mercredi 11 avril 2007 par 24 Heures

La formation du nouveau gouvernement cache à peine le jeu de poker interne. Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, en jouant la carte du maintien de leurs ministres, semblent avoir pris une revanche sur l'accord de Ouagadougou.

Ça y est ! Les deux mastodontes de l'opposition ont pris les dessus.
La formation du gouvernement le samedi 7 avril dernier sonne comme une revanche de leur part.
Le président du Pdci, Henri Konan Bédié et le leader du RDR Alassane Ouattara ont arraché le statut quo au nouveau Premier ministre, Guillaume Soro.
Et ce dernier a dû ranger aux placards son projet de rajeunir l'équipe gouvernementale.
L'un, de son antre fétiche de Daoukro, et l'autre, de sa tournée parisienne, ont agité la menace d'un boycott du gouvernement, au cas où Guillaume Soro (pourtant leur allié) leur imposait un changement de leur personnel ministériel.
Associé à la dernière minute au dialogue direct de Ouagadougou entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, les deux leaders de l'opposition ivoirienne ont pris leur revanche, contre un accord dont ils ne sont pas signataires.
Si leur refus de tout compromis ne signe pas l'acte de mort de l'accord dit de Ouagadougou du 4 mars dernier, celui-là même qui a désigné M Soro à la primature, cette défiance précoce compromet sérieusement son application.
Le chef de l'Etat Laurent Gbagbo qui s'était déjà plié aux critères de son nouveau premier ministre dans le choix des ministrables, a fini par prendre acte de l'absence de volonté de ses opposants.
L'anecdote est édifiante : au moins trois ministres du camp présidentiel ont été informés seulement dans la matinée du samedi 7 avril qu'ils n'étaient plus retenus au sein du nouveau gouvernement.
Je ne veux pas compromettre votre carrière dans un tel gouvernement , aurait confié le chef de l'Etat Ivoirien à ses ministres recalés.
Traduction : Laurent Gbagbo qui s'attendait à un gouvernement de jeunes technocrates, a dû faire machine arrière, face au repli tactique de ses adversaires politiques.
Affaibli par son propre camp, l'ex leader estudiantin Guillaume Soro s'est retrouvé avec un accord de Ouagadougou vidé de son esprit : réaliser la réunification du territoire et mettre le cap sur les élections dans dix mois.
Face au statu quo, il ne pouvait, légitiment, revendiquer la Défense ou la sécurité face à un Laurent Gbagbo qui est sur son territoire .
Il ne pouvait non plus s'agripper au poste de l'administration du territoire, puisque les deux opposants, candidats aux élections prochaines MM Bédié et Ado, qui boudent à l'évidence l'accord de Ouagadougou.
Résultat : le gouvernement actuel de 33 ministres n'est ni celui qu'escomptait Gbagbo, ni celui qu'espérait Soro.
Par-dessus, il est loin de l'esprit de l'accord de Ouagadougou.
L'échec est imputable en apparence à Guillaume Soro.
L'on pouvant lui reprocher de n'avoir pas su ou pu se donner les coudées franches pour remuer le marigot politique.
Mais c'est surtout un échec de trop pour la coalition des Houphouétistes (Rhdp) dont, il aura pourtant défendu les intérêts contre ceux de Laurent Gbagbo lors du dialogue direct en mars dernier à Ouagadougou.
Fébrile à la moindre secousse, le Rassemblement des Houphouétistes, après le feuilleton de la désignation d'un premier ministre en octobre 2005, se rebelle à nouveau contre le leader de l'ex rébellion.
Le jeu prend la forme d'une partie interminable de poker au sein de la famille Houphouétiste où le perdant d'aujourd'hui n'est pas forcement celui de demain.

Benoît HILI

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023