mardi 10 avril 2007 par Nord-Sud

Sorti du monde réservé des renseignements généraux, habitué à écouter, à voir et à informer les autorités, plus qu'à se faire voir et entendre, le ministre sortant de la Sécurité est arrivé dans l'anonymat dans le gouvernement de Charles Konan Banny. En quelques semaines, Dja Blé Joseph est devenu la coqueluche des Ivoiriens. En tous cas, de ceux qui pensent à la Côte d'Ivoire et à sa rédemption. Le commissaire divisionnaire est sorti des sentiers battus et de la langue de bois. Il s'est fait connaître par un discours franc et direct. Ministre de la République, il s'est prononcé en citoyen libre sur les maux qui gangrènent la société et s'est permis de diagnostiquer le mal de la Côte d'Ivoire. Un mal qui s'enracine dans l'indiscipline, qui prospère dans l'impunité et qui triomphe dans l'arrogance des biens mal acquis. Dja Blé n'a pas voulu être uniquement un homme de la critique et des beaux discours flatteurs. Il s'est jeté dans la bataille de moralisation de la société. Frontalement, il a attaqué la corruption. La bête immonde qui enlace de toute la force de ses tentacules les allées et contre allées de la vie économique, sociale et politique du pays. Le premier flic a fait découvrir à la nation que des sacs d'argent circulaient pour les concours d'entrée à la police. Il a dénoncé les pratiques nauséeuses du népotisme et du favoritisme qui réservaient l'entrée à l'école de la police à des protégés et aux nantis. Avec lui, des enfants du pays, de toutes conditions et de toutes origines ont pu se réconcilier avec les vertus du travail et du mérite. Le concours d'entrée à la police était redevenu démocratique. Pour ne pas faire les choses à moitié, le ministre Dja Blé avait mis sur pied une commission aux fins de débusquer les faux diplômés qui se sont introduits dans les différents corps de la police. L'initiative a fait grand bruit. Dans un pays habitué aux pots de vin et au laxisme, les méthodes de Dja Blé dérangeaient. Beaucoup avaient hâte de se débarrasser de cet homme qui sortait des normes et qui était, en somme, la mauvaise conscience de tous ceux qui avaient les deux mains plongées dans les deniers publics. On les retrouve dans toutes les chapelles politiques. On peut gouverner pour la population; on peut être ministre en servant un idéal fort ; on peut être Ivoirien en s'affranchissant des pesanteurs tribales et religieuses pour être au service de tous. Dja Blé l'a démontré. Son expérience était trop belle, trop en avance sur les valeurs dominantes de son temps pour durer. Les chapelles politiques, toutes confondues ont eu raison de lui. On l'a sorti ou laissé sortir du gouvernement. Il n'est pas le héros de la Côte d'Ivoire nouvelle ; il en est, et cela correspond à la modestie qui le caractérise, le modèle. Merci commissaire Dja Blé Joseph.

D. Al Seni

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