samedi 7 avril 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Un matin de juillet 1971. Le monde se réveille avec une nouvelle surprenante. C'est la stupéfaction pour les uns, incroyable pour les autres. Nous sommes en pleine guerre froide. Le monde est partagé en deux camps. Celui du monde occidental conduit par la puissante Amérique et le monde socialo-communiste avec deux leaders : l'URSS et la Chine. Les pays africains suivent l'un ou l'autre. La jeunesse africaine est partagée entre les deux leaders du monde socialo-communiste. Moi, je fais partie de ceux qui soutiennent Pékin. Comme la plupart des jeunes africains, l'Amérique était notre bête noire. Nous la détestons de toute notre force. Le capitalisme partait vers sa mort au profit du triomphe du socialisme. Notre Bible était le ABC de Boukharine, l'idéologue du communisme. Toute la production devait être gérée par l'Etat et non par des investisseurs privés. Un riche ne pouvait qu'être un voleur du peuple. Les pensées de Mao Tsé Toung dirigeaient nos pas. Pour nous, la guerre était inévitable entre la Chine et les Etats-Unis d'Amérique. Quand la Chine fit exploser sa bombe atomique? ce fut la fête. On s'attendait à cette guerre nucléaire qui ne pouvait qu'être favorable à la grande Chine à cause de sa nombreuse population. On attendait avec impatience la confrontation entre les deux pays quand la nouvelle nous laissa sans voix. Un conseiller du Président Nixon venait de rencontrer les dirigeants chinois à Pékin. Beaucoup d'entre nous refusèrent de croire. Mais les faits étaient là, implacables. Henry Kissinger avait bel et bien discuté avec les plus hauts dirigeants Chinois et surtout une coopération allait commencer entre les deux puissances. La honte nous écrasait. A quoi avait servi notre combat idéologique ? Les deux ennemis venaient d'inaugurer un pont entre eux. Plus tard, en février 1972, le Président Nixon se rendra en Chine. Ainsi sortira le communiqué de Shangaï. Henry Kissinger avait préparé et effectué son voyage dans le plus grand secret. Il quitta Washington habillé en marchand pakistanais. Et c'est du Pakistan qu'il se rendit en Chine. Aucun journaliste ne suivit les traces de Kissinger qui deviendra l'un des plus grands diplomates du monde. Tout se passa dans le plus grand secret. Les magazines et les livres sur l'astrologie revinrent sur l'homme américain né en Europe. Il était natif du signe des gémeaux. Les gémeaux sont les plus intelligents de tous les signes du zodiaque, malgré leur légèreté ils sont secrets et profonds. On saura tout sur les gémeaux dont Kissinger devenait l'exemple type. Mars 2007 un dialogue entre le régime de Laurent Gbagbo et la rébellion commence au grand étonnement du monde entier. Personne ne croit à la fin de ce dialogue. On se demande depuis quand les deux camps ont commencé à préparer cette rencontre. L'histoire nous enseignera plus tard comment tout cela s'est noué. Mais, LG dans l'opposition disait et je me souviens comme si c'était hier : "Les gens pensent que la politique c'est ce qui s'écrit dans les journaux et ce qu'on voit à la télévision". Il disait qu'en politique tout se passe dans le secret. Laurent Gbagbo et Henry Kissinger ont un point commun : ils sont tous les deux natifs du signe gémeaux. L'intelligence. Même ceux qui n'appréciaient pas l'historien commencent à mieux le comprendre. On ne parle plus que de son intelligence. "Gbagbo est vraiment fort", entend on chaque jour dans tous les milieux. Il vient de donner une leçon politique aux masses africaines. Ne jamais croire que les ennemis politiques sont des vrais ennemis. Ce sont des équipes. Après les matches, la vie reprend son cours avec les camaraderies et les fraternités. Il y a quelques années eurent lieu, à Ouaga, des discussions entre les partis politiques d'un pays de l'Afrique de l'Ouest. On appris que les "ennemis" dont l'antagonisme avait crée des blessés et des morts dans leur pays se trouvaient tous dans des confréries ou des mouvements de pensée dans lesquels ils se retrouvaient régulièrement en ne tenant pas compte de leur carte de parti. LG peut sortir enfin son livre intitulé : Profession politique. Nous avons hâte de le lire. Après la rencontre de Pékin et celle de Ouagadougou comment doivent maintenant se comporter les supporters des camps politiques supposés antagonistes ? Savoir que la politique est un jeu. Elle n'est réservée qu'aux professionnels. Les spectateurs que nous sommes doivent s'atteler à construire leur vie par un travail acharné pour leur propre réussite. Savoir aussi que le pouvoir appartient à Dieu et atteint le trône celui que le Tout-Puissant a décidé d'y mettre. Savoir enfin que ce n'est pas à une personne qu'on a affaire mais à une institution. Aimer ou ne pas aimer Gbagbo ou Soro n'a aucune importance. C'est le respect aux institutions qui comptent. Espérons que leur dialogue restera toujours secret afin que notre pays retrouve son lustre d'antan. Créer les conditions d'une vie prospère pour la population est beaucoup plus importante que des élections. Les toubabs qui sont toujours pressés de nous envoyer aux élections viennent d'apprendre à leur dépens, au Congo, que la clé de nos solutions ne résident pas dans les élections mais dans le combat contre le tribalisme et la naissance ou la consolidation d'une Nation où les habitants ne font pas de la recherche du gain facile une devise. Ainsi va l'Afrique.
A samedi prochain.
Par Isaïe Biton Koulibaly
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