mercredi 11 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

Vendeurs d'illusion, charmeurs, bossonistes, charlatans, prophètes ; nous avons fait une incursion dans leur univers. Notre mission pour vous, nous a permis de voir des vertes et des pas mûres. Nous nous sommes rendu chez chacun d'entre eux, seul ou accompagné, en qualité de patients ou simples curieux. Nous avons cherché à comprendre et percer leur mystère. Nous vous livrons ici les secrets de nos investigations. La région du sud-bandama, pour le moins que l'on puisse dire, est ointe par Dieu. lA preuve, à son image ( ?), les prophètes et charlatans pullulent. Le département de Lakota se taille la part du lion avec son agrégat de prophètes et de Docteurs ( ?) en médecine traditionnelle, à l'image de la prophétesse BAGUE Honon Marie Lalou de l'église Deïma, KOUDOU Jeannot, alias GBAHE l'exorciseur, DODI Zérédji et son bois sacré, le révérend père GOUDALE, etc.
A Divo, est néé aussi, une nouvelle race de tradipraticiens, de guérisseurs ou naturothérapeutes. Il nous a été donné de constater la prolifération de ces hommes et femmes, dit-on, aux pouvoirs mystiques, depuis l'avènement de la crise économique et surtout dans cette guerre militaro-politique. Après le coup d'Etat de 1999, Dr GOUDALE, révérend père, a réussi à charmer plus d'un. Chez lui, c'étaient des cargos qui déversaient des contingents de militaires pro-Guei. Les raisons étaient toutes simples : l'homme avait prédit l'avènement de cette ère nouvelle ( ?), sur les ondes de Radio Côte d'Ivoire, dans l'émission : "mythe et mystère". Il se racontait par les plus sceptiques que ce prophète (?) avait des dons surnaturels pouvant lui permettre de vous mettre en contact avec vos parents défunts. Et, les hommes en armes d'affluer, qui pour s'entendre prédire son avenir, qui pour chercher un talisman de protection en cette période d'incertitude. A côté de ceux-ci, il existe aussi, ceux que l'on appelle pompeusement DOCTEUR, ou qui se font appeler tel sans avoir jamais foulé les halls de la faculté de médecine. Encore moins prêter le serment d'Hippocrate. Vous avez entre autres, Dr ANGOUA, Dr DOUBLE Pomélie, Dr JC Kano, Dr KOUADIO Maurice, Dr DJAGBA Kan, etc. Tous ces médecins traditionnels ont des pouvoirs mystiques et connaissent les secrets des plantes. A leurs cabinets, ils font des consultations, posent des diagnostics et soumettent leurs patients à des traitements. Ils sont, disent-ils, spécialisés dans les maladies diverses, allant des plus bénignes aux plus complexes.
Pour Dr ANGOUA, président des tradipraticiens du sud-bandama, " je détiens ce pouvoir de mon grand-père. Il m'a enseigné le pouvoir de guérir l'hémorroïde et depuis plus d'une vingtaine d'années, j'ai mis au point et stabilisé " l'Angoiroïde " un produit dérivé de substance de plantes naturelles. En plus, je soigne diverses autres maladies qu'il serait fastidieux d'énumérer ici. Mais, aujourd'hui, j'ai aussi mis au point un produit qui combat la prostate et surtout la stérilité masculine et féminine".
Quant au Dr KOUADIO Maurice, ophtalmologue, à qui nous avons rendu visite, il dit exercer cette pratique depuis 1986. Il y avait une vingtaine de patients atteints de cécité à son officine. Tous, le regard absent, semblaient prier le seigneur afin de pouvoir un jour, comme leurs compagnons malades qui ont retrouvé la vue, percer eux aussi, le mystère de la lumière. Leurs yeux d'où la divine étincelle est partie, étaient, encore pleins d'espoir et d'espérance, dans la certitude d'une hypothétique guérison. Et Dr KOUADIO Maurice a ce don de pouvoir leur ramener la vue, disent-ils. A la seule condition que l'?il n'ait été déjà extrait par des sorciers ou, que le malade ne soit victime d'un sortilège. Lui aussi, nous a confié ne jamais nous livrer son secret, mais, se dit disposé à nous laisser prendre des témoignages auprès de ses malades. Mais il a affirmé ceci : " je déteins ce don de feu mon beau père, un Guinéen. La plupart des malades que je soigne viennent d'horizons divers et de toutes les couches socio- professionnelles. Je connais l'affluence pendant la période de traite agricole, mais aussi et surtout pendant les vacances scolaires, c'est-à-dire de Février à Août. J'arrive à soigner en une semaine la cataracte qui en fait est ma spécialité. En plus de cela, tout ce qui est comme vision floue à savoir : le glaucome catalysé, le glaucome non catalysé (plus complexe), qui se soigne en 3 ou 4 mois), le glaucome des nerfs optiques et le glaucome éclaté (que je ne peux soigner). Les produits que j'utilise sont des plantes naturelles. Mais certaines substances sont difficiles à obtenir donc j'adjoins des produits pharmaceutiques ". Tout en reconnaissant n'être ni charlatan ni féticheur, il affirme cependant faire des sacrifices pour implorer l'esprit de feu son beau-père avant tout acte chirurgical.
