mardi 10 avril 2007 par Le Monde

L'accord de paix signé le 4 mars à Ouagadougou (Burkina) et destiné à mettre fin à la partition de la Côte d'Ivoire a connu, samedi 7 avril, ses deux premières conséquences concrètes : un nouveau gouvernement dirigé par le chef des rebelles, Guillaume Soro, a été constitué tandis qu'était annoncée l'évacuation progressive de la force d'interposition composée de 7 000 casques bleus et de 3 500 soldats français agissant sous mandat de l'ONU.

Ces "forces impartiales" qui, depuis 2003, patrouillent dans la "zone de confiance" séparant le nord du pays, tenu par les rebelles, du sud contrôlé par le président Laurent Gbagbo, commenceront leur retrait à compter du 16 avril, a annoncé, samedi, le général Fernand Marcel Amoussou, commandant de la force de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).

"Nous allons quitter tous nos "check points" sur la "zone de confiance" et nous réinstaller sur les postes d'observation prévus dans l'accord de Ouagadougou", a précisé le général. L'accord de paix prévoit le remplacement des check-points par des "postes d'observation" dont le nombre doit être réduit de moitié tous les deux mois jusqu'à leur suppression totale. Parallèlement, la responsabilité de l'ordre public doit être transférée à une "force mixte" mêlant soldats loyalistes et ex-rebelles, dont 180 hommes doivent être déployés dès cette semaine.

L'annonce du retrait onusien fait suite à celle du retour de 500 des 3 500 soldats du contingent français "Licorne", faite par Paris le 22 mars et présentée comme un "ajustement technique".

Au moment même où était rendu public ce redéploiement militaire, samedi, la présidence ivoirienne annonçait la composition du nouveau gouvernement dirigé par Guillaume Soro, le chef des "Forces nouvelles", la rébellion qui tient le nord du pays depuis plus de quatre ans. M. Soro, 34 ans, succède comme premier ministre à Charles Konan Banny, dont la nomination avait été imposée au président Laurent Gbagbo par l'ONU et, en particulier, la France.

Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti présidentiel, conserve le portefeuille clé de la défense, confié à Michel Amani N'Guessan, ancien ministre de l'éducation nationale, tandis que celui de l'intérieur est attribué à l'ancien porte-parole de M. Gbagbo, Désiré Tagro. La rébellion, déjà présente dans le précédent gouvernement, conserve ses positions avec le maintien de Mamadou Koné au ministère de la justice, poste décisif pour les opérations de reconnaissance de la nationalité ivoirienne, l'un des noeuds de l'élection présidentielle prévue dans un délai de dix mois. Le ministère de la communication échoit, lui aussi, à un dirigeant de l'ex-rébellion, Ibrahim Sy Savané.

La France n'avait fait aucun commentaire, lundi 9 avril, sur ces derniers événements. Paris a accueilli avec circonspection mais un certain optimisme l'accord de paix de Ouagadougou, qui paraît plus prometteur que les précédents. Le retrait progressif des soldats français fait d'autre part espérer la fin de l'opération "Licorne" qui, lancée au moment du coup d'Etat de septembre 2002, coûte 250 millions d'euros par an au budget français.

Le processus de paix en cours a été conclu par les Africains indépendamment de la France et de la communauté internationale. Il remet en selle le président Gbagbo, dont Jacques Chirac rêvait de se débarrasser.

Philippe Bernard

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