vendredi 6 avril 2007 par Fraternité Matin

Face aux voix discordantes accusant la direction du parti d'avoir reporté le congrès qui devrait se tenir ce mois d'avril, Niamkey Koffi répond.

Le jeudi 15 février 2007, naissait un courant au sein du PDCI, PDCI-VISION NOUVELLE. C'est un courant, disent les textes, mis au service du parti. Qu'en pense le porte-parole que vous êtes?
Nous avons, effectivement, appris que des militants ont déclaré avoir créé, au sein du PDCI, un courant qui se dénommerait PDCI-VISION NOUVELLE . Dès l'annonce de cette information, le parti a fait savoir à ces militants qu'au sein du PDCI, les courants ne sont pas autorisés. Que le logo du PDCI-RDA est protégé. Ensuite qu'il n'y a pas de vision nouvelle au PDCI. Le PDCI a sa vision politique. Elle a sa ligne politique. Enfin, on ne peut pas aller contre les textes du PDCI et dire qu'on se met au service du PDCI. Pour le parti, ce serait se saborder.

Entretenez-vous des rapports avec son secrétaire général, le docteur Ehoussou Narcisse, membre du Bureau politique?
Je n'ai pas de relation particulière avec M. Ehoussou Narcisse ; c'est un militant, que je connais. C'est une personnalité que je respecte.

Dans la même période, un nommé Tchobon Yéo, membre du Grand conseil du PDCI, porte-parole, précise-t-il, du collectif des membres des instances du PDCI-RDA, ramait à contre-courant du Bureau politique; Bureau qui avait reporté le Congrès qui devait se tenir en avril, et faisait de Bédié, le candidat d'office devant conduire le parti à l'élection présidentielle. Un membre du bureau politique, un collectif des instances, des membres du Grand conseil, ça fait beaucoup, et n'est-ce pas que cela fait un peu désordre?
Vous connaissez la réaction du parti face à ces dérives. Et vous savez d'où elles viennent et qui en sont les commanditaires.

On n'en sait rien, nous!
Fraternité Matin s'est fait largement l'écho de ces dérives. Et je pense que, en tant que Journaliste à Fraternité Matin, journal que nous respectons pour son sérieux, vous devez savoir de quoi cela retourne.

Pas du tout.
Pour le PDCI, ce n'est pas un signe de désordre, puisque le PDCI est en ordre. Et c'est parce qu'il est en ordre qu'il fait peur. Et parce que le PDCI fait peur, on suscite, en son sein, à travers certains maillons faibles, des actions qui sont des tentatives pour l'affaiblir. Mais ces tentatives s'avèrent infructueuses, car le PDCI est en bonne santé. Nous ne pensons pas que les gesticulations de deux ou trois personnes pourraient l'inquiéter dans sa marche.

Que répondez-vous à ces personnes qui accusent le PDCI d'avoir désigné son candidat à l'élection présidentielle en foulant aux pieds les textes qui le régissent en la matière?
Ces personnes ne connaissent pas les textes du PDCI-RDA. Sinon, elles n'auraient jamais avancé de telles affirmations.

Que disent les textes?
Que c'est la Convention nationale qui choisit le candidat du PDCI-RDA et l'investit. La Convention a eu lieu, en mars 2006, précédée par des conventions éclatées qui ont été l'occasion de larges consultations du parti. Nous avons fait un appel à candidatures ouvert, pendant tout un mois, à tous les militants qui désiraient se porter candidat à la présidentielle. Les conventions éclatées qui étaient de véritables primaires au sein de nos délégations départementales et communales ont été organisées pour que les militants se prononcent et proposent celui qu'ils veulent voir comme le candidat du parti à la présidentielle. Le Président Bédié a été plébiscité, avec plus de 96% des suffrages. Je ne comprends pas que de soi- disant militants viennent affirmer que ce processus est contraire aux textes du parti ; de plus, ce processus s'inscrit dans la volonté de démocratie interne, à travers laquelle, justement, le PDCI-RDA régule les ambitions des militants.

M. Tchobon, lui, affirme: Si le report du congrès est maintenu, ce serait la catastrophe. Plus: Bédié ne serait plus président du PDCI si le congrès n'a pas lieu en avril.
Ce sont là des gesticulations haineuses de certaines personnes vaincues, qui continuent de se prévaloir de leur propre turpitude. Pour le PDCI-RDA, ce sont des gesticulations inutiles. Le PDCI se porte parfaitement bien, puisqu'il résiste à tous les assauts que nous considérons comme normaux, face à la force qu'il représente sur le terrain politique aux yeux de nos adversaires. D'où leurs efforts pour combattre le PDCI-RDA. Mais nous sommes toujours debout. Sinon, ils ne multiplieraient pas, avec autant de détermination, les attaques contre le PDCI-RDA.

