Paquinou 2007 a été exceptionnelle pour les populations de Bocanda qui avaient pour invité, le président de la république.
Pâques, fête chrétienne. Mais Pâques, également fête païenne en pays Baoulé. Pour la Pâques 2007, les populations Agba de Bocanda (sous-groupe Baoulé), ont eu l'immense joie d'accueillir sur leur sol un invité de marque : Laurent Gbagbo, président de la république de Côte d'Ivoire. Le modeste village de Kouadioblékro, nouvellement érigé en chef-lieu de sous préfecture, situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Bocanda sur une voie non bitumée, a été choisi pour cette Pâques exceptionnelle. Le dimanche 8 avril, Kouadioblékro a donc fait sa toilette des grands jours. L'entrée du village a été complètement dégagée par des buldozers. Les rues ont été débarrassées des herbes et rechargées pour l'occasion. Cette Pâques n'étant pas comme les autres, Kouadioblékro a accueilli une foule immense venue de partout. D'abord, les populations des douze villages de la tribu N'Djé, mais également de tout le département de Bocanda. Ensuite, des représentants des départements environnants : Dimbokro, Bongouanou, Daoukro. Le Premier ministre Affi ?Guessan, président du FPI, était de la fête. Enfin des visiteurs venus de très loin, du pays Bété. Notamment du village de Téhiri, dans la sous préfecture de Bayota où a été organisée l'année dernière un Paquinou hors du terroir Baoulé. Et d'autres venus de Bouaflé. Toute l'administration locale était présente. A commencer par le préfet de la région du N'Zi-Comoé, Auguste Tahan qu'entouraient tous ses sous-préfets et secrétaires généraux de préfecture. Il y avait aussi les artistes que les habitants du village n'ont jamais vus de si près : Antoinette Konan, Sidonie La Tigresse. Et d'autres qu'ils ne connaissaient pas jusque-là, comme Yohou Zino, chanteur venu de Téhiri apporter une autre notre à la fête.
Quand le président Gbagbo foule le sol Kouadioblékro, il est 14h et la foule massée sur la place de la manifestation est enthousiaste, mais disciplinée. Kouamé Affoué, jeune hôtesse qui voit le président Gbagbo de si près pour la première fois ne peut contenir son émotion. Elle fond littéralement en larmes. Dans un réflexe paternel, le président Gbagbo la retient l'empêchant de tomber, la fait asseoir sur une chaise et la console en lui faisant quelques tapes. La joie est à son comble. L'instant est historique.
Kouadioblékro en a connu des Pâques, mais celle du 8 avril 2007 restera à jamais gravée dans la mémoire collective de ce village.
Gbagbo le sauveur. C'est pourquoi, le président Gbagbo passe aux yeux du peuple Agba pour être le sauveur le consolateur d'une région qui fut c?ur de la boucle du cacao et qui n'a jamais bénéficié des retombés du boom du cacao.
Nous étions comme des orphelins abandonnés au bord de la route, et vous êtes arrivé pour nous dire que vous êtes notre père, un père généreux qui sait consoler ses enfants?, a avoué Nanan Kouadio Konan Martin, chef de Kouadioblékro qui intervenait au nom de tous ses pairs. Et, assimilant les actes du président Gbagbo en faveur de Bocanda à l'acte de création, le chef Kouadio Konan Martin dira ceci : Vous avez dit : que la lumière soit et la lumière fut pour 32 villages du département en l'espace de deux ans ; vous avez dit : que la sous-préfecture soit et la sous-préfecture fut pour trois villages du département dont Kouadioblékro ; vous avez dit : que la commune soit et la commune fut. Je sais déjà que si vous dites : que l'eau jaillisse, l'eau jaillira?. Mais en plus d'avoir conquis le peuple Agba par sa générosité, dira Nanan Kouadio Konan à l'endroit du président Gbagbo, vous nous avez séduits par votre programme de gouvernementvotre idée géniale de dialogue direct avec la rébellion?.
Miss Dodo Akissi Madeleine, conseillère économique et sociale, directrice de campagne du président Gbagbo à Bocanda, ajoutera, au nom du comité d'organisation que Bocanda agonisant est aujourd'hui en rééducation grâce au chef de l'Etat et sera bientôt plus requinqué qu'un jeune homme de dix ans?.
Pour tout ce qu'il a fait pour le département en si peu de temps, le président Gbagbo a été fait chef de la tribu N'Djè avec pour nom de règne Nanan Dodo II. En souvenir de Nanan Dodo I qui règna avec bonheur sur les douze villages de la tribu. Il en a reçu les attributs : Une chaise royale, une canne et un chasse-mouche dorés une bague également dorée Mais ce n'est pas tous les jours qu'on reçoit un président de la république chez soi. Aussi, le chef Kouadio Konan en a profité pour exposer quelques doléances. Il y a certes la question vitale de l'eau, mais le chef Kouadio-Blékro a aussi demandé au président Gbagbo la réhabilitation du dispensaire du village décimé par un incendie, la réfection de la voie routière Bocanda-Dimbokro fortement dégradée et le bitumage de l'axe Bocanda-Didiévi-Yamoussoukro.
Je suis d'accord avec le chef. Le président Gbagbo, répondant aux doléances du chef Kouadio Konan, n'a pas voulu tomber dans la démagogie facile. Sur la question de la réhabilitation de l'axe routier Bocanda-Dimbokro et du bitumage de l'axe Bocanda-Didiévi-Yamoussoukro, il a eu ces mots : Je suis d'accord avec le chef, mais il faut voir comment cela va se faire?. Le chef de l'Etat a expliqué que c'est bien pour mieux apprécier l'ampleur de la dégradation de la voie Bocanda-Dimbokro qu'il est arrivé par la route alors qu'il avait la possibilité de faire le déplacement par hélicoptère. Parce que, pour lui, même si le médecin n'a pas de médicament sur le champ, il a toujours besoin de constater de quoi souffre un patient. Pour l'heure, il a apporté quelques bonnes nouvelles qu'il s'est fait l'honneur d'annoncer aux habitants de Bocanda. Je suis venu avec les sous-préfets des trois villages érigés en sous-préfectures?. Ainsi, Mlle Aka Hortense, sous-préfet de Kouadio-Blékro ; MM. Djako Joël, sous-préfet de Bengassou et Allah Yao Alain, sous-préfet de Zékrézessou, ont été présentés à la pupulation en délire. Le président Gbagbo a souhaité qu'ils soient rapidement installés pour qu'ils se mettent à la disposition du peuple? qui les attend depuis longtemps.
La bonne nouvelle, c'est également la mise sous tension de façon officielle des 32 villages récemment électrifiés. La bonne nouvelle, c'est aussi l'annonce faite par le président Gbagbo du retour de la paix après cinq ans de crise.(Voir encadré).
Augustin Kouyo Envoyé spécial