mardi 10 avril 2007 par Le Front

Enfin ! Le gouvernement Soro a été rendu public samedi dernier. Mais, on ne peut aller plus avant sans dire un mot du respect du calendrier fixé par l'Accord de Ouagadougou. Tout était réglé comme du papier à musique. Tout s'est passé à l'avenant. Sans le moindre accroc ni anicroche. Comme prévu, quatre semaines après la signature de l'Accord, le ?'cadre institutionnel d'exécution'' a été mis en place. Cela s'est concrétisé par la désignation le 26 mars et trois jours plus tard, la nomination de Guillaume Soro, le Secrétaire général des Forces nouvelles, comme le nouveau Premier ministre de Côte d'Ivoire. Comme prévu, dans la cinquième semaine, le nouveau gouvernement a été formé. Mais ce qui n'a pas été prévu et qui a surpris plus d'un, c'est la reconduction, poste pour poste, de bon nombre de ministres. Tant de l'opposition que de la mouvance présidentielle. On avait pourtant cru déceler entre les lignes et percevoir au creux de certains propos que les membres de la nouvelle équipe seraient moins marqués politiquement. Et que le militantisme politique serait sacrifié sur l'autel de la compétence. Bref, pour dire les choses comme tout le monde, on avait promis un gouvernement de technocrates. A l'arrivée, on se retrouve avec un gouvernement de politiques. Toutefois, ne jouons pas les Cassandre et gageons que d'un mal peut venir un bien. Cela dit, que peut bien nous inspirer cette équipe de trente-trois membres qui ressemble, à quelques éléments près, au gouvernement BANNY I. A la vérité, si la tête n'avait pas changé, on aurait demandé aux uns et autres de ?'tirer sur la chasse'' et d'aller se coucher. Mais, justement, la tête a changé. Et donc, tout a changé ! A nouveau chef d'orchestre, nouvelle musique ! Le Premier ministre Guillaume Soro va donc imprimer son rythme au processus de paix. Il va donner le la à une équipe dont les trois-quarts ont servi sous son prédécesseur. Est-ce un atout ou un handicap pour sa mission ? Tout dépendra de lui. Sera-t-il un chef de gouvernement complaisant ou rigoureux ? Selon qu'il est l'un ou l'autre, les ministres seront à la tâche ou en vadrouille. Et à la fin, Soro sera seul comptable du succès ou de l'échec de l'équipe. Mais, la réussite du processus de paix ne dépend pas que du Premier ministre et des ministres. Il n'y aura pas d'un côté ceux qui travailleront pour le retour de la paix et, de l'autre, ceux qui attendront, tranquillement, que celle-ci revienne pour en jouir tout aussi tranquillement. C'est à ce niveau que nous allons emprunter à l'ancien Premier ministre sa belle métaphore. Mais, toutefois, avec une différence notable. Charles Konan Banny, pour ne pas le nommer, demandait aux Ivoiriens de monter dans le train de la paix. Nous voudrions voir les choses sous un autre angle. Ainsi, le nouveau gouvernement peut-il être perçu comme la locomotive qui a vocation de tirer les wagons que constituent les Ivoiriens et ceux qui habitent ce pays. On ne demande donc à personne de monter dans un train que certains, il y a peu, ont fait mine de ne pas voir, mais de s'arrimer comme des wagons à la locomotive pour aller à la paix. Les Ivoiriens sont donc appelés à être acteurs de leur avenir et maîtres de leur destin. Cela fait plus de quatre ans qu'ils se sont défaussés sur la communauté internationale de la mission de restauration de la paix dans leur pays. L'Accord de Ouagadougou leur donne l'opportunité de se prouver à eux-mêmes que la Côte d'Ivoire, leur pays, est véritablement indépendante et souveraine par eux-mêmes. Afin que la Côte d'Ivoire renaisse à la Paix. Définitivement.


Honoré Sépé

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023