mardi 10 avril 2007 par Fraternité Matin

Affi N'guessan
Seydou Diarra
Charles Konan Banny
Angèle Gnonsoa
Assana Sangaré et Henriette Diabaté
Victorine Wodié et Clotilde Ohouochi
Anne Messou Malan et Odette Sauyet
Henriette Lagou et Angèle Boka
Geneviève Bro Grébé et Emilienne Boby Assa
Martine Coffi Studer et Ginette Ursule Yoman
Raymond N'Dori et Émile Boga Doudou ( )
Assoa Adou et Bamba Mamadou
Ahoussou Kouadio Jeannot et François-Albert Amichia
Kobenan Kouassi Adjoumani et Boniface Britto
Désiré Gnonkonté et Eric Kahé Kplohourou
Zémogo Fofana et Amadou Soumahoro
Issa Diakité et Koné Mamadou
Roger Banchi et Tuo Fozié
Messamba Koné et Michel Gueu
Richard Kadjo et Roger Gnohité
René Amani et Martin Bléou
Innocent Anaky Kobenan et Jacques Andoh.
Abou Drahamane Sangaré et Moïse Lida Kouassi
Oulai Siéné et Séry Bailly
Aimé Kabran Appiah et Koné Dramane
Alain Cocautrey et Lazare Koffi Koffi
Gnamien Yao et Lia Bi Douayoua
René Aphing Kouassi et Joseph Dja Blé
Aziz Thiam et Bamba Cheick Daniel
Joël N'guessan et Yao Noël
Septembre 2002-avril 2007. Période de crise dont il faut sortir. Il en est de plus en plus question. Un gouvernement, peut-être le dernier avant les élections ouvertes à tous, vient d'être connu. Données chiffrées des différents changements à la tête de l'Etat, à la date du samedi 7 avril 2007 (jour du tout dernier remaniement): 3 anciens Premiers ministres, 53 anciens ministres dont 13 femmes, sur cette période de cinq ans. Que de divorces, de séparations et de fractures, purement politiques. Mais Même quand il ne peut être évité, un divorce doit-il se faire avec fracas? La séparation doit-elle s'accompagner forcément de bruit, pour être considérée comme telle ? Le divorce est, de nature, douloureux. Le rendre davantage douloureux n'est pas fait pour arranger les choses, bien au contraire. Donc, il n'a guère besoin d'être renforcé, ni par des discours accablants ni par des comportements de rejet de l'autre. Laurent Gbagbo et Charles Konan Banny sont descendus de leur tandem. Le couple politique s'est disloqué, lui qui semblait pourtant être promis à un bel avenir, après l'épisode tant décrié Gbagbo-Seydou Elimane Diarra.
Gbagbo-Banny, c'est donc vraiment fini. La manifestation la plus récente de la cassure se résume à la mise en place du gouvernement Soro, le samedi 7 avril 2007. Soit deux jours après la passation des charges entre Banny et Soro.
Entre le chemin de croix du vendredi 6 avril 2007 et les messes du dimanche 8 avril 2007, le remaniement ministériel s'est ainsi interposé. Au retour du long week-end pascal, cette actualité politique continue inévitablement d'occuper les habitants des villes, alors que certains de leurs frères et s?urs des campagnes cherchent d'abord et surtout leur pitance.
Pâques pour tous, est-on tenté de s'écrier ou de s'interroger. La résurrection se sera opérée, aussi bien dans le camp des chrétiens que dans celui des politiques. La pression s'est estompée. La tension a baissé d'un cran. Le stress est en train d'être maîtrisé. L'un des appendices non négligeables de la décrispation politique réside dans la reconduction d'un grand nombre de ministres du gouvernement Banny dans l'équipe Soro: 27 ministres maintenus. Seulement 6 nouveaux. Le désormais ancien Premier ministre devrait trouver là un réconfort. Les partis politiques, aussi. L'opinion publique lit dans ce mouvement une preuve de flexibilité du Président de la République et du nouveau Premier ministre qui mijotaient une recomposition autre que celle qui se présente à l'arrivée. Il est cependant regrettable que 8 des 9 ministres sortis du gouvernement émanent de la société civile. Les militants ou représentants de formations politiques, à l'exception d'un seul, ont été repêchés, tandis que des ministres, auxquels il arrive de jouer les intermédiaires ou médiateurs, ont presque tous été remerciés. Dans le nouveau gouvernement, la société civile est plutôt effacée: deux représentants seulement. Frustrations. Règlements de compte. Ingratitude. Injustice Les griefs de cette nature, à l'heure des grands changements, ne manquent pas.
C'est pourquoi, en plus de sa mission traditionnelle, le nouveau commando de 33 membres doit veiller à semer la concorde. Entre l'équipe sortante et celle qui monte sur scène. Mais, également entre les membres des gouvernements successifs. Etre remplacé par quelqu'un ou même remplacer quelqu'un, à un poste, peut s'accompagner de tension et de sentiments contradictoires. Joie. Mécontentement. Rancune, parfois. Bien des citoyens éprouvent un malin plaisir à mettre en conflit ceux qui partent et ceux qui arrivent. Une ambiance malsaine a entouré le divorce Gbagbo-Diarra. Le départ de Diarra et l'arrivée de Banny ont fait l'objet de commentaires de toutes sortes. Ceux qui contribuent à la détérioration des relations sont, en pareille situation, plus nombreux que ceux qui jouent la carte de la sauvegarde et du raffermissement de l'esprit de concorde. Que ne raconte-t-on pas depuis que la séparation Gbagbo-Banny est effective ? Que d'interprétations des discours et des gestes de l'un et de l'autre! L'atmosphère deviendrait encore plus tendue si les acteurs eux-mêmes venaient à tenir des propos peu rassurants. Plutôt allumer les feux de la discorde semble être la préoccupation (cachée) du plus grand nombre. Que dire de l'atmosphère qui règne entre les gens de Banny et les gens de Soro?
