jeudi 12 avril 2007 par Le Nouveau Réveil

C`est une affaire qui risque de tourner court. Le Chef de l`Etat et le Premier ministre ne se sont pas encore totalement accordés sur les modalités pratiques de la gestion concertée du pouvoir. Après la formation du gouvernement, Guillaume Soro a relancé hier Laurent Gbagbo sur la question sensible de ses pouvoirs qu`il devrait recevoir par le jeu de la délégation. Mais contre toute attente, le Chef de l`Etat aurait opposé une fin de non recevoir au chef du gouvernement qui a promis "riposter" d`ici ce vendredi si Gbagbo ne se ravise pas. Les Ivoiriens rêvent de paix et élèvent des prières ferventes pour que la paix des "braves armés" soit une réalité. Mais entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, il reste encore beaucoup de détails à régler, pour aller main dans la main à la recherche de la paix. En effet, suite à la formation du gouvernement, tout le monde a pu se rendre compte que Soro n`avait pas su défendre sa réputation d`habile man?uvrier. Qu`il avait cédé tous les ministères jugés stratégiques et mal négocié la question de sa propre sécurité devant un Gbagbo qui reprend pleinement la main sur les Forces de défense et de sécurité. Dans l`entourage même du Premier Ministre, on commence à admettre de plus en plus cette réalité, même si certains continuent de se creuser les méninges pour tenter de donner une explication à cette situation. Mais Guillaume Soro n`a jamais voulu être un primus inter pares c`est-à-dire, juste le premier sur la liste des ministres de Gbagbo. Il veut être un chef de gouvernement avec des pouvoirs propres de manière à pouvoir exercer une autorité effective sur ses ministres et constituer, pourquoi pas, un contrepoids politique devant Gbagbo. Déjà à Ouaga, lors d`une audience qu`il avait accordée aux émissaires du G-7 en sa résidence de Ouaga 2000, au terme de la phase II du dialogue direct, Guillaume Soro avait indiqué qu`il ne se considérait pas encore comme un Premier ministre nommé. Qu`il n`accepterait le décret de nomination de Gbagbo qu`à la condition où ce dernier consentirait à lui déléguer expressément des pouvoirs qu`il réclame par le truchement de l`article 53 de la Constitution. Il allait même exiger que cette délégation de pouvoirs se fasse par écrit et qu`elle soit annexée à l`accord politique de Ouagadougou. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, Guillaume Soro acceptera le 29 mars dernier d`être nommé Premier ministre sans ses pouvoirs. Du moins, cela n`a pas été évoqué publiquement. Et chacun y est allé de son commentaire. Pour certains, il y a eu un arrangement que les deux belligérants ont décidé de garder secret. Pour d`autres, il n`y a rien eu. Gbagbo ayant réussi à convaincre Soro de remettre cette question à plus tard. Car ce qui urgeait, c`était le décret de nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement. Au terme de discussions harassantes et de tractations houleuses, ce gouvernement voit enfin le jour le samedi 7 avril. Gbagbo se taille la part du lion. En plus d`avoir seul l`initiative et la signature des décrets, la présidence du conseil des ministres, le chef de l`Etat concentre en ses mains ce qu`il n`a jamais eu depuis Marcoussis : les portefeuilles de la Défense et de la Sécurité intérieure notamment. Comment devant un tel tableau, le Premier ministre peut-il prétendre rivaliser avec Gbagbo ? Comment peut-il agir et gouverner en toute sérénité dans un contexte de mutation politique marquée par la suppression imminente de la zone de confiance et le départ des forces impartiales ?
Il ne restait plus à Guillaume Soro qu`à insister auprès de Gbagbo pour que celui-ci lui délègue enfin "ses pouvoirs". Cette exigence était d`autant plus urgente que si Soro n`agissait pas vite, il risquait d`être dépassé par les évènements. Hier, selon des sources dignes de foi, le nouveau chef du gouvernement aurait demandé au chef de l`Etat de lui signer enfin son décret de délégation de pouvoirs. Cette demande n`aurait pas été agréée. Pris de colère, Soro aurait décidé d`accorder un délai de 48 heures au chef de l`Etat. Si jusqu`à vendredi, cela n`était pas fait, il se propose d`aviser. Nous étions en train d`écrire ces lignes quand, hier soir, est tombé un fax annonçant une adresse à la nation du Premier ministre ce même vendredi. Que va dire Guillaume Soro ? Question valise.

Akwaba Saint Clair

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