samedi 7 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

24h de vives tensions, de grand stress, de tractations houleuses pour parvenir à arrêter la composition finale du gouvernement qui sera rendu public aujourd'hui à11h. Car, comme il est de coutume à la veille de chaque renouvellement de l'équipe gouvernementale, Gbagbo s'est essayé à son jeu favori : la récusation de certains ministres de l'opposition. Mais cette fois-ci, il s'est heurté à la fermeté du premier ministre Guillaume Soro et des leaders du G7.
Au PDCI-RDA, Laurent Gbagbo ne voulait plus voir la tête des ministres Allah Kouadio Remi, Patrick Achi et Dagobert Banzio. Pour des raisons qui lui sont propres, il avait décidé de récuser 3 des 5 ministres que le PDCI et son président désiraient reconduire. Le premier ministre Guillaume Soro a donc fait connaître cette exigence du chef de l'Etat aux responsables du PDCI. Lesquels ne seraient pas passés par le dos de la cuillère pour marquer leur ferme opposition aux caprices du prince. "Pas question ! Si l'un des ministres PDCI est récusé sans motif, c'est tout le PDCI qui est récusé et nous sortons tous les ministres du gouvernement" aurait tempêté le PDCI-RDA. Le président Bédié qui séjourne à Daoukro aurait pesé de tout son poids dans cette affaire. Il aurait personnellement joint le premier ministre Guillaume Soro par téléphone pour lui indiquer clairement la position de son parti qui en avait assez de subir les sautes d'humeur de M. Gbagbo Laurent. Finalement, le chef de l'Etat a fini par baisser l'épée contre ses "adversaires personnels" au sein du PDCI-RDA. Il a accepté que Patrick Achi, Allah Kouadio Remi et Banzio Dagobert soient maintenus. Mais avec toutefois quelques changements au niveau de leurs attributions. Ainsi, le département que dirigeait le Dr Allah Kouadio Remi sera amputé de son volet "hygiène publique" et Banzio du "service civique". Le 1er cité conserve le ministère de la Santé. Youssouf Bakayoko et Mme Tehua Amah Marie restent toujours à la tête des départements des Affaires étrangères et de l'Industrie. Dans les milieux du PDCI, l'on avance comme raison, à la récusation de Gbagbo, certains intérêts politiques géo stratégiques. Gbagbo ne porterait pas dans son c?ur le ministre Banzio parce que celui-ci serait originaire de la même région que ses poulains du Moyen Cavally Hubert Oulaye et Marcel Gossio. Il ne faut pas que M. Banzio constitue un contrepoids pour les locomotives du FPI dans cette région où Gbagbo veut ratisser large au cours de la prochaine présidentielle. Entre lui et Patrick Achi, il y aurait encore le vieux contentieux de la cession du terminal de Vridi à Bolloré mais aussi le souci de couper les ailes au PDCI dans les 3A où le ministre des Infrastructures économiques gagne en popularité grâce à son programme et à ses réalisations socio-économiques. Avec le ministre Allah Kouadio Remi, il y aurait les positions de son ministère qui ont mis en difficulté les cadres et élus du FPI lors du scandale des déchets toxiques. Au niveau du RDR, Laurent Gbagbo aurait également opposé son veto à la reconduction du ministre des NTIC Hamed Bakayoko. Mais il s'est heurté à l'opposition du président Alassane.

Soro, en vrai opposant
Il faut reconnaître à César ce qui lui appartient, car si les contre exigences de l'opposition ont finalement été prises en compte dans la balance finale c'est en grande partie grâce à Soro qui a su défendre et faire respecter les choix du G7. Il a su prendre ses responsabilités devant Gbagbo pour lui imposer des hommes que le chef de l'Etat ne voulait pas au départ. Il n'est point donc exagéré de soutenir ici que Soro a sauvé certains ministres du G7. Le nouveau premier ministre qui confiait à Ouaga aux émissaires du RHDP lors de la phase II du dialogue direct qu'il était un 1er ministre du G7 vient de confirmer cette réputation. Sans esprit de belligérance, sans défiance mais aussi sans faiblesse, il a réussi à faire triompher les aspirations du G7. Et c'est un départ à saluer. Mais dans les tractations d'hier vendredi, Soro pourrait également laisser quelques plumes. Il aurait en effet des difficultés à faire admettre à Gbagbo que les chefs de partis politiques comme l'UDPCI et le MFA siègent au gouvernement. Ainsi l'UDPCI qui hériterait du ministère des Transports pourrait ne pas y faire siéger le Dr Albert Mabri Toikeusse. De même Anaky Kobena pourrait ne pas occuper le ministère de la Coopération et l'intégration. Tout comme Mel Eg Théodore dont le parti enregistre deux portefeuilles ainsi que le PIT. C'est donc un gouvernement né après des négociations houleuses et très serrées qui sera rendu public aujourd'hui.

Akwaba Saint Clair

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