Son prédécesseur à la primature, Charles Konan Banny, digère encore difficilement son échec. Il n'a pu arriver à l'organisation des élections générales avant de rendre le tablier conformément à sa feuille de route. Soro Guillaume qui vient de prendre les clefs de la primature est à son tour, attendu sur l'épineux dossier des élections. L'accord de Ouagadougou signé le 4 mars et qui a décidé de donner un ?'pouvoir exécutif'' (la primature) au secrétaire général des Forces nouvelles, l'autre protagoniste de la crise, stipule : Après avoir identifié les problèmes rencontrés dans la mise en ?uvre des accords de Linas-Marcoussis, d'Accra et de Pretoria, ainsi que des résolutions de l'ONU sur la Côte d'Ivoire, les parties, en vue d'arrêter des décisions, ont réaffirmé (entre autres), leur volonté de créer les conditions d'élections libres, ouvertes, transparentes et démocratiques.
Pour éviter les erreurs du passé, Ouagadougou a élaboré un chronogramme de mise en route de l'accord issu du dialogue direct entre le camp présidentiel et l'ex-rébellion. C'est ainsi que les audiences foraines commenceront deux semaines après la formation du gouvernement et dureront trois mois. Quand les opérations d'enrôlement sur les listings électoraux et d'identification, sont engagées un mois après le début des audiences foraines.
Il s'agit donc pour Soro Guillaume de rendre opérationnels sur le terrain ces points cruciaux de la feuille de route. Pour ce faire, le Premier ministre doit créer les conditions du consensus politique, sans passion ni légèreté. Les difficultés constatées l'année dernière avec les audiences foraines devront instruire l'équipe en charge du volet identification afin de ne pas gripper le processus. Car de sa réussite dépend celle des élections. Tout le monde en convient, si les élections, considérées comme la clé de voûte de la sortie de crise, sont bien organisées et dans les délais, Soro Guillaume aura réussi sa mission. Le secrétaire général des Forces nouvelles joue ici toute sa crédibilité. Et celle de son mouvement. Espérons qu'il aura les coudées franches et la pugnacité nécessaire pour réussir là où ses prédécesseurs ont échoué.
Kossou Jean-Marc