vendredi 6 avril 2007 par Nord-Sud

Nommé Premier ministre à l'issue du dialogue direct de Ouagadougou, Guillaume Soro devra porter sur ses épaules une charge lourde : la réunification du pays, la sécurité, l'identification Des défis à relever.

Guillaume Soro n'aura pas de délai de grâce. Le nouveau Premier ministre, arrivé dans un contexte où les esprits politiques sont favorables, sera très vite confronté aux réalités d'un Etat exsangue et coupé en deux. Guillaume Soro doit faire face aujourd'hui à une administration politique et financière qui subit de plein fouet les effets pervers de la crise politico-militaire. La zone sous contrôle des Forces nouvelles sera certainement au centre d'un vaste mouvement de normalisation. L'organisation politique, administrative et financière devra subir un profond lifting pour coller à la nouvelle donne politique: Revenir dans le giron de la République avec tout ce que cela implique de bouleversements. L'ordre structuré sur le schème de l'économie de guerre doit faire place à une nouvelle dynamique orientée vers la construction d'un Etat unifié, réunifié.

Le redéploiement de l'administration et partant la réunification du pays, sont des chantiers importants du processus de paix, surtout dans ses inclinaisons relatives à l'organisation des élections. Comment organiser des élections ouvertes et transparentes dans un pays où il existe deux administrations ? Comment parvenir à faire régner l'autorité de l'Etat sur l'administration financière et militaire des Forces nouvelles ? Comment absorber l'administration financière des FN et relancer l'économie sur toute l'étendue du territoire ? Ce sont des équations qui troubleront sans doute le sommeil du nouveau chef de gouvernement et de son équipe.

L'administration politique et militaire. En sa qualité de Premier ministre, il devra, pour sa crédibilité, démanteler les structures politiques et administratives qui organisent la vie sociale en zone Centre, Nord et Ouest. Dans ces zones, la société civile a réussi à prendre du pouvoir. Des préfets non nommés officiellement par la hiérarchie des FN exercent. Ils sont reconnus comme tels et travaillent de concert avec l'administration militaire. Ils influencent le quotidien des populations, assurent une administration minimale. Comment briser ces monopoles et le pouvoir des seigneurs de guerre? Comment leur arracher la justice sans créer un climat de désordre? Dans ces régions, elle est exercée par les chefs de guerre. Malgré la dernière restructuration des forces armées des Forces nouvelles, il est absolument indispensable pour le Premier ministre de démanteler toutes ces structures ou de les fondre dans le nouveau schéma de l'accord politique de Ouagadougou. Le centre de commandement intégré offre l'occasion d'absorber les forces militaires des deux belligérants. Pour les forces paramilitaires et les milices, le service civique leur ouvrira les bras. Il faudra très vite les rendre opérationnels.

Le redéploiement dans ces régions des préfets, sous-préfets fonctionnaires (enseignants, commis de mairie etc.), juges et des procureurs devra permettre de reconstruire, à moyen terme, une administration uniforme et disciplinée.

La réunification financière. Politique, la réunification du pays est avant tout financière. C'est un défi important pour Guillaume Soro dont l'équipe gouvernementale devra s'atteler à opérer une absorption de la Centrale, le trésor de Bouaké. La présence des régies financières de l'Etat est indispensable pour contrôler les différentes caisses d'argent dans ces zones.

Assoumane Bamba

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