C'est la même réponse que vous donnerez au Dr Ehoussou de PDCI-VISION NOUVELLE, qui conclut en disant: le PDCI n'a plus de candidat à la prochaine présidentielle La candidature de Bédié est dépassée
Leurs opinions n'engagent qu'eux-mêmes ; ils assumeront les conséquences de leur indiscipline. Et ce sont eux-mêmes qui en paieront le prix. Pour ma part, le parti est le parti ; ses instances sont validées par le Bureau politique, qui est l'instance de gestion du parti entre les Congrès. Je les renvoie aux statuts du parti dont ils se réclament et les invite à les lire.

Au niveau des jeunes, ce ne sont pas les mêmes griefs, mais le Forum national du PDCI réclame, quant à lui, un changement autour du Président Henri Bédié, en phase avec la Jeunesse du PDCI. Pour la JPDCI, il faut rajeunir les instances du parti, face à la trop forte présence des anciens. Comment interprétez-vous ces attitudes?
Evidemment, cette réaction épouse l'air du temps ! Toutefois, il faut comprendre tout cela comme la volonté des jeunes d'apporter leur contribution au progrès du parti. Ils le disent dans leur langage, avec leur fougue juvénile et avec la détermination qu'on connaît à toute jeunesse, l'impatience qui, très souvent, fait perdre le sens des nuances. Le PDCI est un parti mature, un parti qui comprend beaucoup d'hommes d'expérience, un parti qui est fondé sur le respect de la chaîne des générations. Un parti qui brise la chaîne des générations est un parti qui est menacé par l'amnésie et la perte des repères. Le PDCI sera toujours respectueux de la chaîne des générations ; le PDCI respectera toujours ses vieux, ses anciens, parce que nous avons tous besoin d'eux, de leur éclairage, de leur expérience, de leur sagesse, pour que le parti garde toujours le sens de la mesure. C'est pourquoi nous conseillons aux jeunes d'emprunter le chemin de la patience et de l'humilité qui doit les amener à apprendre auprès des anciens. Il est évident, les jeunes auront toujours besoin des doyens pour guider leurs pas sur le chemin de la vie politique qu'ils veulent embrasser.

Les récriminations sont nombreuses, mais tout indique qu'elles pourraient se résumer à ceci: le PDCI n'a pas fait son aggiornamento. Jamais fait l'autopsie de la perte de pouvoir à l'issue du coup d'Etat de 1999; jamais laissé s'exprimer librement les uns et les autres; le PDCI depuis la mort de Félix Houphouet-Boigny se vide de sa philosophie politique basée sur le rassemblement?
Le parti n'a trahi ni son histoire, ni sa tradition. Nous restons toujours un parti de rassemblement ; nous n'avons jamais changé le sigle du PDCI, c'est toujours le PDCI-RDA. Donc ceux qui nous accusent de vider le parti de l'houphouétisme, devraient peut-être commencer par faire leur examen de conscience, avant de s'attaquer au PDCI sur ce chapitre

Une question à laquelle vous n'avez pas répondu demeure. Pourquoi le PDCI n'a jamais fait l'autopsie de la perte de pouvoir à l'issue du coup d'Etat de 1999.
Qu'en savez-vous?

Il ne s'agit pas de nous; ce sont les vieilles récriminations de certains de vos militants qui resurgissent.
Cela veut dire que ce sont des militants qui ne vivent pas au diapason de leur parti; ils ont quelque part décroché.

Certains parlent, concernant surtout votre nomination comme porte-parole du PDCI, d'une Akanisation du partiOn évincerait en douce Djédjé Mady, un bété, soupçonné de ne pas être très clair (c'est-à-dire peu fiable) en faveur d'un Akan, Niamkey Koffi.
Vous voyez que je ne suis pas plus clair que Djédjé Mady; je suis même plus noir que lui ! (Rire).

La question demeure. Y a-t-il une akanisation au sein du parti?
L'appartenance ethnique n'est pas un critère politique! Tous ceux qui s'engagent dans ce genre d'opération se fourvoient.

