samedi 7 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Procès de la honte ! Procès politique ! Une chose est évidente, pour la première fois en Côte d'Ivoire, un chef de l'Etat a osé porter plainte contre son ministre, alors qu'ils sont sensés gérer ensemble. Mais, pour quoi donc ? Offense ? Diffamation ? Toujours est-il que Gbagbo a traduit, avec célérité, devant les tribunaux ivoiriens le ministre des Ressources halieutiques d'alors, Kobenan Kouassi Adjoumani, député de Tanda. La cause, Adjoumani, en Italie, le 1er juillet 2005, ayant fait des recoupements, tenez, après le coup d'Etat de 1999, Gbagbo ne disait-il pas que c'était un coup d'Etat salutaire ? ensuite, l'on se rappelle cette grosse colère de Gbagbo, " si c'est un coup d'Etat RDR, qu'on nous le dise ", comme pour rappeler au CNSP de Guéi Robert que c'était le FPI le vrai auteur du coup ; et enfin, Moïse Lida Kouassi, ponte du FPI, affirmait dans une interview à Fraternité Main - les paroles s'envolent, les écrits restent - qu'au moment du basculement du formel dans l'informel, Odette Sauyet, autre membre influent du FPI, et lui étaient à la tête des troupes dans la caserne d'Akouédo. Alors, ayant fait ces recoupements, d'ailleurs à la place d'Adjoumani, qu'auriez-vous conclu ? Reprenons Adjoumani qui soutenait que plus tard " nous avons compris que le FPI et son président étaient complices de la première rébellion en Côte d'Ivoire ". Détail important : Adjoumani dit "complice". Non, "co-auteur". La démarcation est nette. En effet, par son silence, on peut être complice d'un acte abominable. Par sa passivité, on peut être complice des crimes sordides perpétrés par un dictateur. Par son silence, et assurément pour ses intérêts, le FPI et son président d'alors se sont faits complices du coup d'Etat 1999. Le vendredi 29 juillet 2005, première audience du procès du Président Gbagbo contre le ministre Adjoumani. Dès les premiers échanges dans le temple de Thémis, une constance se dégage : c'est un procès politique. Kobenan Kouassi Adjoumani, nouvelle génération de militants fougueux, courageux et téméraires du PDCI-RDA, doit être étouffé dans l'?uf pour ne pas faire d'émules. Car, les quelques rares membres de la FESCI qui prennent conscience de leurs études et échappent ainsi à la médiocrité, épousent les idéaux du PDCI-RDA, abandonnant ainsi brigandage et barbarie. Adjoumani était devenu l'ennemi du pouvoir FPI et l'homme à abattre pour son engagement politique. Le député Brou René avait flairé le coup très tôt qu'il mit sur pied un Comité national de soutien à Adjoumani (CNSA). N'eût été la présence de ce comité et la vigilance des avocats, Adjoumani aurait perdu la vie à l'audience du 7 octobre 2005. Car, ce jour-là, le FPI avait alerté sa galaxie patriotique, ses miliciens et autres quidams zélés, tapis dans les agoras et fora pour en finir avec le député de Tanda.
Les journaux de l'opposition, et principalement "Le Nouveau Réveil", proche du PDCI-RDA, tirent, depuis cette date du 29 juillet 2005, sur la sonnette d'alarme : le procès de Gbagbo contre Adjoumani est un procès politique. Pire, c'est un procès contre le PDCI. En effet, tout y passe. Ce procès vise, pour ceux qui ne le comprendraient pas, à tester la capacité de mobilisation du PDCI-RDA. Il est bien beau de se gargariser de mots au cours des meetings. Mais, il serait encore plus édifiant, plus politique d'être présent sur le champ de l'action, car la politique est avant tout action.
Ce procès contre Adjoumani est un hymne à la solidarité et à l'unité. Si chacun militant, chaque militante pouvait se dire que ce qui arrive peut lui arriver à chaque instant avec ce régime fasciste de Gbagbo, et marquer, ne serait-ce qu'une fois, sa présence physique au palais de justice d'Abidjan, bien de situations se seraient déjà décantées. N'abandonnez pas l'autre au diable sous prétexte qu'il est jaune. Car, le jour où le diable aura fini avec les jaunes, il s'attaquera à vous, le noir par ce que vous êtes de la même écurie.
C'est fort de cet enseignement que nous saluons avec déférence nos députés. Altiers et dignes dans leurs écharpes, orange, blanc, vert, symboles de la nation ivoirienne qu'ils incarnent au plus haut point, car représentants du peuple de Côte d'Ivoire pour légiférer et montrer le chemin de la droiture. Ils sont unanimes à dire, et les avocats d'Adjoumani avec eux, que ce procès - ce n'est pas une question d'avoir tort ou d'avoir raison - ne grandit pas Gbagbo et ne grandit pas la République de Côte d'Ivoire.
C'est également fort de l'enseignement cité plus haut que nous avons applaudi le secrétaire général quand il a lancé l'appel à l'unité et à la solidarité autour d'Adjoumani lors du meeting des jeunes à Yopougon.
Hélas, ce fut un slogan de meeting. La direction du parti donne la désagréable impression de n'avoir pas de stratégie pour mener ses troupes. C'est bien beau de faire montre de son éloquence devant quatre pelés et un tondu assis sous des bâches. Quand le FPI était dans l'opposition, il n'avait pas besoin de bâches pour remplir la place Ficgayo. C'est à même le sol que les militants, bien encadrés, je dis bien "bien encadrés" et les sympathisants avalaient les paroles de leur leader. On ne me fera jamais croire que le PDCI-RDA, le grand PDCI-RDA est incapable de sortir un millier de militants pour défendre la justice et le droit ! A voir la taille des délégations. Non, il y a quelque chose qui cloche. Il y a un sorcier dans cette absence de mobilisation autour d'une cause que nous savons juste. Le poisson pourrit par la tête. A la direction du parti de trouver des recettes pour décanter la situation et dénouer le cas Adjoumani. Gbagbo disait après son boycott actif de 1995 : il y a des gens qu'un régime ne peut arrêter. Car, leur arrestation peut créer un mouvement brownien aux issues incertaines. A méditer. Comparaison n'est pas raison, certes. Mais, adaptation selon les saisons peut être salvatrice. Pour notre part, nous dirons que la mobilisation est souvent une question de hiérarchie perméable.
Le cas Adjoumani est un ballon d'essai.
A méditer.
Gnamantêh

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