L'on ne peut être dans un processus dit de sortie de crise et penser qu'il faut entretenir et multiplier les foyers de tension entre les gouvernements successifs, entre les institutions, entre les familles et/ou mouvements politiques, entre les hommes. Personne ne peut soulever de montagnes dans une atmosphère de division et de suspicion. Or, Dieu seul sait que des montagnes, il y en a, de toutes sortes. Désarmement! Réinsertion! Reconstruction! Identification! Redéploiement de l'administration! Sécurité des personnes et des biens! Bonne gouvernance! Elections libres, transparentes, justes et ouvertes à tous ! Autant de montagnes qu'il faudra savoir déplacer. Avec tact. Et doigté. Et pourquoi ne pas commencer par l'insalubrité urbaine qui vient de s'octroyer tout un département ministériel?
Personne ne peut escalader ces hauteurs, ou engager ces chantiers, dans un climat de profond malaise. Trop de foyers de tension ne peuvent que contrarier la volonté d'aller, ensemble, à la paix affichée ici et là. L'union qui fait la force doit demeurer une réalité indiscutable. Les divorces, très nombreux du reste, enregistrés tout au long de la crise et à divers niveaux, revêtiraient le manteau du pardon mutuel qu'ils permettraient de maîtriser nombre de mauvaises intentions des lendemains de rupture. Le divorce, si difficile à supporter soit-il, n'engendre pas l'amnésie. Il ne doit pas, non plus, permettre à de vilains sentiments, telles la rancune et la haine, de s'installer. Les effets d'une séparation ne s'apprécient qu'au souvenir de l'harmonie qui a existé pendant longtemps au sein du couple. Prend-on de la distance vis-à-vis d'un ami? Cela n'autorise ni l'un ni l'autre à essayer d'oublier - ou à faire semblant d'oublier - ce qu'ils ont pu partager comme joies et peines. Lesquelles ont contribué progressivement à consolider leur amitié, avant que celle-ci ne se dégrade. Une séparation de corps intervient-elle dans un foyer conjugal? Elle ne peut signifier disparition, de la mémoire du couple, de tout ce qui a uni les deux époux, par le passé.
Réussir la gestion des divorces de la nation, puis celle de sa volonté de se réconcilier avec elle-même, voilà le défi ! Il revient incontestablement au Président de la République, au Premier ministre, au gouvernement et aux présidents des institutions de la République de donner le ton et l'exemple. Par le discours en public comme en privé. Et par les actes. Par leur clarté, ceux-ci ne doivent laisser s'installer ni confusion ni controverse.
Dans le contexte actuel, cette tâche incombe d'abord et surtout à Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Et pour cause ! Depuis cinq ans, chacun a tenté, vainement, d'avoir raison de l'autre. Entre l'un et l'autre, le fossé s'est creusé, s'est élargi et s'est approfondi. L'un et l'autre ont (enfin !) réalisé qu'il leur fallait plutôt se rapprocher, chaque jour un peu plus. C'est ce qu'ils font ou essaient de faire. Le monde entier en est témoin et s'en félicite, après avoir ruminé sa colère, suite aux blocages antérieurs.
Mais, une question revient sur les lèvres et se lit dans les yeux: comment Gbagbo et Soro, après la formation du gouvernement, vont-ils aller à la paix, heure après heure, jour après jour ? Tous leurs compatriotes, tous les amis et partenaires de la Côte d'Ivoire qu'ils entraînent dans cette nouvelle et belle aventure les écoutent et les regardent. Attentivement. Tous, y compris les membres du nouveau gouvernement, observent Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Des réactions du Chef de l'Etat et du Premier ministre, face aux sujets de l'heure, dépend le rythme de la réconciliation et de la paix. La richesse de l'actualité mettra l'un et l'autre à rude épreuve. Une sorte de test quotidien de bonne volonté, en somme.
Tenez! Le programme des passations entre anciens et nouveaux ministres n'est pas encore rendu public, les conclusions de la réflexion sur le Centre de commandement intégré ne sont pas encore traduites en décisions; et voilà qu'il est déjà question de la suppression de la zone de confiance à partir du 16 avril 2007 et de l'évacuation progressive des forces impartiales et de la Licorne. Gbagbo et Soro doivent apprécier ces annonces fortes, à la lumière de l'accord de Ouaga et des réalités du terrain.
Faux pas interdits, dans tous les cas. Parce que le précipice n'est pas loin. Pas loin du tout ! Parce que les habitants de ce pays meurtri n'attendent que de vivre en paix. Dans la paix.

Par
Alfred Dan-Moussa

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