Aujourd'hui, face à ces voix discordantes par rapport à la posture de la direction (report du congrès, Bédié candidat du PDCI), que comptez-vous faire?
Les indisciplinés seront, évidemment, sanctionnés. Parce que les militants l'ont exigé, et parce que notre volonté de rassemblement fait penser à certains que le PDCI est un parti qui serait marqué par une sorte d'anomie, une absence de règles, de principes qui autoriserait chacun à faire ce qu'il veut, à laisser s'exprimer ses pulsions. Non, le PDCI a ses règles! La volonté de rassemblement, marquée par notre exigence de patience ; la patience pédagogique, qui consiste à amener les uns et les autres à la compréhension du bien-fondé des choix, des décisions, des règles ou méthodes de travail du parti, nous a conduits, très souvent, à accepter avec indulgence beaucoup de choses, à avaler bien des couleuvres.

Pourquoi cette rupture donc?
Notre volonté de dialogue est manifeste; mais, quand on discute ou quand on dialogue, on ne dialogue pas pour dialoguer; on dialogue pour conclure; pour aboutir à un consensus, à une conclusion concertée. Mais, on ne peut pas, chaque fois, revenir sur les mêmes principes, sur les mêmes pulsions, sur les mêmes prétendues frustrations, pour, au nom de notre volonté de rassemblement et de dialogue, nous saborder! Surtout, quand on sait que ceux qui veulent nous engager sur le chemin du dialogue pour le dialogue, le font dans un esprit de diversion, pour nous amener à perdre de vue l'essentiel et à nous fourvoyer dans l'inessentiel.
Le PDCI a de grands enjeux et de grands défis à relever, et la plupart de ces militants qui s'agitent, tout comme leurs commanditaires, savent quels sont les enjeux que le PDCI doit remporter et les défis qu'il doit relever. Les pratiques dans lesquelles ils veulent nous engager relèvent du dilatoire et de la diversion. Les missions commandées pour détruire le parti, nous savons qui les suscite, qui les encourage, dans quel but Le PDCI reste serein face à ces agitateurs et ne peut pas perdre de vue l'essentiel qui est le combat pour notre retour au pouvoir, pour aider la Côte d'Ivoire à retrouver son lustre d'antan et mettre fin au calvaire que vivent les Ivoiriens. Peut-être qu'eux, ils ne connaissent pas ce calvaire, parce qu'ils vivent au soleil du pouvoir, ou à l'ombre du pouvoir ; c'est pourquoi ils veulent se faire complices des bourreaux.

Certains parlent de sanctionner les indisciplinés, pour décourager les récidivistes ou même d'éventuels individus tapis dans l'ombre. D'autres pensent, en revanche, à dialoguer avec eux, pour un retour au calme dans la vaste famille. Votre position face à ces deux blocs?
On ne peut pas dialoguer pour dialoguer tout le temps! Il faut, à un moment donné, choisir ou tourner la page.

Vous avez été, vous l'êtes encore, sans aucun doute, un des ardents défenseurs de l'Ivoirité. On s'étonne, aujourd'hui, de votre silence, surtout aux pires moments où ce concept était malmené
Nous n'avons jamais été silencieux! Nous avons toujours expliqué ce que voulait dire l'Ivoirité. Nous avons déploré que certains aient dévoyé ce concept, et l'aient utilisé comme instrument pour détruire le PDCI. Mais, vous savez, il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre.
Tous ceux qui ont instrumentalisé l'Ivoirité, dans le sens d'un concept négatif, l'ont fait à dessein, sachant le calcul politique qu'ils faisaient et l'objectif politique qu'ils recherchaient. Ils savent pertinemment que le concept d'Ivoirité du Président Bédié n'a rien à voir avec l'exclusion, l'ethnicisme, le tribalisme, encore moins avec la xénophobie.

Vous avez dit, à propos du film de Benoît Schauer, que vous avez été trompé. En disant et en faisant quoi?
Je n'ai jamais dit, à propos de Benoît Schauer, que j'ai été trompé. En revanche, j'ai dit que Benoît Schauer a été malhonnête. Il a fait un montage honteux et peu digne, je peux dire, d'un intellectuel. Parce que les ennemis de la Côte d'Ivoire ont voulu créer des fantômes, pour amener les Ivoiriens à s'autodétruire! Ils ont quasiment réussi, puisqu'aujourd'hui, nous sommes au bord de l'éclatement Benoît Schauer doit en être très heureux !

Entretien réalisé par Michel Koffi

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023