette mission de Premier ministre acceptable par tous qui avait commencé le 4 décembre 2005, aux environs de 21h, par un coup de fil du Président Laurent Gbagbo, lui demandant de prendre toutes les dispositions pour être à Abidjan le 5 décembre. Arrivé sous une pluie battante, il avait confié sa mission au Seigneur et dit à ses amis, à ses proches, que c'était la fin des coups de fusil, de canon. Le 28 décembre, trois jours après Noël, se tient la première réunion de la première équipe gouvernementale : Ces rappels, précisera-t-il, ne sont pas fortuits. Nous sommes aujourd'hui, trois jours avant Pâques, trois jours avant la crucifixion du Christ. Je souhaite, autant j'ai placé l'entrée en scène sous la protection du Seigneur, autant je souhaite placer la sortie de scène sous sa protection. Car la semaine sainte est une semaine de sincérité, de vérité .
Aussi réitéra-t-il à ses collaborateurs ses remerciements, sans oublier le Chef de l'Etat, pour l'effort conjugué à ramener le pays sur les rails de la normalité. Pour lui, le bilan est positif, parce que son équipe a abattu un travail colossal . Pour résumer ce travail collectif, le chef du gouvernement sortant dira : Le devoir a été accompli et la mission non terminée. Tous les chantiers ont été visités. Il s'agit, aujourd'hui, au moment où une autre ère s'ouvre pour notre pays, où une équipe va prendre le relais de continuer ces chantiers, de les finir et de les parachever. Puisque j'aime utiliser la métaphore sportive, je considère que globalement et en termes de rugby, nous avons marqué l'essai. Il s'agit, maintenant, de le transformer. Il ne faut pas rater la transformation Je sais qu'il y a suffisamment de joueurs adroits pour faire passer le ballon entre les perches. Qu'importe le joueur qui va transformer l'essai. Il faut que l'essai soit transformé. Pour entamer le chemin le plus important : la reconstruction de la Côte d'Ivoire.
Aussi se réjouit-il de ce que les frères ennemis d'hier (Soro et Laurent Gbagbo) se soient retrouvés. Son interrogation porte tout son sens : Comment peut-on faire de la bonne politique dans un pays lorsque les citoyens de ce pays ne se parlent pas ? . Et sa recette était simple : organiser à tous les niveaux, le dialogue, l'arme des forts , disait Félix Houphouet-Boigny. Cela a porté ses fruits. Et, faisant un parallèle entre son entrée scène, trois jours après la naissance du Christ, et la sortie, trois jours avant la crucifixion du Christ, il ajoutera : Demain (aujourd'hui), si j'avais attendu un peu, la suite aurait été encore plus forte. Demain, c'est le dernier repas, la Sainte-Cène. Vendredi, Jésus Christ sera crucifié. Et dimanche, il ressuscitera. Voilà ce que je souhaite à la Côte d'Ivoire .
Pour lui souhaiter bon vent, ses collaborateurs, au complet, lui ont offert trois tableaux, en guise de souvenir.
Hier soir, après la passation des charges avec Soro Guillaume à la Primature, une grande surprise l'attendait à son domicile. Amis, parents et connaissance lui ont offert un dîner inoubliable. Plus de deux cents personnes ! Une belle fête pour lui dire qu'ils sont tous de c?ur avec lui. Pour la vie.

Michel KOFFI

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