Une autre curiosité est celle de N'guessan Kouadio Benoît, alias Dr DJANGBA Kan qui, à peine la quarantaine, dit avoir commencé la pratique médicale à l'âge de sept (07) ans. Et de nous compter son expérience : " j'avais sept ans à peine quand en songe, un ange m'est apparu. Sous l'aspect d'un homme blanc, il a commencé à m'initier en m'apprenant les vertus thérapeutiques des plantes. Quoiqu'analphabète, j'ai mis moi-même au point un appareil qui me permet de poser des diagnostics, de détecter les maladies sur les patients et de fabriquer mes produits à base de sève, de racines, d'écorces, ou de feuilles des arbres selon leurs propriétés. Mon produit le plus prisé est : "l'eau de vie", car il combat toutes sortes de maladies y compris le SIDA. Depuis 1996, j'ai transformé tous mes médicaments sous forme de produits injectables ou de comprimés, que je stabilise, avec une date de péremption d'au moins trois ans ". L'homme qui parle ainsi est Dr DJANGBA Kan. Sur la foi de l'honneur, il dit exceller dans le traitement de la prostate et de l'hépatite B et toutes formes de cancer. Mais malheureusement, nous dira-t-il : " depuis le déclenchement de la guerre, je ne peux plus me procurer certaines plantes de la savane. Il m'est donc impossible de fabriquer certains produits qui soignent des maladies comme le cancer de l'utérus ". Des patients que nous avons rencontrés, affirment avoir été soulagés ou soignés par DJANGBA Kan. Nous n'avons pu avoir de témoignages de séropositifs, mais la liste qu'il a montrée est révélatrice. L'une de nos mystérieuses découvertes, fut certainement celle de M. KOUADIO Kouamé à l'état civil, alias Dr DOUBLE Pomélie, maître des génies. Nous lui avons rendu visite. Il a bien voulu nous conter sa mystérieuse aventure : " j'étais mécanicien diéséliste au camp militaire de Bouaké. En 1978. Pendant que j'étais en mission à Bassawa, près de la Sodesucre de Sérébou, des génies m'ont capturé et jeté en brousse, dans leur univers pendant un an six mois, soit dix huit (18) mois. J'étais déclaré mort par les miens. Quand je fus libéré par mes hôtes génies, je me suis retrouvé à Kpangbanbo, dans le canton Fari, près de l'aéroport de Bouaké. Dans la première année, je ne puis vous dire où j'étais et avec qui, tout simplement parce que j'étais inconscient. Mais, pendant les six derniers mois, j'ai été confié à un maître génie du nom de KOUADIO Akanza. Nous nous nourrissions de mille pattes, de chenilles, de vers de terre, et autres insectes crus. Mon patron de génie avait des écailles sur tout le corps en guise de peau assorti d'une petite tête humaine. C'est cet être hybride, (mi-animal, mi-homme, mi-génie) qui, de façon mystique, m'a enseigné et initié aux secrets et aux vertus des plantes. Grâce à cette mystérieuse expérience, je suis devenu tradipraticien. J'étais basé chez moi à Béoumi, jusqu'à ce que survienne la guerre. Je ne puis vous dire la maladie dans laquelle j'excelle, car pour moi, aucune maladie n'a de secret. Seulement, quand le malade n'a plus son âme, je ne peux pas le sauver. Je consulte pour conjurer les mauvais sorts. Mais aussi, je danse le komien (danse mystique), moment où j'entre en transe et communie avec les génies ". Effectivement, nous y avons rencontré toutes catégories de malades. Ceux qui y résident souffrent de l'ulcère de burili et autres plaies purulentes à vous couper l'appétit. Et Dr DOUBLE Pomélie les soigne. Ils en guérissent. La découverte la plus macabre, sinistre, voire lugubre est celle de la septuagénaire, dame Kouassi N'guessan au cabinet de YAO KAN Jean-claude alias Dr JC-KANO. Membre d'une confrérie de sorciers, cette dame, venue de Tiébissou, avoue avoir "bouffé" ses huit (08) enfants sur onze et trois (03) de ses petits fils. Et, sans vergogne de les citer. Interrogé, Dr JC-KANO dit avoir reçu cette dame qui est venue se présenter à lui comme une malade atteinte de cécité. Dans sa consultation, il a découvert qu'elle était une sorcière. Et de raconter sa stratégie : " je ne danse pas le komien, mais j'entre en contact avec mes génies en période de consultation. Ils me font des révélations. Pour cette dame, mes génies m'ont fait savoir qu'elle était sorcière et elle vient de l'avouer devant vous. Actuellement, elle vient d'offrir sa dernière fille du nom de Nanan, qui est gravement malade. Comme c'est elle qui s'occupe d'elle, elle ne souhaite pas qu'elle meure. Elle est donc venue pour deux objectifs. D'abord, délivrer sa fille des mains des sorciers, puis, faire en sorte qu'elle-même quitte la confrérie ". Dr JC-KANO a aussi des pouvoirs mystiques. Il consulte, entre en contact avec ses génies qui lui font des révélations sur ses patients. Il a aussi mis au point un produit (MANTOLOR) qui, selon ses patients, est très efficace contre l'ulcère d'estomac. En plus du fait qu'il peut désenvoûter, Dr JC-KANO est aussi capable des traiter ses patients par simple télépathie. Dans le milieu des tradipraticiens, le coût du traitement est fonction de la maladie, et aussi de la durée des soins ou du temps que les malades passent dans leurs locaux.
N'GUESSAN DENIS
sinednguessan@yahoo.fr
correspondant régional
pour le sub-Bandama

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