vendredi 6 avril 2007 par Nord-Sud

Certains barrages de police contribuent plus à ralentir l'économie du pays qu'à la sécuriser. Pour les opérateurs économiques de Grand-Bassam, le barrage situé à Gonzagueville (Port Bouët), corridor Sud d'Abidjan est de ceux-là.

Les gérants des complexes hôteliers de Grand-Bassam en ont gros sur le c?ur. Téréso hôtel, Etoile du Sud, Assoman beach tous seraient certainement prêts à signer une pétition visant à réclamer la levée du barrage de police situé à Gonzagueville, un sous-quartier de Port Bouet, situé à la sortie Sud d'Abidjan. Pour la plupart des opérateurs économiques de l'ancienne capitale, ce barrage est un étau qui étrangle la circulation entre leur ville et la capitale économique mettant leurs activités en difficulté. Il provoque une baisse drastique de la clientèle à cause de la longue file d'attente qu'il occasionne lors des contrôles routiers, argumentent-ils. Pour Mme Amicha, gérante de Nsa hôtel , l'un des réceptifs luxueux de Grand-Bassam, le mauvais impact du barrage sur les affaires est désormais une certitude.
La grogne des hôteliers

Avant, lorsque des personnes devraient participer à des séminaires et autres manifestations prévus lundi à Grand-Bassam, ils venaient par avance pour profiter du week-end dans nos chambres d'hôtel. Mais, maintenant, craignant la longue file d'attente que provoque le barrage de Gonzagueville la plupart préfèrent attendre lundi pour venir afin d'éviter ces embouteillages, indique Mme Amicha. Elle ajoute que certains de ses employés qui habitent Abidjan, éprouvent des difficultés à venir à l'heure au travail pour la même cause. Dans cet hôtel, le tarif des chambres pour une nuitée varie de 15.000Fcfa à 55.000Fcfa pour la suite. Malgré ces tarifs jugés abordables, les affaires ne tournent pas. A l'hôtel Le Wharf , M Daeniker Mathias, le frère du patron, note que le barrage de Gonzagueville nuit réellement aux activités . Il fait remarquer que les chiffres d'affaires sont en baisse dans le milieu. Les clients avouent que venir passer un jour de week-end à Grand-Bassam et repartir le soir est devenu très difficile à cause de la longue attente inévitable à ce barrage de police. Ils sont obligés de quitter Abidjan très tôt, pour espérer arriver dans la cité balnéaire un peu plus vite que par le passé. Mais aussitôt arrivés, ils ont le souci de repartir très vite, car en plus des embouteillages, le corridor ferme à partir de 22h, et cela jusqu'à 6h. La plupart des clients préfèrent ne pas faire le déplacement parce qu'ils ne bénéficient pas d'assez de temps pour s'amuser, regrette le gérant du Wharf. Souleymane, gérant de Assoyam beach , qui accueillait en moyenne 200 personnes par semaine, explique que les clients qui avaient l'habitude de venir prendre le dîner dans la première capitale, ne le font plus à cause de cette situation. Dans la semaine, il n'y a presque plus personne. C'est seulement le week-end que nous recevons nos clients.
L'impuissance de la mairie de Bassam

Si pendant ce temps, les barrages policiers les rebutent, alors les opérateurs économiques risquent tous de faire faillite ici , indique-t-il amèrement. La majorité de ces hôtels sont obligés de fermer à partir de 16 h, parce que les clients se font rares, découragés par la fatigue qu'ils encaissent lors du trajet. Pour un voyage qui ne devait leur prendre qu'une trentaine de minutes, les passagers passent près de 2 heures sur le tronçon Abidjan-Grand Bassam, à cause des contrôles du barrage de police. Ce n'est pas normal. Le barrage de Gonzagueville n'a pas sa raison d'être.
Je trouve que l'Etat doit plutôt renforcer la sécurité aux frontières du pays au lieu de contribuer à ralentir les activités à l'intérieur, propose Daeniker Mathias, un usager. Steeve, un autre usager qui approuve l'existence du barrage de police, pour des raisons sécuritaires, propose pour sa part que les policiers s'activent plus rapidement lors des contrôles, afin de faciliter la circulation. La mairie de Grand-Bassam qui est consciente de cette situation, a déjà saisi les autorités compétentes pour une éventuelle suppression du blocus , nous a informé Silvain Namoya, le chargé de communication. Selon lui, la santé économique de la mairie, est liée à la survie des hôtels de la cité balnéaire, qui payent régulièrement leurs taxes. Nous avons saisi l'état-major pour lui expliquer que ce barrage nuisait aux activités de nos opérateurs économiques. Mais le responsable nous a fait comprendre qu'il n'y avait que le président de la République qui pouvait décider du sort du barrage de Gonzagueville. Nous nous sommes résignés, explique Namoya, déçu. En attendant une décision de l'Etat concernant la suppression du barrage nuisible, les activités continuent de tourner au ralenti à Grand-Bassam. Avec l'approche des fêtes de Pâques, les gérants sont plus amers. Car, ce long week-end est malheureusement celui des plus mauvais chiffres d'affaires de l'année. Certains de nos clients réservent des tables mais finissent par rebrousser chemin, découragés par les heures passés dans l'embouteillage du corridor?, témoigne un restaurateur de la Plage de Modeste?. Une vraie incongruté pour la ville balnéaire de Bassam dont les atouts touristiques sont ainsi inaccessibles aux nationaux.

Raphaël Tanoh (Stagiaire)

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