mardi 10 avril 2007 par Le Matin d'Abidjan

Samedi 7 avril. Il est 10h. Comme annoncé, tous ceux qui sont concernés (journalistes y compris) par la formation du gouvernement accourent vers le palais présidentiel. A notre arrivée, nous constatons que la primature est noire de personnalités. Renseignement pris, on nous apprend que tous les convoqués doivent d'abord faire un détour dans les bureaux du Premier ministre avant la grande rencontre avec le Chef de l'Etat. Et le seul fait de voir telle ou telle personnalité entrer à la Primature suffit pour nourrir les spéculations des journalistes. Il y a en qui sont même allés jusqu'à relayer l'information selon laquelle Christine Konan, SG adjointe du Gouvernement et Gervais Coulibaly, le tout nouveau porte-parole de la Présidence de la République " sont devenus ministres ". Chacun y va de son commentaire. Jusqu'à ce que " les ministrables " sortent de leur "conclave" avec Soro pour aller en procession à la Présidence de la République. A la vue de ministres que la rumeur avait trop emportés avec le départ de Banny, les interrogations fusent de partout. Et du coup certains ont dû se rendre compte que pour cette fois leurs "sources bien introduites" ont botté en touche. Puisque contrairement à ceux qui ont annoncé que les leaders de partis politiques seraient exclus des rangs, Mabri Toikeusse et Mel Théodore font partie du lot des ''élus''. Le seul qui manque à l'appel c'est Anaky Kobena. Et à la vue de Fatoumata Bamba présidente des femmes du Mfa chacun se rend compte le leader de son parti " ne sera plus ministre " contrairement à ce qu'il avait ardemment souhaité. Bref ! A part quelques initiés, nos sources révèlent (et certains ministres l'ont confirmé), personne ne savait au préalable le poste qui lui serait confié ( ?). 11h, changement de décor puisque le centre d'intérêt s'est déporté de la Primature à la Présidence de la République. Tout le monde, y compris les 162 journalistes ( !) qui ont fait le déplacement, attend l'arrivée du Président Laurent Gbagbo. Lorsqu'à 11h18 le Chef de l'Etat prend pied dans l'enceinte du Palais, il est accueilli par le Premier ministre Soro Kigbafori Guillaume. La poignée de main des deux hommes suscite de l'émotion chez de nombreux témoins de la scène. " La guerre est vraiment finie ! ", lance un confrère. Les deux hommes se dirigent aux pas de course vers les bureaux du président pour un tête-à-tête de quelques minutes en présence de.Amani N'guessan. Selon certaines indiscrétions c'est au cours de ce huis clos qu'on aurait annoncé à l'ancien ministre de l'Education nationale qu'il occupera désormais le portefeuille de la Défense. 11h 55. Soro, part des bureaux du Chef de l'Etat pour la salle du conseil des ministres où l'attendent les membres de son équipe. Il est rejoint 5 mn plus tard par le Président Laurent Gbagbo qui au passage salue " le peuple journaliste ". Pendant ce temps, les journalistes y vont à fond avec les pronostics sur les éventuels postes qui seront attribués à chacun des 32 ministres de Soro. Les téléphones crépitent. Malgré la retransmission en direct, tous ceux qui n'ont pas eu le privilège d'être au Palais veulent avoir " des informations fraîches". 12h 37. Le Secrétaire général de la Présidence de la République vient mettre fin à la rumeur avec la publication de la liste des membres du gouvernement avec leurs différentes attributions. Les réactions que suscite la "proclamation des résultats" démontrent une fois de plus que tous les pronostics ont été déjoués. Puisque tout le monde est resté en place "sauf Banny qui est parti avec ses hommes", commente un confrère. Mais, cette thèse est aussi discutable puisqu'Allah Kouadio et Banzio qu'on dit " très proches de Banny " ont réussi à survivre au départ de leur mentor. Toutes choses qui font dire que les signataires de l'accord de Ouaga ont réussi à entretenir le suspense sur la formation du gouvernement jusqu'à la dernière minute

Mireille Abié

Un chronogramme jusque-là respecté
Depuis le week-end dernier, la Côte d'Ivoire a une nouvelle équipe gouvernementale de 33 membres. La formation de ce nouveau gouvernement survient un peu moins de cinq (5) semaines après l'accord politique de Ouagadougou entre le camp présidentiel et la rébellion ivoirienne. Signé le 4 mars 2007 au Burkina Faso, sous l'égide du président Blaise Compaoré, facilitateur des pourparlers inter-ivoiriens, l'accord de Ouagadougou a prévu un chronogramme détaillé des actions à réaliser afin de parvenir à la tenue d'élections en Côte d'Ivoire. L'accord de Ouaga accordait à ses signataires au maximum cinq (5) semaines pour la formation d'un nouveau gouvernement. Ce qui a été respecté puisque le délai expirait le dimanche 8 mars dernier. Il a été précédé, environ une semaine avant, de la mise en place à Ouaga, la capitale burkinabè, de la mise en place d'un cadre institutionnel d'exécution de l'accord de paix soutenu par la communauté internationale. Avant la formation du gouvernement, il y a eu le démarrage de la mise en ?uvre du Centre de commandement intégré qui doit suppléer les forces impartiales dans la zone de confiance ; avec la mise en place des brigades mixtes. Conformément au chronogramme d'application des accords de Ouaga, le général Philippe Mangou et Soumaïla Bakayoko se sont réunis deux semaines après la signature de l'accord de paix. Et ils travaillent depuis lors à la mise en ?uvre de ce Centre de commandement qui sera opérationnel cette semaine. Les actions prévues après la formation du nouveau gouvernement sont déjà en marche. Le Commandant de la force de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire, le Général Ferdinand Amoussou, le week-end dernier, a annoncé la suppression de la zone de confiance à partir du 16 avril prochain. Le chronogramme de l'accord de Ouaga indique en effet que les "suppression de la zone de confiance et mise en place des unités mixtes commencent une (01) semaine après la formation du gouvernement". Quant au démantèlement des milices en zones gouvernementales et l'opération des audiences foraines, ils sont prévus au terme de la semaine suivante. Les deux opérations marqueront le début de la mise en ?uvre des questions essentielles de la crise ivoirienne. Car au même moment, se dérouleront l'opération de regroupement - rassemblement par unité des ex-combattants dans les sites de regroupement et le stockage des armes sous la supervision des Forces impartiales - et le redéploiement de l'Administration. Ce sera dans la dernière semaine du mois d'avril. Toutes ces actions constituent les premières étapes de l'exécution de l'accord Ouagadougou qui s'étend sur dix mois.

ROBERT KRA

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